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Rétablir l'ordre à Anjouan : un enjeu essentiel

A sa naissance, notre pays fut frappé de plein fouet par deux virus : le putschisme à inspiration extérieure réalisé par des mercenaires et un séparatisme insulaire en expansion. Virus inoculés au pays par le coup d'Etat du 3 août.
Personne ne peut contester que le putsch du 03 août fut la réponse française à la déclaration unilatérale d'indépendance du 06 Juillet. Si les mercenaires n'ont pas participé au putsch, Ali Swalihi Mtsashiwa eut rapidement recours à leurs services pour déloger Ahmed Abdallah Abdérémane de Ndzuani et asseoir son pouvoir. Portes ouvertes aux stratégies putschistes qui dominèrent pendant près de quinze ans avec un nombre de tentatives epoustouflant.
Il est aussi clairement établi que les luttes pour l'indépendance en 1974-1975 furent marquées par l'émergence d'un séparatisme maorais arrogant, le MPM fut reveillé (par ceux qui l'avaient fortement reprimé dans les années 1960) pour entraver la marche vers l'indépendance. Obnubilé par les enjeux de pouvoir, l'opposition (Front National Uni) considera le séparatisme maorais comme un moindre mal. Le séparatisme obtint ainsi droit de cité et se tailla une grande place dans les manœuvres politiciennes. Même si Ali Swalihi fut berné par Marcel Henry et Bamana, ces derniers utilisèrent le putsch du 03 août pour larguer les amarres, le séparatisme avait acquis des positions sur la scène politique.
Le putschisme perdit de son aura après les évènements sanglants de novembre 1989 et est rejetté par tous depuis le dernier coup d'Etat rocambolesque de Bob Denard qui a vu le Chef de l'Etat comorien être déporté à Burubwa par les français. L'accès au pouvoir via des élections est devenu un vrai principe que plus personne ne peut remettre en cause. L'Histoire a ainsi permis au pays de vaincre le premier virus.
Le séparatisme par contre continue à prospérer. Non seulement Maore a pris le large, et s'éloigne chaque jour d'avantage, mais aussi le séparatisme dans les autres îles a gagné en puissance. Ce fut d'abord Mwali qui s'insurgea et qui se trouve à la base du principe de l'équilibre des îles, paradigme séparatiste qui fait tant de mal au pays. Puis Ndzuani dont le séparatisme a mené le pays au bord de l'explosion et entrave tout pas en avant du pays depuis plus d'une dizaine d'années. Ngazidja n'est pas en reste, des organisations séparatistes ont surgi, de plus en plus de personnalités de premier plan osent brandir le drapeau du séparatisme à Ngazidja, etc.
Tordre le coup au séparatisme est donc un enjeu majeur pour le pays. Il faut vaincre Mohamed Bacar par la force. Il faut organiser des procès équitables contre tous ceux qui ont posé des actes anti comoriens. Ainsi le séparatisme sera banni de notre pays. Aucun comorien n'osera plus agir contre l'integrité du pays. Tel est le vrai enjeu de l'opération qui est annoncée contre la rebellion des séparatistes de Mohamed Bacar.
Le pays doit tirer les enseignements de notre propre Histoire. L'opposition doit cerner l'enjeu national et éviter les dérives politiciennes. Chacun a son opinion sur le pouvoir en place et chacun a ses raisons. Mais il est clair que sans vaincre le séparatisme, le pays continuera à tituber. Il est clair qu'il n'est plus possible de négocier avec Mohamed Bacar qui serait alors en position de force et pourrait imposé son objectif déclaré : la confédération, une "union des états indépendants des Comores" comme l'avait suggéré Rocard. Il ne s'agit pas de soutenir un pouvoir. Sambi est là et il partira en 2010. Il s'agit d'unir tout le pays pour nous donner le maximum de chance de réussir une opération risquée qui doit absolument réussir. Il est temps d'en finir avec le deuxième virus originel.
Si l'ordre et la stabilité sont retrouvés à Ndzuani, le pays pourra, après le tour de Mwali, retrouver de l'apaisement et imaginer des formes d'organisation institutionnelle légère et adaptée qui éviteront d'offusquer les sentiments d'appartenance insulaire, qui assureront une décentralisation poussée et qui en même temps édifieront une nation comorienne unique dans un Etat unique composé par 4 îles, un Etat tourné vers son développement économique et social dans le respect des libertés fondamentales.
Idriss (29/01/08)

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