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Un texte de Jean Claude Shanda Tonme

La pertinence du texte et le fait que d'autres blogs l'ont publié m'ont convaincu de le publier encore même si je n'ai pas eu l'aval de son auteur. Qu'il veuille bien m'excuser, en tout cas ici l'utilisation n'est pas commercial mais va dans le sens de ce que poursuit l'auteur : éveiller les consciences sur un des déni de justice le plus criant et le plus enseveli par les grands médias internationaux : la balkanisation des îles Comores par la France.
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En cette fin de mois de mai 2009. les regards du monde entier sont tournés vers le sommet du G20 prévu à Londres au début d'avril, pour débattre et convenir des mesures concrètes en vue de juguler les effets de la crise, et relancer l'économie internationale. Parmi les situations de tension qui semblent susciter une espèce de veille donc d'attention, on parle un peu du projet nord coréen de placer un satellite en orbite, de la formation du nouveau gouvernement israélien et des conséquences pour les négociations avec les Palestiniens, des déplacements du président soudanais Omar El Béchir en dépit du mandat d'arrêt lancé contre lui par la CPI.
En cette fin de mois de mars 2009 donc, personne ne semble prendre la mesure du drame colonial qui s'apprête a être noue dans la petite ile de Mayotte, partie inséparable de l'Etat insulaire des Comores reconnue comme telle par l'organisation des nations unies et par l'ensemble des organisations internationales. Mayotte en effet, a été détachée arbitrairement de l'Etat mère, pour des raisons militaires et stratégiques évidentes. Au départ, on doutait, on croyait que ce serait pour quelques années et que après les protestations, rappels à l'ordre, condamnations internationales, l'ancienne et toujours puissance coloniale, jetterait l'éponge et permettrait à l'Etat des Comores de recouvrer la plénitude de sa souveraineté territoriale. Nous nous sommes trompés. Nous avons fait une mauvaise lecture de la planification géopolitique et géostratégique de la France.
Une confusion malicieuse des principes
Il faut faire un rappel des données de base, à la fois factuelles et juridiques dans celte affaire. D'abord, au regard de la situation géographique des Comores, c'est avec le plus grand regret que la France a accepté de vider les lieux, au moins formellement pour donner l'impression de se soumettre aux résolutions de L'ONU et aux exigences du mouvement nationaliste local déjà largement infiltré et compromis. Nous sommes en plein cœur de l'océan indien, zone de mélange d'influence très sensible et de surveillance des couloirs maritimes. La position offre une opportunité exceptionnelle de surveillance et d'espionnage de tous les courants politiques, culturels, militaires et commerciaux de la région Comment croire que la France, qui n'est plus ni vraiment à Madagascar, ni aux Seychelles, abandonne une si éloquente position stratégique? Les Comores accéderont à l'indépendance certes, mais ce sera sans l'île de Mayotte, une partie de la République islamique, en fait une des républiques les plus confuses, les plus agitées et instables qui soient. D'ailleurs, quelques observateurs avertis ne manqueront pas de voir la main de la France dans les drames successifs qui mêlent mercenaires, présidents voyous, et militaires idiots.

Entre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et l'autodétermination des peuples, la France a vite fait de trouver une brèche. Elle va manœuvrer sans aucun souci, ni de la légalité internationale, ni de la simple question de conscience que constituent la confiscation d'un territoire et le refus de décoloniser, plusieurs décennies après la résolution 1514 relative à l'octroi de l'indépendance aux peuples et territoires non autonomes adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1960. Rien n'y fera, et les troubles à répétition dans la Grande-Comore, conforteront les Nègres et autres Métis et Mulâtres de Mayotte, dans une option séparatiste en réalité voulue, forcée, et imposée par la France. Une fois de plus, on a pu voir ce que valent les grands principes, et ce qu'en font les puissances avides de positions dominantes. On n'est pas loin d'une foutaise, d'une inutilité, bien conforme au qualificatif de machin de De Gaulle, encore lui.
B- Le coup de poignard final de la traîtrise

Pour être un drame, le référendum organisé en cette fin de mois de mars 2009 soi-disant pour consulter les habitants de l'île de Mayotte sur l'éventuelle érection du territoire en département français d'outre-tuer, emporte toute la symbolique et toute la charge affective. il est très dommage que les Africains n'aient pas pris la mesure du danger que représente l'action de la France à Mayotte, car en termes d'implications pour l'avenir, la menace est encore plus sérieuse et plus inquiétante que tous les ravages de la crise financière et économique mondiale.

