Accéder au contenu principal

Interview accordé à HZK, LA GAZETTE DES COMORES et MALANGO

Q : Cela fait plusieurs fois que la question de Mayotte à l’OJ de l’ONU pour être retirée au dernier moment. Pour quelles raisons selon vous ?

R : Ce n’est pas exactement ainsi que se présentent les choses. En réalité lors de l’AG de l’ONU de 1976, une résolution avait indiqué que la question serait débattue à chaque AG et que le SG devait faire rapport. C’est au milieu des années 90, je ne peux pas vous dire de mémoire quand exactement, les gouvernants comoriens de l’époque ont demandé que la question soit retirée de l’OJ pour ne pas gener des négociations en cour entre les Comores et la France. Depuis elle figure systématiquement à l’OJ provisoire et est retirée avec la meme argumentation. Puis il y eut l’épisode Soefo lorsque Ministre des Relations Extérieures d’Azali, il chercha à la faire disparaître de l’OJ provisoire. Heureusement que les représentants des Comores à l’ONU de l’époque ont fait échouer cette tentative inqualifiable. C’est avec Sambi que l’on nous dit que la question va être posée, que le Président se lance dans des discours dithyrambiques à l’ONU sans conséquence. Cette fois ci il y a changement puisque l’AG l’aurait reportée à une date ultérieure.

Q : quelle est votre réaction % à ce report ?

R : On peut se demander si le report à une date non précisée est une façon d’enterrer définitivement la question ? Je pense que ce serait trop grossier mais l’on ne sait jamais tant les grandes puissances font ce qu’elles veulent de l’ONU et des autres instances internationales. Je persiste pourtant à croire que la possibilité d’inscrire la question de l’île comorienne de Mayotte à l’OJ n’est pas nulle. Tout dépend de l’attitude de la délégation comorienne, va-t-elle s’animer, faire jouer toutes les solidarités ou va-t-elle s’aplatir devant les manœuvres insensées des diplomates français

Q : les maorais opposent au droit onusien à la fixation des frontières à celui issu de la décolonisation, celui des peuples à disposer d’eux-mêmes. Qu’en dites-vous ?

R : Vous vous trompez complètement. Le droit onusien est celui de la décolonisation qui stipule qu’à l’accession à l’indépendance, les pays gardent les frontières héritées de la période coloniale. Maintenant vous avez raison en soulevant cette grosse farce française du droit du peuple maorais à disposer de lui-même. Un vrai tour de passe passe puisque il ne faut pas être grand clerc pour s’apercevoir qu’il n’y a pas de peuple maorais mais un peuple comorien, une unité historique tangible comme le montre s’il en était besoin l’unité linguistique, culturelle, religieuse, etc. Pour duper le monde la propagande française brandit le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes tout en bafouant celui du peuple comorien.

Q : Est que le Comité Maore pense qu’il serait possible et même envisageable de ramener Maore dans le giron des Comores indépendantes contre la volonté de ses habitants. N’est ce pas s’aventurer vers un très probable conflit violent même en admettant que la France lache Mayotte .

R : Je vous laisse la responsabilité de vos propos qui me semblent être très spéculatifs. Le Comité Maore n’a jamais prétendu rayer d’un trait de plume les 30 ans et quelques de séparation entre les 4 îles sœurs, ni proposé que Maore nous rejoigne dans la misère rampante qui étouffe la partie indépendante du pays. Nous partons du fait Historique, une nation, la nation comorienne, qui naturellement, malgré les péripéties inévitables de l’Histoire est poussé vers son unification. Qui aurait pensé à l’unité des vietnamiens, des allemands, et bientôt des coréens ; ceux là se sont affrontés militairement. Les fossés étaient infiniment plus accentués. Nous sommes convaincus et nous travaillons pour, qu’une voie est possible pour combler les fossés, préserver et développer les acquis sociaux à Maore, les étendre aux autres îles et ouvrir une nouvelle page à notre pays. Si les choses vont mieux à Maore que dans les autres îles, l’on ne peut pas dire que pour les Comoriens de cette île, la situation est réellement enviable ni réellement satisfaisante. Il suffit de regarder les mzugulands pour s’en convaincre. Le Comité Maore travaille à l’élaboration d’une proposition de sortie de crise qui permettra au bout d’un certain temps de réconcilier les cœurs, des 4 îles car le séparatisme insulaire commet des ravages dans les autres îles aussi, et petit à petit de bâtir un Etat démocratique prospère chez nous. Nous sommes un tout petit pays, tout nous est possible. Il faudra pour cela nous unir contre les séparatismes de tout bord et de tout genre, contre la corruption et le vol des deniers publics, pour une administration opérationnelle, efficace au service de la nation. Nos problèmes de développement économique et social peuvent trouver des solutions appropriés dès lors que nous nous prenons en charge, comptons sur nos propres forces et bénéficions de l’aide de nos amis.

