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Des questions sur notre combat pour Maore

Des échanges instaurés sur le net, via Facebook notamment, il ressort que des questions fondamentales de base reviennent de façon récurrente. Je me propose de donner succinctement mon avis.

Les Iles Comores n’ont pas existé en tant qu’Etat avant que la France les réunisse.
Les états-nations ont émergé suivant des processus historiques complexes. Au 19ème siècle, les français ont trouvé quatre îles qui avaient tissé des liens multiples sans bien évidement avoir créé un état moderne. La nation comorienne était en tout cas déjà là, elle est toujours là et elle est incontestable : unité ethnique, unité culturelle, une civilisation originale surgie autour d’un islam sunnite tolérant. La France a conquis Maore en premier lieu, il fallait qu’elle commence quelque part, elle ne pouvait pas gober les Comores en un coup et par la suite elle a intégré l’unité des 4 îles à travers les divers statuts administratifs. Au moment de l’accès l’indépendance la France a mené des propagandes pour prouver que la population de Maore était métisse alors que les autres îles seraient peuplées de bantou. Lors de la crise séparatiste anjouanaise de 1997, la France a remis cela en soulignant que les anjouanais étaient yéménites et las autres bantous. Aujourd’hui elle invente des communautés à Maore à l’image de la situation à la Réunion et à Maurice et met en œuvre une politique d’émigration des Maorais et d’immigration des Français et des Réunionnais. Malgré la reconnaissance universelle d’un Etat Comorien composé de quatre îles, la France met les bouchées doubles, (départementalisation, rupéïsation) pour imposer son annexion de l’île comorienne.

La population de Maore ne veut pas réintégrer l’Etat comorien. On ne peut pas la forcer
Il est incontestable que la majorité des maorais ne veulent pas réintégrer l’Etat comorien et on les comprend. Maintenant il faut néanmoins souligner que l’île n’appartient pas aux seuls Maorais, c’est une île comorienne. Son destin doit être tranché par l’ensemble du peuple comorien. C’est cela la démocratie. La France se moque du monde quand elle se réfère au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour justifier son fait accompli au monde. Les Maorais ne constituent pas un peuple à part, c’est une île d’un pays qui se trouve à coté et non à plus de 10 000 kms.
Je tiens à souligner que nous ne voulons pas tirer Maore vers le bas, nous ne voulons absolument pas qu’elle nous rejoigne dans l’incurie, la gabegie et la misère quotidienne. Nous voulons plutôt qu’elle tire tout le pays vers le haut. C’est pour cela que nous envisageons une période transitoire à la réintégration de Maore dans l’Etat comorien, période durant laquelle nous surmonterons les divers obstacles créés et harmoniserons les niveaux de vie de toutes les îles du pays, période de reconstruction d’un nouvel Etat comorien démocratique où chacun se sentira à l’aise pour mener sa vie comme il l’entend.

Les 3 îles indépendantes ne s’en sortent pas. Vous aggraverez la situation avec une île en plus.
La partie indépendante s’enfonce dans le gouffre de la corruption, du clientélisme et de l’absence de sens national de ses dirigeants de premier plan. Bien sûr il y a quelques réalisations comme les routes aujourd’hui mais il suffit de voir l’état de la santé publique, de l’éducation nationale, la fraction de la population active au chômage sans perspective pour appréhender la situation réelle de la partie indépendante. Je ne veux pas justifier l’incurie des dirigeants comoriens, mais il faut néanmoins prendre en compte qu’à cause de Maore, une grande puissance agit pour entraver notre développement. Un exemple indiscutable en témoigne : de 1975 à 1995, le pays a vécu sous l’épée de Damoclès des putschs de Bob Denard, en service commandé par les services secrets français ; débarrassé des mercenaires, ce sont des Comoriens, anciens militaires français, qui ont lancé la « révolution séparatiste » à Anjouan. Ce venin s’est aujourd’hui tellement répandu dans le pays et se trouve à l’origine de dégâts considérables que chacun peut appréhender quand des gens disent que le pouvoir est à leur île et qu’ils placent leur co-insulaire dans les postes stratégiques sans considération de leurs compétences. En somme une grande partie de notre problème de développement réside dans la balkanisation du pays. Si nous trouvions une issue avec la France, la voie serait ouverte plus largement pour l’édification du pays. Le retour de Maore ne sera pas une charge, au contraire, ce sera une libération.

Des militants de Maore comorienne ont la nationalité française. Quelle contradiction ? Vous n’avez aucun crédit
Le Comorien qui opte pour la nationalité française perd-il pour autant sa comorianité ? Bien sûr que non. Il n’a pas dans la plupart des cas renoncé à sa nationalité comorienne ou tout au moins il tient toujours à ses origines. Et on le voit dans sa fixation sur un retour au pays, improbable souvent. Et on le voit dans sa participation à l’édification de sa région ou village, etc. Il n’y a donc aucune contradiction. Il y a peut-être même un plus, c’est que lui ne peut pas être atteint par le chantage français au visa. Le Comorien de nationalité française, aime la France, participe à l’édification de son pays d’accueil, il voudrait que des rapports d’amitié réelle, base d’une coopération gagnant-gagnant, s’instaurent entre les deux pays qu’il porte dans son cœur. S’agissant de nous autres qui n’ont pas la nationalité française, nous intégrons les liens intimes entre les peuples comorien et français et qui se développent à travers des couples mixtes de plus en plus nombreux. L’intérêt bien compris des deux peuples se trouvent dans l’amitié et la coopération.

Le Comité Maore est anti-français et ne veut pas du dialogue.
Nous ne sommes pas anti français, loin de là. Au contraire nous militons pour des rapports équitables entre la France et les Comores. Nous ne faisons rien contre la France, ce sont les dirigeants français qui font quelque chose contre les Comores en annexant une partie de notre territoire nationale. Eux sont antis comoriens. Ils ne comprennent pas et n’admettent pas qu’un Comorien puisse avoir de la dignité et défende l’intégrité territoriale de son pays. Ils sont arrogants avec leur politique de grand pays qui malmène impunément un petit pays. Ils ne se rendent pas compte qu’ils sèment la haine, qu’ils produisent des antis français radicaux qui nuiront à nos deux pays.
Venons-en au dialogue. La phase finale de tout conflit c’est le dialogue. Toutes les tendances comoriennes sont pour le dialogue. Il y a des nuances, en particulier dans l’approche. Mais l’essentiel c’est que la France n’en veut pas. Elle se réfugie derrière les positions des Maorais, alors que chacun sait que c’est elle qui les détermine. Elle cherche à limiter les échanges à de la coopération régionale, à du bon voisinage, etc. C’est pour cela que nous soulignons que notre tâche aujourd’hui est de faire pression pour l’amener à une table de négociation et c’est en utilisant l’ONU que nous pouvons le faire car la France veut préserver son image et toute condamnation pour non-respect de la Charte de l’ONU et des résolutions de l’ONU l’atteindra. Il faut que la question soit débattue à la prochaine AG de l’ONU avec une résolution. Si Ikililou engage réellement cette bataille, il gagnera en crédibilité.
Idriss (09/07/2013)

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