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PRESIDENTIELLES 2010 | adresse publique aux candidats

Monsieur le candidat,
Vous avez choisi de briguer la magistrature suprême du pays et vous avez passé avec succès la phase des primaires. Nous vous en félicitons. Il est donc dans la logique des choses que nous vous demandions de vous expliquer, le plus clairement possible, sur la question de l’île comorienne de Mayotte.
L’indépendance de notre pays est inachevée puisqu’une partie de notre territoire nationale demeure encore sous administration étrangère. Pour les analystes les plus avertis, cette question plombe le développement économique et social. C’est donc une question cardinale pour notre pays.
Durant la campagne électorale, un débat s’est instauré sur la question de l’île comorienne de Mayotte. Plusieurs opinions se sont exprimées.
Il y a ceux qui considèrent qu’il faut développer les trois îles indépendantes jusqu’à arriver à un point où les maorais nous envieront, regretteront et reviendront d’eux-mêmes. Un point de vue absurde puisque le maintien de Mayotte sous domination constitue un obstacle sérieux au développement de la partie indépendante, ne serait-ce que par l’instabilité qui est créée et maintenue par la France. Il faut prendre en compte que de 1975 à 1995, le pays vivait au rythme des coups d’états du mercenaire français Bob Denard. Après les putschs nous sommes passés à l’explosion du séparatisme à Anjouan. Et puis, chacun se rappelle bien que jusqu’aux années 1995, Mayotte était bien loin par rapport aux autres îles : ses étudiants et ses malades venaient à Moroni et cela n’a nullement conduit à un renversement des tendances séparatistes.
Il y a ceux qui considèrent qu’il faut partir d’échanges avec les maorais pour faire évoluer leurs positions et ouvrir la voie au retour. Le Président Azali Assoumani y a cru. Malheureusement les échanges économiques, culturels et sportifs qui se sont tissés n’ont rien donné. Au contraire, la situation a empiré, Mayotte est non seulement enfermé par un mur marin érigé par la France mais il est devenu un département français. Il s’agit donc d’une fausse piste. Sans la suppression du visa Balladur, aucun pont ne peut être jeté entre Mayotte et les autres îles.
Et enfin, il y a ceux comme nous, qui considèrent que le pays ne dispose que d’une seule issue : exercer une forte pression internationale pour contraindre la France à reconnaître la vocation de Mayotte à réintégrer l’Etat comorien. Alors et alors seulement pourra se nouer le dialogue fructueux entre toutes les parties pour rechercher les voies les meilleures de la réconciliation nationale indispensable et salutaire.
Monsieur le candidat,
Elu, vous serez le garant de l’indépendance et de l’intangibilité des frontières du pays. Vous devez, personnellement de par vos fonctions, tout faire pour le retour de Mayotte dans le giron familial. Vous devez donc éclairer le choix des Comoriens en présentant vos positions et l’orientation que vous envisagez suivre. C’est dans cette perspective que notre Comité vous demande de vous prononcer sur les questions suivantes :
1. Comment envisagez-vous les relations entre l’Union des Comores et la République Française ? Allez-vous continuer à considérer ce pays comme l’ami numéro un des Comores alors qu’il maintient une partie du territoire nationale sous sa domination, qu’il pourchasse les Comoriens non maorais à Mayotte et les déplace manu militari dans des conditions abominables, qu’il est la cause de la disparition en mer de milliers de Comoriens chaque année ?
2. Comment comptez-vous réagir face à la décision du Parlement français de consacrer la départementalisation de Mayotte ? Allez-vous saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU et interpeller parallèlement l’Union Européenne ?
3. Allez-vous poursuivre la voie des échanges bilatéraux entre les Comores et la France sur le sillage du GTHN (Groupe de Travail de Haut Niveau) comme le souhaite la France ou bien allez vous opter pour le multilatéralisme (ONU, OUA, Non alignés, etc.)
4. Allez-vous travailler pour la réinscription de la question de l’Ile comorienne de Mayotte à l’ordre du jour des Assemblées Générales de l’ONU avec débat et adoption de résolution ?
5. Envisagez-vous poursuivre Monsieur Balladur et l’Etat français devant la Cour Pénale Internationale pour crime contre l’humanité : morts causés par le visa Balladur et déplacements forcés de population au sein d’un même pays ?
6. Quelle attitude adopterez vous face au visa Balladur et aux expulsions de Comoriens de leur île Mayotte ?
7. Allez-vous vous insurger contre certaines pratiques quotidiennes qui semblent avaliser le fait accompli français à Mayotte tel par exemple :
a. Le visa demandé au Comorien se rendant à Mayotte
b. Le statut des vols en direction de Mayotte : vol domestique ou international !
c. L’existence dans certains bureaux officiels de cartes géographiques sans Mayotte
d. Des rapports officiels ignorants Mayotte
e. Des génériques d’émission de télévision qui donnent l’impression que Mayotte ne fait pas partie des Comores.
8. L’histoire du pays n’est pas suffisamment enseignée dans les écoles du pays, la question de l’île comorienne de Mayotte risque d’être ignorée ou mal connue par les générations futures. Quelles mesures prendrez-vous pour contrer la falsification de l’histoire des Comores par l’Etat français ?
Monsieur le candidat,
La réponse publique à ces questions témoignera de la réalité de vos intentions : servir honnêtement le pays ou se servir du pays comme nombre de vos prédécesseurs l’ont fait avant vous. Nous invitons en tout cas les électeurs à interpeller les candidats, à exiger des réponses claires à ces questions essentielles.
Confiant en l’avenir de notre pays et assurés qu’un jour ou l’autre Mayotte reviendra au pays, nous vous assurons, Monsieur le candidat, de notre détermination à poursuivre notre juste cause jusqu’au bout.

