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Mayotte : Quelle voie pour les nouvelles autorités

Merci à ALBALAD d’ouvrir le débat sur la stratégie à suivre par les nouvelles autorités sur la question de l’île comorienne de Mayotte (votre article sur Mayotte paru dans le numéro 510). Puisse les autres médias, en premier lieu l’ORTC et les radios, suivre cet exemple.
Il faut dépassionner le débat. Ceux qui défendent avec esprit de suite le retour de Mayotte sont facilement taxés de pur et dur, d’extrémistes. Il serait facile de rendre la monnaie et les traiter de vendus, d’agents de la France. Il faut donc examiner le fond des choses et éviter les caractérisations lapidaires.
L’aide de la France. On en parle beaucoup. Certains font croire que notre pays ne pourrait pas exister sans. Le chantage à l’aide revient souvent dans les échanges entre nos deux pays. Tout récemment, son excellence, l’ambassadeur de France aux Comores, dans un courrier électronique à un Vice Président de l’Assemblée Fédérale, a menacé de « relayer auprès des autorités françaises l’appel lancé lors de cette manifestation à renoncer à toute aide de notre pays ». Malheureusement les chiffres sont difficiles à obtenir il est donc difficile d’évaluer concrètement l’aide française à notre pays, de mesurer son impact, de la rapprocher à l’aide des autres pays. Enfin, lorsqu’on parle de l’aide de la France à notre pays, il faut mettre en balance ce que cela nous coûte : maintient d’une partie de notre territoire sous son administration et près d’une dizaine de milliers de morts et de disparus en mer. Qui peut croire que la France se maintient coûte que coûte à Mayotte pour les beaux yeux des maorais ? Ne pas bien appréhender ses intérêts ne signifie pas qu’ils n’existent pas. L’altruisme, en politique, ne peut être qu’un leurre.
La coexistence pacifique. C’est ce que demande la France, que la revendication sur Mayotte passe au second plan et qu’on développe les relations de bon voisinage tel que décrit par le socio-économiste Said Abdallah Cheikh dans son article. La France cherche à présenter ceux qui s’opposent à cette voie comme des extrémistes coupés de la réalité. On cache l’extrémisme de fait de la France qui refuse de parler avec les Comores sur autre chose que l’acceptation du fait accompli. Même la proposition « un état deux administrations » qui ouvre toutes les portes a reçu un accueil méprisant des dirigeants français. Même une décision comme l’exigence d’une pièce d’identité aux expulsés (notons bien, l’Etat comorien n’a pas refusé les expulsions, non, il a simplement exigé une pièce d’identité pour s’assurer que des non Comoriens ne soient pas dirigés vers les Comores) a suscité le courroux de la France et un déchainement de violence. Notre pays a subi ce qu’aucun pays n’a jamais subi : une punition collective. Les médias nous apprennent que l’interdiction de visa est appliquée aux seuls dirigeants suspectés de crimes contre l’Humanité, eh bien elle a été appliquée à tous les Comoriens par la France.
Quelle orientation. Le principal tort du Président Sambi c’est de n’avoir pas accordé la parole à l’acte. Nombre de pays se moque de nous : comment peut-on avoir un problème de décolonisation avec la France et considérer ce même pays comme notre principal partenaire. Entre couper tous les ponts avec la France et la considérer comme le premier pays ami, il y a un fossé à ne pas franchir.
Il est en outre difficilement compréhensible que notre pays se plie à tous les désidératas de la France dès qu’elle montre ses muscles. C’est humiliant par exemple d’avoir cédé sur la pièce d’identité. La France n’aurait pas pu tenir cette position longtemps. Entre mener une guerre ouverte et céder sur tout, il y a un fossé à ne pas franchir.
Des propositions. Premièrement il faut donner du contenu à notre revendication de l’île comorienne de Mayotte. Cela passe principalement par le refus de la participation de Mayotte aux jeux des îles de l’Océan Indien et par une bataille du tac au tac à l’ONU pour que la question de l’île comorienne soit débattue et donne lieu à une condamnation de la départementalisation.
Deuxièmement, il faut attaquer de front le « visa Balladur ». Exiger des explications chaque fois que cela est nécessaire comme le cas de cette femme morte dans les locaux de la police français ou de ce jeune homme décédé à la suite d’une course poursuite. Il faut attaquer le « visa Balladur » devant des juridictions internationales comme la Cour Pénale Internationale.
Troisièmement, il faut mener un travail systématique dans le pays pour souligner l’appartenance de Mayotte à L’Union des Comores : appliquer la résolution de l’Assemblée fédérale sur un Secrétariat d’Etat chargé de la question de Mayotte dans le prochain gouvernement ; traiter les déplacements vers Mayotte comme des déplacements domestiques, sans visa ; ne pas accepter dans aucun lieu public ni privé une carte des Comores sans Mayotte ; veiller à ce que tout rapport ou document officiel sur les Comores n’oublie pas Mayotte, quitte à souligner simplement l’absence de données du fait du maintien de cette île comorienne sous administration française ; obliger les enseignants d’histoire – géographie de tous les niveaux à inclure la question de Mayotte dans leur enseignement de sorte à réfuter les contre vérités sur la question ; célébrer dignement la JOURNEE NATIONALE MAORE chaque 12 novembre, etc.
En guise de conclusion, les Comores ne doivent pas viser une coexistence pacifique avec la France, parce que nous n’avons jamais été en guerre ouverte, parce que la France est un pays avec lequel nous sommes intimement liés. Il faut chercher le rétablissement de l’amitié entre les deux peuples. Mais tant que les dirigeants de la France nous opprimeront sans sourciller et que les dirigeants comoriens courberont tout le temps l’échine, la situation se dégradera et le pire sera à craindre.
Idriss 18/05/2011

Commentaires

Unknown a dit…
Salams aux Comores des 4 et aux comoriens patriotiques!
Je m'appelle Anli NOURDINE né en juillet 1980 à Dzaoudzi. Je suis mahorais jusqu'au 5 ème grand père maternel. Je te rejoins dans ce combat car nous partageons les mêmes points de vu et idées. Comorien, fier de l'être car c'est le sens du sang qui coule dans mes veines. Africain, heureux de l'être car c'est l’origine de mon identité. Nulle race n'est supérieure et/ou noble à une autre quand matière de piété et de foi monothéiste. Qui dit que Sarko est supérieur à Kadhafi? Sauf l'ignorant!
COMORES a dit…
Qu'est ce que vous pensez de la position du nouveau président sur la question de Mayotte?

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