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Point d’achèvement atteint !?

Il s’agit bien évidemment de l’accès à l’Initiative Pays Pauvre Très Endetté (IPPTE, les sigles ont la vertu de conférer de la technicité au propos et de cacher la misère « pays pauvre »)

Garder la tête froide

Après avoir tant fait pour atteindre le point d’achèvement, il est normal que le Gouvernement exulte. Il est de bonne guerre de tenter d’en tirer un avantage politique pour le régime, en particulier pour le VP Mamadou qui aurait des ambitions présidentielles (si la tournante sautait Maore et revenait à Ngazidja – Dieu nous en préserve).

Et puis, il faut le reconnaître qui pourrait s’offusquer si la dette du pays est annulée. Au contraire, on doit s’en réjouir. Mais on ne peut pas oublier comme l’a rappelé le Représentant du FMI aux Comores : « le service de la dette baisse de 70%, passant de 14 millions d’euros à 4 millions d’euros », concrètement plus de 10% du budget sera consacré à du remboursement de dette !

Une dette plusieurs fois remboursée et qui perdure

En somme, l’IPPTE permet de renouveler le cycle de l’endettement. Il faut que les pays puissent continuer à emprunter et à rembourser sinon la dynamique de la mondialisation libérale s’effondre.

Il faut faire un point sur la dette pour mieux s’en convaincre. Eric Toussaint, expert international bien connu a prouvé avec des chiffres (in « la finance contre les peuples ») qu’en Afrique : pour 1 dollar emprunté, 75 à 80 cents remontent au Nord, pire encore pour un dollar emprunté en 1980, 4 dollars ont déjà été remboursés en 2002 et il restait encore 4 dollars à rembourser. En somme l’annulation complète de la dette (ce qui n’est pas le cas) ne serait pas un cadeau mais une justice. La dette s’apparente à de l’usure. Et le célèbre Stiglitz, (un ancien dirigeant des institutions de Brettons Wood) renchérit « on prétend aider les pays en développement alors qu'on les force à ouvrir leurs marchés aux produits des pays industriels avancés qui eux-mêmes continuent à protéger leurs propres marchés. Ces politiques sont de nature à rendre les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres » (La grande désillusion)

A quoi servent la Banque Mondiale et le FMI ?

L'analyse approfondie des orientations et pratiques des experts du FMI – BM a conduit Stiglitz à opposer le fait que la "quasi-totalité des activités du FMI - BM s'exerce aujourd'hui dans le monde en développement " alors que les dirigeants de ces institutions sont originaires du monde développé, "un européen à la tête du FMI et un américain à la BM, une coutume ou un accord tacite" et l'on n'exige pas aux élus "la moindre expérience préalable du monde en développement". Stiglitz accuse ces experts d'avoir gardé une "mentalité colonialiste" : ils débarquent dans nos pays "avec la certitude" de savoir " mieux que nous ce qui est bon pour nous ! Et il sait de quoi il parle car il rapporte des expériences prometteuses, en Ethiopie notamment, qui ont échoué à cause de l'obstruction arrogante des "je-sais-tout" du FMI – BM.

Par ailleurs, Stiglitz note que les hauts fonctionnaires du FMI – BM proviennent des milieux financiers, de là à ce qu'ils servent leur milieu d'origine vers lequel la plupart compte revenir, il n'y a qu'un pas naturel.

Quelle orientation ?

Jusqu’à la crise de la dette au début des années 1980, la BM et le FMI ont poussé aux emprunts. Après ils sont passés au Programme d’Ajustement Structurel, le fameux PAS qui a mis en avant les équilibres macro-économiques, détruit les secteurs sociaux et conduit les peuples vers la pauvreté. Sans bilan des orientations passées, face à la misère qui se généralise, les institutions de Brettons Wood ont brandi un nouveau drapeau, la réduction de la pauvreté. Les peuples ont alors passé des années à élaborer des DSRP, consommé d’innombrables consultations d’experts accompagnés de séminaires sans que fondamentalement la situation change. Eric Toussaint a noté que de 1996 à 2000, les sommes engagées dans l'initiative PPTE sont inférieures au salaire annuel des 2300 fonctionnaires du FMI ? Que la BM continue à engranger un bénéfice annuel de 1,5 milliards de dollars US.

Mais les experts disposent d’une arme imparable : la responsabilité des échecs revient aux dirigeants de nos pays, un tour de passe- passe qui a une apparence de vérité mais qui est en réalité un sophisme. Quand on trace l’orientation et que l’on supervise sa mise en œuvre, on est le principal responsable du succès ou de l’échec. Certains se sont étonnés que les 60 ans du FMI et de la BM en 2004 n’aient donné lieu à aucune messe internationale pour célébrer l’événement. Eh bien l’explication saute aux yeux : il ne faut pas présenter de bilan pour ne pas se découvrir. Autre fait tangible significatif, de plus en plus de fonctionnaires de ces institutions s’en démarquent et les soumettent à vive critique, Stiglitz est le plus connu mais il est loin d’être le seul.

Pour briser la dynamique infernale qui condamne nos pays à la misère, il faut commencer par nous libérer, penser notre développement nous-même. Ceux qui veulent nous aider doivent le faire sur nos propres choix et non nous imposer les leurs.
Idriss (22/12/2012)

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