Ainsi s'est exprimé le regretté Abas Djusuf dans sa dernière interview (Albalad 277). Une sorte de cri d'alarme envers le pays et sa jeunesse.
Comme pour donner plus de force à son appel à un sursaut national, son décès coïncide avec l'exécution violente du lieutenant colonel Combo, un fait sans précédent qui a heurté toutes les consciences comoriennes, qui a jeté l'effroi dans le pays faisant craindre à un début de guerre civile. Eh oui le pays est à la dérive, chaque jour qui passe voit la misère des simples gens s'accroître, voit des nuages s'amonceler sur le ciel des Comores augurant des tempêtes imprévisibles mais certainement désastreuses.
Quel peut être l'avenir du pays lorsque les dirigeants de premier plan se révèlent incapables de s'accorder dans la gestion des crises nationales; lorsque ces dirigeants sont prêts à tout pour rester au pouvoir ou le conquérir; lorsque les intérêts partisans ou du clan priment sur ceux du pays ?
Quel peut être l'avenir du pays quand il doit compter principalement sur la Communauté Internationale sur toutes les questions ?
Quel peut être l'avenir du pays lorsque pour protester, les masses brandissent des drapeaux d'un pays étranger, qui pire est, celui du pays qui occupe une partie du territoire national ?
Quel peut être l'avenir du pays lorsque les partis politiques tendent à devenir des partis d'un groupe local ou régional, ne proposent aucun programme politique, regardent vers l'extérieur du pays et méprisent les masses.
Quel peut être l'avenir du pays lorsque ceux qui incarnaient les idéaux du patriotisme se révèlent les pires prédateurs de la chose publique pour les uns, s'obstinent dans des voies de garage pour les autres s'abandonnant même à la "magie" du verbe creux comme moyen d'exister ?
Mais on aurait tort de s'abandonner dans le pessimisme. Selon moi, Abas Djusuf ne prônait pas la capitulation, non, il aiguillonnait vers l'essentiel, l'avenir du pays. Il contribuait à l'émergence de volonté politique porter vers l'avenir du pays.
Car notre pays n'est pas maudit. Loin de là.
Lorsque notre pays a été colonisé dans la deuxième moitié du 19ème siècle, certains se sont insurgés. Ils illuminent notre Histoire. Leur échec ouvrit une période sombre qui dura plusieurs dizaines d'années. Une période d'obscurantisme crasse durant laquelle personne ne croyait que le colonialisme pouvait être vaincu.
Mais l'Histoire ne finit jamais. Au début des années 1960, l'élite politique comorienne qui se trouvait alors à Zanzibar reprit le flambeau du patriotisme. Des pages mémorables dans l'Histoire du pays. Ce qui ouvrit le chemin de l'indépendance.
Malheureusement le colonialisme fit un pas en arrière et deux pas en avant. A force de coups d'Etat les acquis de l'indépendance furent annihilés et le pays passa sous la coupe des mercenaires, Bob Denard en tête.
Mais là encore, le pays trouva les ressources pour faire face à la violence des mercenaires et à la crainte qu'ils suscitaient. L'éclair vint encore de la diaspora, des étudiants comoriens en France. La résistance fut courageuse et restera gravée dans la mémoire du peuple. Malheureusement là encore les fruits du combat furent usurpés. La fin des mercenaires et l'avènement de la démocratie conduisirent à la "démocrachat" et au "tahombisme" consacrant l'échec de ceux qui étaient à la base du combat contre les mercenaires.
Près de vingt ans sont passés. Il a fallu se résoudre à accepter l'échec qui est devenu aujourd'hui patent. Il faut reconstruire. Ceux qui croient dans le pays et le peuple n'abandonneront jamais.
Mais cette fois-ci, l'éclair jaillira du pays même. Les orientations seront enracinées dans la réalité vivante de notre pays et de notre peuple, les patriotes seront réellement au sein du peuple comme des poissons dans l'eau. Il faut se trouver ou se retrouver, s'organiser et repartir pour de bon pour bâtir un avenir à notre pays.
