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Le pays peut-il s’en sortir ?

« YEMADJI YAHONDRO YEKOMIYO ». Un journal a même titré : « un peuple en colère ». Elle gronde, elle est sourde. Un rien suffirait pour qu’elle explose. Et on indexe à juste titre la mauvaise gestion. Et on tranche : l’Etat est incapable de gérer les sociétés d’Etat, un Ministre va même jusqu’à déclarer à la TNC : « si c’est pour le bien de la population, je suis prêt à ce qu’on privatise le bien public ». Instant démagogique… L’intention ne serait-elle pas de couvrir une réalité désastreuse, de maquiller les faits, de se dédouaner en entonnant l’air libéral en vogue, la privatisation, chantée sur tous les tons par le FMI, la Banque Mondiale, etc.
Car chacun sait que où se trouve le nœud coulant qui étouffe le pays : ce sont des prédateurs sans aucun sentiment patriotique ni morale personnelle qui détiennent des pouvoirs d’Etat. Comment sont nommés les DG des sociétés publiques ? Pourquoi est ce qu’il n’y a nulle part de conseil d’administration ? Pourquoi n’y-a-t-il jamais de contrôle de leurs comptes ? Qui paient les audits ruineux improductifs dont on nous rabat souvent les oreilles ? Pourquoi et comment les « en-haut-de-en-haut » ne paient pas leurs électricités ni leurs carburants ? Est-ce qu’on mesure toute la signification de la polémique publique, à la télé nationale, entre le DG des Hydrocarbures d’un coté et de l’autre, le Chef de l’Etat et son Vice Président sur les versements de la taxe unique ? Comment pareille incongruité a-t-elle pu se produire, pire encore plusieurs mois après ce déballage public aucune clarification formelle n’est intervenue ? De grâce, un peu de retenue. Ne nous imposez pas une privatisation à la va vite ! Laissez de la place à une réflexion libre qui veut cerner la réalité afin d’ouvrir des vraies perspectives au pays.
N’est-il pas opportun de jeter un œil sur ces sociétés dont on veut se débarrasser. Et ne découvre-t-on pas alors qu’il fut un temps où ces sociétés répondaient grosso modo à leurs missions de service public, elles servaient même à renflouer les caisses de l’Etat. Des vaches à lait disait-on ! Bien sûr que tout n’était pas clair et c’est peu dire. Mais il y avait un minimum d’encadrement. Puis les nouveaux prédateurs, avec leur idéologie du « mna tahomba » sont arrivés. Ils affluèrent là où il y avait l’argent, aux finances et dans les sociétés d’Etat. Les scandales à grande échelle se sont multipliés, EEDC est tombé et le pays connut un an sans électricité. Air Comores disparut, etc. Les choses vont de mal en pis depuis avec quelques éclaircis épisodiques préparant des désastres. La corruption s’est généralisée et les « vaches à lait » sont devenues des gouffres impossibles à combler, incapables de fournir le minimum : électricité, eau, carburant, télécommunications, etc.
Quelle issue alors ? Notre pays est-il perdu comme le voudrait un grand ami qui nous fait du mal ?
Bien évidemment la lutte contre la corruption vient à propos. Non pas en inventant des remèdes miracles à travers des slogans séduisants du style « tolérance zéro » non suivis d’effet. Il s’agit encore moins d’entraver ce combat par une commission ad hoc difficile à situer dans les structures de l’Etat. Il faut faire fonctionner ce qui existe. Faire jouer son rôle à la Commission de Vérification des Comptes. Une fois elle avait dénoncé les mauvaises habitudes et on lui fit « entendre raison » en limogeant son Président de l’époque, un homme pourtant du sérail mais qui s’était peut être pris au jeu du contrôle.
Privatisation, pourquoi pas, mais il faut une privatisation comorienne. Il faudra y revenir en détail pour montrer que l’expérience du pays en la matière devrait inciter à plus de circonspection. Des grandes sociétés étrangères, les stratégiques nous clame-t-on, sont venus s’enrichir à notre dépens et partir. Ce n’est pas pour rien que ces multinationales sont aux aguets. Chaque fois qu’il a fallu des gros investissements pour booster un secteur, l’argent fut trouvé dans le pays ou par des prêts (la centrale électrique d’Azali, le mobile, la fibre optique, etc.). Il faut une privatisation qui prenne en compte les contraintes spécifiques du pays : des services de qualité à des coûts acceptables, l’émergence d’un capitalisme national dynamique, le financement du budget de l’Etat, etc. Nous sommes un petit pays insulaire fragile et pauvre. Il faut, à mon avis, éviter de brader le pays à des multinationales sans foi ni lois, des mastodontes plus riches que le pays qui risquent de nous imposer leurs lois. En tout cas, il faut éplucher les comptes des sociétés d’Etat, étudier les stratégies suivies jusqu’ici, récupérer les « biens mal acquis » et esquisser des orientations, privatisation ou pas. Cette tache essentielle doit être assumée par des Comoriens. La compétence est là, il faut la libérer et l’utiliser. C’est en comptant sur nous que nous aurons une chance !
Idriss (20/09/2011)

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