Comme il est de tradition, le Chef de l’Etat reçoit la population dans l’après-midi du 6 juillet 2013 et s’adresse à la nation. Le discours du 6 juillet 2013 fera incontestablement date. Pour la première fois, l’allocution du Chef de l’Etat a été exclusivement consacrée à la question de l’île comorienne de Mayotte. Pourquoi un tel choix ? S’agit-il de la riposte à l’humiliation subie fin juin à Paris et qui continue de faire polémique ? Ou bien cherche-t-on à faire passer subrepticement un traitement douloureux de la question de l’île comorienne de Mayotte.
Cette deuxième alternative recueillera, sans doute, l’adhésion de nombreux acteurs politiques et d’auteurs de blogs, ces seuls espaces de liberté pour nombre de Comoriens qui s’en donneront à cœur joie. Car enfin les dénonciations d’« une indépendance inachevée, (d’) une liberté tronquée, (d’) une humiliation avérée pour un Peuple pourtant respectueux des valeurs universelles qui guident notre monde moderne » n’a conduit à aucune décision concrète susceptible d’infléchir les relations entre les Comores et la France. Pire encore, lorsqu’il s’agit des politiques concrètes, il ressorte très clairement que la France a remporté une nouvelle partie : amener l’Etat comorien à collaborer avec elle dans la répression de ceux qui veulent se rendre « clandestinement » à Mayotte.
Comment ne pas constater que « la question qui taraude mon (celui du président) esprit est : « QUE FAIRE » face à ces nombreuses familles comoriennes des quatre îles qui, quotidiennement, font et refont le deuil pour la disparition d’un proche, homme, femme et enfant ! » abouti à des « instructions fermes au département de la défense en collaboration avec les Gouverneurs des îles pour que des mesures exceptionnelles pour la sécurité maritime et le secours en mer, soient immédiatement mises en place. », Ainsi donc les quelques dix mille Comoriens morts ou disparus sur le bras de mer Anjouan Mayotte ne seraient donc pas ceux du visa Balladur, voilà pourquoi on s’attaque à l’insécurité maritime ! Le rôle des nouvelles brigades maritimes, mises en place avec le « partenaire principal » du pays s’éclaire : traquer les kwassa en coopération avec les vedettes de la police française à Mayotte, mettre les forces comoriennes au service de la politique française.
Pire encore si tant est que cela soit possible, le Président annonce « un projet d’accord d’entre-aide judiciaire (face à) la montée de la criminalité dans le monde et donc dans notre espace Sud-Ouest de l’Océan Indien », accord judiciaire déjà pratiqué dans le cadre de commissions rogatoires qui ont suscité une vive émotion dans le monde judiciaire comorien (voire les lettres ouvertes de Maître Elaniou et la réaction des magistrats anjouanais contre les procédures mise en œuvre contre un passeur arrêté semble - t- il avec l’appui de forces françaises opérant à Mayotte)
Le beau discours d’Ikililou qui a enchanté son auditoire à Beït Salam s’inscrit dans une lignée qui semble loin de s’éteindre. Notre pays et le monde entier sont habitués aux propos mirobolants qui agrémentent certains discours des dirigeants comoriens de premier plan. Ikililou vient de montrer qu’il peut lui aussi en assurer les relais depuis que Boléro occupe une place prépondérante à ses côtés. La différence est que le sien annonce des dispositions concrètes qui prennent directement le contre-pied de ses propos mirifiques.
Ceux qui croyaient que le refus d’Ikililou de s’adresser à la presse internationale sur le perron de l’Elysée était une manifestation de mécontentement face aux humiliations françaises en sont pour leurs frais. Ceux-là attendaient des mesures courageuses du style : suppression du visa comorien vers Mayotte, refus d’accepter les expulsions, saisine de la Cour Pénale Internationale contre la France pour crime contre l’Humanité, mise en œuvre d’une diplomatie active pour empêcher la rupéisation de Mayotte et faire condamner la France à la prochaine Assemblée Générale de l’ONU. Eh bien ils attendront longtemps.
Cette descente aux enfers de notre pays mérite cependant une réflexion plus approfondie. Comment les dirigeants successifs de ce pays peuvent-ils à la fois dénoncer l’indépendance inachevée et considérer l’annexion de fait de Mayotte comme un conflit territorial, un simple différent sans conséquence sur l’amitié entre les Comores et la France ? Comment ces dirigeants peuvent-ils à juste titre dénoncer l’inflexibilité de la France, leur incompréhension des positions françaises et continuer à parler d’amitié entre les deux pays ? Comment un pays (la France) qui annexe une partie d’un autre pays (les Comores) peut-il être considéré par les humiliés comme le « principal partenaire » ? Il faudra bien se pencher sur le traumatisme français qui agit sur les dirigeants comoriens. Tel sera notre prochaine contribution.