Idriss 19 juin 2010
Comme pour donner plus de force à son appel à un sursaut national, son décès coïncide avec l'exécution violente du lieutenant colonel Combo, un fait sans précédent qui a heurté toutes les consciences comoriennes, qui a jeté l'effroi dans le pays faisant craindre à un début de guerre civile. Eh oui le pays est à la dérive, chaque jour qui passe voit la misère des simples gens s'accroître, voit des nuages s'amonceler sur le ciel des Comores augurant des tempêtes imprévisibles mais certainement désastreuses.
Quel peut être l'avenir du pays lorsque les dirigeants de premier plan se révèlent incapables de s'accorder dans la gestion des crises nationales; lorsque ces dirigeants sont prêts à tout pour rester au pouvoir ou le conquérir; lorsque les intérêts partisans ou du clan priment sur ceux du pays ?
Quel peut être l'avenir du pays quand il doit compter principalement sur la Communauté Internationale sur toutes les questions ?
Quel peut être l'avenir du pays lorsque pour protester, les masses brandissent des drapeaux d'un pays étranger, qui pire est, celui du pays qui occupe une partie du territoire national ?
Quel peut être l'avenir du pays lorsque les partis politiques tendent à devenir des partis d'un groupe local ou régional, ne proposent aucun programme politique, regardent vers l'extérieur du pays et méprisent les masses.
Quel peut être l'avenir du pays lorsque ceux qui incarnaient les idéaux du patriotisme se révèlent les pires prédateurs de la chose publique pour les uns, s'obstinent dans des voies de garage pour les autres s'abandonnant même à la "magie" du verbe creux comme moyen d'exister ?
Mais on aurait tort de s'abandonner dans le pessimisme. Selon moi, Abas Djusuf ne prônait pas la capitulation, non, il aiguillonnait vers l'essentiel, l'avenir du pays. Il contribuait à l'émergence de volonté politique porter vers l'avenir du pays.
Car notre pays n'est pas maudit. Loin de là.
Lorsque notre pays a été colonisé dans la deuxième moitié du 19ème siècle, certains se sont insurgés. Ils illuminent notre Histoire. Leur échec ouvrit une période sombre qui dura plusieurs dizaines d'années. Une période d'obscurantisme crasse durant laquelle personne ne croyait que le colonialisme pouvait être vaincu.
Mais l'Histoire ne finit jamais. Au début des années 1960, l'élite politique comorienne qui se trouvait alors à Zanzibar reprit le flambeau du patriotisme. Des pages mémorables dans l'Histoire du pays. Ce qui ouvrit le chemin de l'indépendance.
Malheureusement le colonialisme fit un pas en arrière et deux pas en avant. A force de coups d'Etat les acquis de l'indépendance furent annihilés et le pays passa sous la coupe des mercenaires, Bob Denard en tête.
Mais là encore, le pays trouva les ressources pour faire face à la violence des mercenaires et à la crainte qu'ils suscitaient. L'éclair vint encore de la diaspora, des étudiants comoriens en France. La résistance fut courageuse et restera gravée dans la mémoire du peuple. Malheureusement là encore les fruits du combat furent usurpés. La fin des mercenaires et l'avènement de la démocratie conduisirent à la "démocrachat" et au "tahombisme" consacrant l'échec de ceux qui étaient à la base du combat contre les mercenaires.
Près de vingt ans sont passés. Il a fallu se résoudre à accepter l'échec qui est devenu aujourd'hui patent. Il faut reconstruire. Ceux qui croient dans le pays et le peuple n'abandonneront jamais.
Mais cette fois-ci, l'éclair jaillira du pays même. Les orientations seront enracinées dans la réalité vivante de notre pays et de notre peuple, les patriotes seront réellement au sein du peuple comme des poissons dans l'eau. Il faut se trouver ou se retrouver, s'organiser et repartir pour de bon pour bâtir un avenir à notre pays.
Idriss 19 juin 2010
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