Q : Vous avez parlé d’une proposition en cours, de quoi s’agit-il

R : Un peu de patience, nous la communiquerons en temps utile. Je souligne que nos idées vont vers un cheminement par étape, nous devons prendre en comptes que les maorais rejettent fortement ce qui se passe dans les autres îles, que la France est une puissance mondiale qui est enracinée dans notre Région, tout cela doit être pris en compte. En tout état de cause, il suffirait que la France aille jusqu’au bout de sa reconnaissance de l’unité des 4 îles, elle dit elle-même que nous sommes 4 îles sœurs, 4 îles sœurs qui donc sont naturellement appelées à avoir un destin commun. Pourquoi veut-elle briser notre famille. Q’elle tire la conclusion de son affirmation et décide de ne pas torpiller notre famille, et les voies de l’entente entre les 4 îles ais aussi entre notre famille et elle, émergeront et la situation changera du tout au tout.

Q : Quelle est votre proposition face à la proposition de Sambi de louer Maore à la France ? Cela n’assainirait-il pas le climat

R : La proposition du Président Sambi témoigne des efforts des Comoriens pour sortir de la crise. Je pense que cette proposition est de même inspiration que la nôtre à savoir un pays 2 systèmes. Comme je l’ai dit, si la France respecte notre famille, lui reconnaît le droit à l’existence, aucune porte ne sera fermée, il sera possible de discuter de tout, absolument tout.

Q : le Comité Maore serait-il pour un divorce avec la France ?

R : Pour s’entendre, il faut être deux. Nous aimons la France avec laquelle nous entretenons des liens intimes, familiaux, etc. Les Comoriens malgré les vexations, la politique française incarnée chez nous par des mercenaires, ont toujours parlé d’amitié et de coopération avec la France. Comme les chrétiens qui tendent l’autre joue pour recevoir d’autres gifles. Mais cela ne peut pas durer. D’autant que la départementalisation de Maore change la donne. Il n’est plus possible de parler amitié et coopération. Ce serait une indignité comorienne que de louer la coopération française qui nous mutile, qui occasionne des milliers de morts par an, qui malmène les Comoriens dans leur île, etc. Si la France persiste dans son annexion de Mayotte, je suis personnellement pour une rupture ferme des relations diplomatiques, pour une dénonciation systématique de la politique française à Maore. Je rappelle qu’à l’époque d’Ali Swalihi, le pays avait rompu avec la France. Nous n’en sommes pas morts au contraire nous portions mieux sous nombre d’aspects. Bien sûr il faudra garder des liens par exemple au niveau consulaire pour les échanges humains entre les deux pays. Le Comité Maore a appelé à des assises nationales pour réévaluer les relations entre les Comores et la France à la suite de la départementalisation.

Propos recueillis par Faissoil le 24/09/09

Commentaires

Unknown a dit…
Bonjour Idriss ,
J'apprecie beaucoup vos positions et même si je reconnais que je ne partage pas tous vos positionnements je continue a louer votre nationalisme et la droiture de vos opinions .

