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Dialogue à distance avec RAOS

Suite à l’interview parue dans « LAGAZETTE DES COMORES » numéro 2026 du 13 septembre, je ne puis m’empêcher de tenter d’établir, même à distance, des échanges avec le 3ème Vice-Président du Conseil Général de Mayotte.

« Mayotte fait partie des îles de l’Union des Comores sur le plan géographique », soutient-il. Unité géographique oui ; mais aussi unité de langue, à Moroni, Raos parle shimaore et il comprend le parler des autres îles ; mais aussi unité de religion. Mais enfin ces djohos et ces miharumas, portés fièrement à Maore les jours de fête ou de célébration de grands mariages ne traduisent-ils pas une civilisation originale caractérisant une identité comorienne incontestable. Les Comores sont constituées d’îles, d’où des identités insulaires. Chaque île comprend des régions, d’où des identités régionales, etc. Quelle est la portée de ces identités ? Jusqu’où peut-on aller dans la revendication identitaire ? Les habitants d’une île peuvent-ils considérer que le destin de leur île doit être tranché par eux seuls ? Les habitants de Petite Terre à Mayotte peuvent-ils décider de rompre avec Grande Terre et constituer une entité à part susceptible de se rattacher à une puissance plus forte que la France? Quelle serait l’attitude de Raos en pareille circonstance ? L’absurdité de la démarche de ceux qui considèrent que Mayotte appartient aux seuls Maorais éclate. C’est pour cela que je conteste ce que Raos appelle le choix des maorais, c’est-à-dire le choix de faire de Mayotte une terre française. Que Raos veuille la nationalité française, cela le concerne seul, mais quand il s’agit de l’ile de Mayotte j’ai autant de droit que Raos. Quand la France parle de souveraineté de Mayotte, quand elle consulte les seuls maorais sur leur destin, elle bafoue le droit interne français et le droit international. Car enfin pourquoi n’a-t-elle jamais consulté les Corses, qui se battent ou qui se sont battus les armes à la main des dizaines d’année durant ? Tout statut de la Corse est décidé par le peuple français en entier. Par contre les statuts successifs de Mayotte n’ont jamais donné lieu à consultation du peuple français en entier, y compris la départementalisation. Les constitutionnalistes soulignent que les prérogatives du Parlement français ne l’autorisent pas à intégrer dans la France un nouveau territoire ! Cela traduit bien que Mayotte n’est pas la France, elle est rattachée à la France et cela n’a pu se faire que parce que la France est plus forte que les Comores et qu’elle peut ne pas respecter la Charte de l’ONU et les résolutions de l’Assemblée Générale de l’ONU. Une question pour clore ce chapitre : croyez-vous que la France est à Mayotte parce que vous le demandez ? Pensez-vous que les Etats ont des états d’âme, des sentiments ?

Raos trouve que les dirigeants de l’Etat comorien et la classe politique sont « méprisants » envers les Maorais. Peut-être que cela a existé dans le passé. Le Président Said Mohamed Cheikh prenait tout le monde de haut, à Ngazidja aussi. Mais depuis la séparation les choses ont changé, aujourd’hui c’est Hakim Ali Said qui affiche une arrogance insensée envers la partie indépendante. A l’entendre, il est candidat à la Présidence de l’Union des Comores pour « éteindre le feu chez les voisins», puisqu’ils sont incapables de le faire eux-mêmes, il prétend devenir Président pour parachever la balkanisation du pays. Pour sa part Raos affirme dans son interview que les « autorités politiques des Comores refusent le développement économique et social du pays. Ils ne pensent qu’à leurs intérêts personnels ». Il est venu dit-il avec un « gâteau » qu’il leur propose de partager ! Qui traite qui d’enfant !?

S’agissant de la tournante, nous nous battons pour qu’elle revienne à Maore, mais certainement pas pour élire un séparatiste, les patriotes maorais sont nombreux même si la France et les siens (wamaorais comme wagazidja comme wadzuwani comme wamwali) maintiennent leur tête dans l’eau.

Au final je suis en parfait accord avec Raos quand il demande au gouvernement comorien d’inscrire dans le budget de la nation, « une ligne qui serait intitulé la réintégration de Mayotte dans l’Etat comorien » et quand il remet sur le tapis la revendication « d’un Secrétariat Général chargé de la réintégration de Mayotte et initier des actions vers Mayotte », une résolution de l’Assemblée de L’union restée jusqu’ici lettre morte. Puisse le Président IKI relever le défi de Raos !

Nous sommes nombreux à garder espoir. Qui aurait pu penser que les Allemands se retrouveraient ? Qui auraient pensé que les vietnamiens allaient se retrouver ? Les exemples sont nombreux où les séparations furent lourdes, accompagnées de bain de sang. Mais l’unité des nations est inscrite dans le processus historique.
Idriss (14/09/2013)

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