Le Comité Maore
Moroni le 25 novembre 2010

Commentaires

Unknown a dit…
Ce 04 /12 / 2010

SOUTIEN DU GRITAC AU COMITE MAORE

Au nom de mon association GRITAC (Groupe de Réflexion pour l’Intégrité Territoriale de l’Archipel des Comores), je m’inscris tout à fait dans cette démarche de bon sens du Comité Maoré, qui interpelle à juste titre, les candidats des présidentielles du 26 décembre, sur le pouvoir de nuisance (manœuvres de déstabilisations, attisement des haines entre Comoriens de l’archipel, chantages, drames maritimes, Impunités à Mayotte pour les auteurs des expéditions punitives, voire même de crimes contre l’humanité perpétrés par les forces d’occupation etc.), de l’occupation illégale de l’île comorienne de Mayotte par la France.

J’ajouterais pour ma part, encore plus fermement, à l’adresse de ces candidats :
Etes-vous une fois pour toutes, résolus à cheviller au corps le triptyque, « souveraineté, unité et intégrité des Comores » et en faire comme il se doit, un casus belli non cessible, ni négociable (d’autres pays n’ont guère hésité à aller jusqu’à la rupture des relations diplomatiques pour beaucoup moins que ça), avec comme corollaires :
1. La suppression du visa Balladur mortifère et criminogène, responsable de plus de 7000 morts comoriens, qui tapissent les abysses du Canal de Mozambique.
2. La levée immédiate, du blanc seing, accordé par les autorités comoriennes, aux forces d’occupations, en violation de « l’Article 7 du Statut de Rome de la CPI (Cour Pénal International »), qui qualifie de « crime contre l’Humanité », pour tout acte de « déportation ou transfert forcé de population ». Des forces d’occupation, qui n’hésitent aucunement à déverser sur Anjouan, par voie maritime et aérienne, des Comoriens des autres îles, frappés du sceau infamant « d’immigrés clandestins », et ce malheureusement, sans réaction concrète aucune des autorités comoriennes.
3. Le rétablissement, au lendemain de l’intronisation du président élu, et ce, conformément aux clauses de la Constitution, formellement réaffirmé par une communication de la Cour constitutionnelle, de la fonction de vice-président, originaire de Mayotte.

Said Hassane Jaffar

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