Ce que renvoie comme message aux Africains et même au monde cette confiscation de Mayotte, c'est la perspective d'une recolonisation pure et simple sous la férule de consultations barbares et arbitraires. Ce qui entre en ligne de compte dans la planification de cette stratégie, est plus l'aggravation des souffrances des populations, la misère des couches moyennes dorénavant en voie de disparition partout sur le continent, et la complaisance d'une clique de potentats plus proches de ce que les révolutionnaires des années 1960 désignaient comme des putains de l'impérialisme, que des Chefs d'Etat dans l'entendement responsable. Il n'y a aucun doute aujourd'hui que des dizaines de milliers d'Africains, jeunes, vieux, chômeurs, cadres, et autres qui se bousculent aux portes de l'Europe, expriment un vote retentissant qu'ils seraient prêts à exprimer dans une urne propre et transparente. Faut-il conclure qu'après avoir encouragé et soutenu l'appauvrissement du continent par une exploitation sauvage et avec la complicité des dictateurs de tous poils, certaines puissances seraient engagées dans une forme de recolonisation silencieuse de fait?

Dans tous les cas, on comprend mieux maintenant ce que les régimes autocratiques qui se sont lancés dans des révisions constitutionnelles pour se perpétuer, jouent comme rôle d'appoint pour le déploiement d'une stratégie de soumission du continent au diktat des grands maîtres d'hier. Si l'Union africaine a protesté en rappelant sa position sur l'intégrité des Comores, elle n'est pas allée au-delà d'une gesticulation de pure forme. Il convient de noter avec douleur que les piètres Chefs d'Etat qui nous gèrent si insidieusement, s'accommoderaient sans gêne d'un retour au statut de colonie. Dans la réalité, nous n'en sommes d'ailleurs pas loin, à voir le balai des renonciations aux symboles de souveraineté nationale, et à la braderie des pans entiers de notre économie au profit des multinationales de la mafia.

C- L'autre preuve de l'hypocrisie des censeurs du monde

Ce qu'il faut tirer comme enseignement de cette autre dérive de la puissance coloniale, c'est l'immoralité définitive et consacrée de la pratique des Etats détenteurs de tous les pouvoirs de la planète. Il est de bon ton en effet, de se pencher à nouveau au cas du président soudanais Omar El Béchir, pour reposer le problème de la paternité de la probité morale, et du privilège de policier des peuples et des Etats que s'arrogent quelques nations. Le retour à la diplomatie de la canonnière et à la politique étrangère de l'arrogance, ne se manifeste pas seulement par le nombre de guerres chaudes et le nombre de navires mobilisés pour bloquer les ports. Ceux qui ont attendu et chanté Obama avec une frénésie de prisonniers en quête de libérateurs, doivent apprendre a lire entre les lignes écrites avec des paroles douces, mais traduites sur le terrain avec des actes à l'instar de ce qui nous vaut aujourd'hui la confiscation de l'île de Mayotte. Il faut se souvenir de l'île de Diégo Gracia en plein océan Pacifique, pour comprendre à quel point les intérêts géostratégiques des puissances insolentes sont au-dessus des aspirations de l'humanité à la construction d'un monde pacifique, respectueux de toutes les valeurs et de toutes les civilisations, et garant d'une coexistence mutuellement bénéfique.

Aujourd'hui c'est Mayotte, mais demain ce pourrait bien être une région du Mali, du Tchad ou de l'Ouganda. Les peuples qui ont faim, voient avec un bonheur souriant, la perche des nations riches, si par un hasard du sort, il leur est demandé de choisir de devenir Français, Américains, Australiens ou Hollandais. C'est sans doute le vrai message au monde, et c'est le message qui sort des entrailles des pauvres livrés â la vendetta des riches.

Jean Claude Shanda Tonme

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