Accéder au contenu principal

IL FAUT REFORMER LA TOURNANTE

La constitution de l’Union des Comores qui a institué la tournante et changé le drapeau du pays a sacralisé les immenses concessions face à l’exécutif séparatiste de Ndzuani de l’époque de Mohamed Bacar. Les modifications introduites par Sambi ont visé l’harmonisation des élections pour en réduire le nombre et la prolongation du mandat du président de l’Union. Le changement d’appellation des chefs des exécutifs des Iles de président en gouverneur fut un accessoire qui n’a pas réellement changé la donne. Les gouverneurs sont toujours traités en président et ils sont en position de pouvoir s’opposer à l’Union en s’appuyant sur le soutien de leur île, surtout quand le Chef de l’Etat ne vient pas de leur île.

Chacun perçoit bien que cette constitution émiette le pays et maintient une situation favorable à son implosion. Il va de soi que les choses ne sont pas simples. Le poison du séparatisme est encore très fort dans l’inconscient collectif et on ne peut pas l’ignorer. Il a été judicieusement distillé depuis 1975 pour saborder notre indépendance et balkaniser le pays avec le résultat que l’on vit : indépendance inachevée, Maore maintenu arbitrairement et illégalement sous administration française ; conceptions du pouvoir qui font penser à un gâteau à partager équitablement entre les îles ; etc.

A la fin de la tournante mohélienne, la logique constitutionnelle voudrait que le tour revienne à Maore. Malheureusement cela semble inaccessible. Cette île comorienne qui n’a toujours pas pu disposer d’une vice-présidence, qui n’est pas représentée au gouvernement de l’Union, ne risque pas de jouir de son droit à la tournante. La France pèse trop dans notre pays pour que cela puisse être envisagé avec un minimum de chance d’aboutir. Dès lors, il vaut mieux procéder au bilan du tour opéré depuis 2002, tirer les leçons et réformer en profondeur la Constitution. Il faudrait parvenir à créer une atmosphère d’apaisement qui permette un débat raisonnable qui place au dessus de tout, les intérêts du pays.

Comment concilier la nécessaire union nationale avec la persistante de la pensée séparatiste afin d’ouvrir la voie à une consolidation de la nation, afin d’enclencher une dynamique positive. Selon moi, les problèmes de la tournante d’aujourd’hui tirent leur source dans le fait que le Président est un chef qui réduit les Vices Président à un rôle de ministres non révocables. Le pouvoir appartient donc à l’île dont est originaire le Président et nombre de Directions reviennent donc à des originaires de son île. Les dernières déclarations du gouverneur de Mwali, soutenant le président de son île sont à cet égard édifiantes. Ce pouvoir d’une île détruit tout ce qui est national, enferme toute ambition à une île, a eu raison des partis politiques à vocation nationale et promeut les partis d’une île.

Selon moi, il vaudrait mieux creuser l’idée d’une présidence collégiale, élire pour un seul mandat non renouvelable, une équipe de 4 co-présidents, un par île, chacun jouant le rôle de chef de l’Etat durant 2 ans. Cela met les 4 co-présidents au même niveau, exigera qu’ils constituent une équipe sur une base politique, qu’ils fonctionnent sur des bases démocratiques, donnera un nouveau souffle aux partis politiques nationaux qui seront les mieux placés pour présenter des listes, etc. Un terme sera mis à cette vision du Chef de l’Etat-sultan assis sur un trône devant lequel les délégations de notables vont faire allégeance et autour duquel s’érige une cour de prédateurs des biens publics. Bien évidemment rien n’est simple mais il conviendrait de creuser cette idée, d’en envisager d’autres si possible afin de trancher la question avant 2014. Si par malheur, Ngazidja rempile, alors il faudra encore attendre au moins 15 ans, un tour complet pour remettre le débat sur le tapis. Les enjeux sont trop importants : le pays ne peut pas sans risques se permettre une si longue période avant d’entamer son redressement.
Idriss(10/10/2012)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

Quel avenir du Monde ?

 La 79° AG de l’ONU s’est ouverte mardi 10 septembre sous le thème : « l’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous ». Les dirigeants des 193 états membres vont donc se rendre à New York pour y prononcer des discours, des heures et des heures durant lesquelles on va rivaliser de joutes oratoires lénifiantes sur les crises qui tenaillent le monde et les problèmes particuliers de chaque pays. Des formalités qui coûtent chères au regard des sommes folles englouties dans des frais onéreux en déplacements, perdiem, etc. Un poids lourd sur les budgets de pays pauvres comme les Comores. Cette 79° AG pourra-t-elle se hisser à la hauteur des défis ? Difficile de le croire ! On se contentera de généralités. On n’osera pas dénoncer et sanctionner les USA en tant que parrain du massacre des Palestiniens. On n’osera pas dénoncer ceux qui ont dépecé le Soudan et qui sont à la manœu...

79° AG DE L’ONU : L’HUMANITE DANS LA DETRESSE

  Un génocide en direct et l’ONU peine à en parler ! Et ce n’est pas le boycott par quelques délégations, du discours de Netanyahou, le premier ministre suprémaciste israélien, qui en change la donne. Les instances internationales spécialisées comme la Cour Pénale Internationale, la Cour Internationale de Justice, les organisations de défense du droit humanitaire international, sont contraintes d’utiliser des euphémismes. Ce qui ne les préserve pas de pressions insupportables, voire d’attaques haineuses inimaginables des soutiens inconditionnels du sionisme israélien. Pire encore, si d’aventure il y aurait pire encore, Israël étend son champ d’action : de Gaza et Cisjordanie, le territoire palestinien, au Liban et à la Syrie. Le déluge des bombes ne lui suffisant pas, Tsahal se lance dans une invasion terrestre au Sud Liban. Cet aventurisme guerrier se généralisera-t-il jusqu’à l’Iran ? Tout le laisse croire. Au total, les simples humains assistent impuissants ...