Vous ecrivez je cite " les gouvernants comoriens de l’époque ont demandé que la question soit retirée de l’OJ pour ne pas gener des négociations en cour entre les Comores et la " Pour l'histoire et les generations futures dites nous qui a fait quoi ? Ca ne doit pas etre difficile de trouver qui est le responsable qui a fait ceci . Vous le savez tres bien un des drames de notre pays et de notre histoire c'est le revisionnisme et l'impunité qui a jalonné note hisoire nationale . Beaucoup de leaders et autres personalités ont bafoué, trahis le pays sans qu'aucun compte ne leur soit demandé .

Nous attendons votre proposition . Ca fait tout de même que vous en parliez. Deja il faut saluer votre opinions sur l'urgence de demander une revision de nos relations avec la France . Il est en effet incongru de continuer a user de ce jargon de " fraternité , amitié ..etc " avec une administration qui coninue a repondre par le mepris et la loi du "cause toujours " .

Començons par utiliser les maigres moyens que nous avons . Notre souvaireneté à choisir nos amis et notre cooperation.

Posts les plus consultés de ce blog

EL MAAROUF : un chancre sur le visage du pays !

Ces derniers jours la grève à EL MAAROUF fait réagir et a conduit le Gouvernement à sanctionner un de ses piliers! Le fonds de la question bien évidemment sera maquillé. Il n'en restera pas moins comme ce fut toujours le cas que le "principal" hôpital du pays donnera une image fidèle de la réalité lamentable de notre pays. Et chaque comorien en porte sa part de responsabilité. D'abord les dirigeants qui se sont succédés à la tête du pays. Tous sans exception, ceux qui sont passés et ceux qui terminent leur mandat. La situation d'EL MAAROUF illustre leur incurie, leur irresponsabilité et les condamnent sans réserve. Et pourtant l'argent a coulé à flots ! Durant ces vingt dernières années les soutiens des partenaires bi et multilatéraux sont innombrables. Des beaux bâtiments entrain de tomber en ruines ! Les experts se sont bousculés au chevet d'EL MAAROUF. Rien, rien de rien ! On a eu droit comme il est d'usage, à ces fameux "séminaires-défoulemen

Des manuels d'histoire des Comores au service de la France

Un historien comorien a adressé au Comité Maore le courrier suivant. Il dénonce des falsifications de l'Histoire des Comores destinées à conforter les thèses française sur Mayotte française. Je le publie en intégralité Je vous écris pour vous mettre au courant ou vous rappeler qu'un manuel scolaire d'histoire pour les classes de 6e et 5e vient d'être édité pour application à la rentrée prochaine. L'aspect pédagogique laisse moins de place à la critique. Mais certains choix des documents frisent à la collaboration. Il y a en effet entre autres les titres de "Mayotte et les Comores", et "L'archipel aux sultans batailleurs". Les jeunes comoriens vont apprendre que Mayotte ne fait pas partie des Comores. "L'archipel aux sultans batailleurs" est un raccourci servant de justification à la colonisation française qui y a remis de l'ordre. En même temps c'est une abnégation de l'existence d'un Etat comorien avant

AZALI A L’ONU : ENTRE RIDICULE, HONTE ET REVOLTE

Il s’agit bien évidemment du discours d’Azali devant la 78 ème AG de l’ONU. Ridicule quand le président de l’Union Africaine (UA) joue à la « grenouille qui veut se faire aussi grosse que la vache » sous les applaudissements soutenus de son clan. S’attribuer un succès illusoire comme l’inclusion de l’UA dans le G20 relève de l’usurpation. Car il s’agit d’une revendication de longue date des Chefs d’Etat pro français comme Ouattara, Macky Sall, Talon, etc. Le G20 qui regroupe des pays intègre un continent !? L’immense Afrique avec ses 54 nations, ravalée au niveau d’un pays. Réduire la lame de fond qui secoue l’Afrique dite francophone à des simples « changements anticonstitutionnels » relève de la prestidigitation lorsque cette caractérisation provient d’Azali, un putschiste multi récidiviste qui s’apprête à commettre un holdup électoral. Réclamer « un multilatéralisme plus juste, … l’accompagnement des partenaires de la Communauté Internationale, … miser sur la réalisation de