Idriss (07/07/2013)
NB les extraits du discours sont extraits de sa publication dans le site officiel de la présidence
Cette deuxième alternative recueillera, sans doute, l’adhésion de nombreux acteurs politiques et d’auteurs de blogs, ces seuls espaces de liberté pour nombre de Comoriens qui s’en donneront à cœur joie. Car enfin les dénonciations d’« une indépendance inachevée, (d’) une liberté tronquée, (d’) une humiliation avérée pour un Peuple pourtant respectueux des valeurs universelles qui guident notre monde moderne » n’a conduit à aucune décision concrète susceptible d’infléchir les relations entre les Comores et la France. Pire encore, lorsqu’il s’agit des politiques concrètes, il ressorte très clairement que la France a remporté une nouvelle partie : amener l’Etat comorien à collaborer avec elle dans la répression de ceux qui veulent se rendre « clandestinement » à Mayotte.
Comment ne pas constater que « la question qui taraude mon (celui du président) esprit est : « QUE FAIRE » face à ces nombreuses familles comoriennes des quatre îles qui, quotidiennement, font et refont le deuil pour la disparition d’un proche, homme, femme et enfant ! » abouti à des « instructions fermes au département de la défense en collaboration avec les Gouverneurs des îles pour que des mesures exceptionnelles pour la sécurité maritime et le secours en mer, soient immédiatement mises en place. », Ainsi donc les quelques dix mille Comoriens morts ou disparus sur le bras de mer Anjouan Mayotte ne seraient donc pas ceux du visa Balladur, voilà pourquoi on s’attaque à l’insécurité maritime ! Le rôle des nouvelles brigades maritimes, mises en place avec le « partenaire principal » du pays s’éclaire : traquer les kwassa en coopération avec les vedettes de la police française à Mayotte, mettre les forces comoriennes au service de la politique française.
Pire encore si tant est que cela soit possible, le Président annonce « un projet d’accord d’entre-aide judiciaire (face à) la montée de la criminalité dans le monde et donc dans notre espace Sud-Ouest de l’Océan Indien », accord judiciaire déjà pratiqué dans le cadre de commissions rogatoires qui ont suscité une vive émotion dans le monde judiciaire comorien (voire les lettres ouvertes de Maître Elaniou et la réaction des magistrats anjouanais contre les procédures mise en œuvre contre un passeur arrêté semble - t- il avec l’appui de forces françaises opérant à Mayotte)
Le beau discours d’Ikililou qui a enchanté son auditoire à Beït Salam s’inscrit dans une lignée qui semble loin de s’éteindre. Notre pays et le monde entier sont habitués aux propos mirobolants qui agrémentent certains discours des dirigeants comoriens de premier plan. Ikililou vient de montrer qu’il peut lui aussi en assurer les relais depuis que Boléro occupe une place prépondérante à ses côtés. La différence est que le sien annonce des dispositions concrètes qui prennent directement le contre-pied de ses propos mirifiques.
Ceux qui croyaient que le refus d’Ikililou de s’adresser à la presse internationale sur le perron de l’Elysée était une manifestation de mécontentement face aux humiliations françaises en sont pour leurs frais. Ceux-là attendaient des mesures courageuses du style : suppression du visa comorien vers Mayotte, refus d’accepter les expulsions, saisine de la Cour Pénale Internationale contre la France pour crime contre l’Humanité, mise en œuvre d’une diplomatie active pour empêcher la rupéisation de Mayotte et faire condamner la France à la prochaine Assemblée Générale de l’ONU. Eh bien ils attendront longtemps.
Cette descente aux enfers de notre pays mérite cependant une réflexion plus approfondie. Comment les dirigeants successifs de ce pays peuvent-ils à la fois dénoncer l’indépendance inachevée et considérer l’annexion de fait de Mayotte comme un conflit territorial, un simple différent sans conséquence sur l’amitié entre les Comores et la France ? Comment ces dirigeants peuvent-ils à juste titre dénoncer l’inflexibilité de la France, leur incompréhension des positions françaises et continuer à parler d’amitié entre les deux pays ? Comment un pays (la France) qui annexe une partie d’un autre pays (les Comores) peut-il être considéré par les humiliés comme le « principal partenaire » ? Il faudra bien se pencher sur le traumatisme français qui agit sur les dirigeants comoriens. Tel sera notre prochaine contribution.
Idriss (07/07/2013)
NB les extraits du discours sont extraits de sa publication dans le site officiel de la présidence
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