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Ca chauffe à Mayotte

Mayotte paralysée hier 02 décembre par des mouvements sociaux contre la vie chère déclenchés à la suite d’une hausse excessive du prix de la barge. Dans le contexte d’une situation « coloniale » qui ne dit pas son nom mais qui est ressentie comme telle par la population, les manifestations ont vite dégénérées. On déplore plusieurs blessés dont un grave. Et comme cela est devenu la coutume à Mayotte, on indexe les « clandestins ». Mayotte qui fait penser à l’apartheid avec ses « mzungulands », Mayotte où les français veulent vivre à la française entre eux, Mayotte où l’assistanat tend à devenir la seule perspective pour la population, Mayotte séparée de ses sœurs et de son contexte régional, Mayotte ne peut que produire des explosions jusqu’à ce que ça change.
Il faut donc progresser sur la solution pertinente formulée par le Président Sambi, « un état deux administrations ». Mais pour cela il faut que les Comoriens, en premier lieu les dirigeants, prennent la mesure du mépris des dirigeants français à leurs égards.
Comment face aux dernières victimes du visa Balladur, ce mur marin érigé autour de Mayotte par la France, le quai d’Orsay ose-t-il exprimer de la compassion, présenter des condoléances ?
Comment le Ministère français des affaires étrangères peut-il utiliser ces morts comme argument pour faire admettre aux dirigeants comoriens que des Comoriens sont clandestins à Mayotte, que le « réalisme » serait d’accepter le visa, à quelques aménagements près ?
Comment peut-on inviter les Comoriens à éviter les questions qui fâchent, à privilégier la coopération, les échanges, etc. Comme si pour les Comoriens, l’intégrité territoriale est secondaire. Une façon grossière d’avaliser le fait accompli.
La liste serait longue pour illustrer les innombrables provocations françaises dont il convient de tirer toutes les conséquences. Car les français n’ont pas complètement tort. Quel est en effet le pays au monde qui traiterait en ami un pays plus puissant qui le balkanise ? Quel est le pays qui lierait, pieds et poings liés, son destin à un autre pays qui a annexé une partie de son territoire ?
D’un autre coté les français devraient ouvrir les yeux et comprendre que les choses sont entrain de changer. Et on le voit bien sur la scène internationale. L’Etat comorien a réussi une prouesse : faire émerger de nouveau la question de l’île comorienne de Mayotte. Après plus de quinze ans, elle est inscrite à l’ordre du jour définitif de la 64ème session de l’ONU. Et on le voit aussi à l’intérieur de nos quatre îles : les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus le complexe d’infériorité de l’époque coloniale. Bien sûr il y a et il y aura toujours ceux que les français taxaient de collabos durant la seconde guerre mondiale mais ce n’est pas de ceux là dont il est question.
Il n’y a qu’une issue : celle présentée par le Président Sambi. Elle est équilibrée puisqu’elle implique la suppression immédiate du visa Balladur mais elle comprend une politique de contrôle de l’exode rurale. Elle est pragmatique puisqu’elle préconise une gestion commune de l’île de Mayotte qui permet d’apaiser les inquiétudes des maorais qui pourraient en avoir ; qui permet de tourner progressivement la page en préservant les intérêts bien compris de toutes les parties.
Si les français ont été réellement touchés par les milliers de morts, plus d’un Comorien sur mille, sur le bras de mer Anjouan / Mayotte, alors il ne faut pas faire croire qu’il est possible de corriger les effets en laissant voire en aggravant, les causes. Il faut supprimer le visa Balladur et ouvrir des vraies négociations avec les Comores dans un cadre international. Il faut des facilitateurs internationaux pour un dialogue équilibré qui ne laisse pas le gros écrasé le plus faible.
Idriss (03/12/2009)

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