Accéder au contenu principal

Mayotte : grève générale, silence colonial et blindés pour la répression

"Un article tiré de http://alencontre.org/europe/france/mayotte-greve-generale-silence-colonial-et-blindes-pour-la-repression.html qui témoigne de la réalité coloniale de la situation du pseudo 101ème département français, une situation qui empire au fil des années et dont les principales victimes sont les Comoriens des quatre îles"

Au 12e jour de grève générale illimitée pour «l’égalité réelle et la justice» démarrée au lendemain des deux journées de grève contre la loi travail les 30 et 31 mars, pas un seul média n’en parle en France métropolitaine, pas une ligne, pas une seconde. Mayotte est pourtant un département français. En réalité, c’est parce que les 210 000 habitants de Mayotte (et les dizaines de milliers de clandestins venant des Comores) vivent dans une des pires sociétés coloniales ; 82% à 92% de la population y vit sous le seuil de pauvreté alors que le coût de la vie est le plus élevé de tous les territoires français ; le taux de chômage y est de 20% (46,5% pour les jeunes) auquel il faut ajouter les clandestins; le taux d’illettrisme bat des records ; il n’existe qu’un seul centre hospitalier, soit moins de deux lits pour 1000 habitants contre six en métropole ; le nombre d’écoles est tellement insuffisant qu’il leur faut parfois fonctionner par rotation ; tout cela sur le territoire le plus pauvre de la République et où 50% de la population a moins de 20 ans. C’est explosif.

Le taux de chômage associé à la violence policière, la peur de perdre son emploi, la peur du chef, en particulier « blanc », la peur du préfet, espèce de gouverneur colonial, de sa police ou justice, est en train de voler en éclats dans la grève, les manifestations et les barrages. Les grévistes et manifestants veulent l’application immédiate et intégrale à Mayotte du Code du travail de France métropolitaine, l’application immédiate des Conventions collectives nationales, l’alignement immédiat des pensions minimum au niveau de la métropole, le reclassement avec reconstitution de carrière reprenant en compte la totalité de l’ancienneté des agents des fonctions publiques, l’alignement au niveau de la métropole de toutes les prestations sociales.

Mais le slogan « d’égalité réelle » fait aussi référence au rapport du même nom du député PS, V. Lurel, déposé à la mi-mars auprès du gouvernement, qui devrait réglementer les 25 prochaines années des Dom-Tom.

Il prévoit de supprimer la majoration de 40% des salaires des fonctionnaires, d’augmenter les impôts, la TVA, de doubler l’octroi de mer de 2,5 à 5%, une taxe sur toutes les marchandises qui rentrent et l’élargir aux services afin de financer la suppression des cotisations sociales et fiscales des patrons.

Bref le PS veut taxer plus les plus pauvres pour donner plus aux riches et créer des « zones franches globales » sans charges ni code du travail qu’il baptise « plus grande autonomie locale ».

Pour défendre cette « loi travail coloniale » contre les barrages des manifestants, le pouvoir a sorti les blindés. Déjà en novembre, lorsque le mouvement avait débuté – interrompu par l’état d’urgence – sa police avait tiré à balles réelles sur les jeunes. Rompre le silence sur la grève générale à Mayotte, c’est le minimum pour nous qui vivons dans la puissance coloniale. C’est aussi lier nos combats à ceux des habitants de Mayotte, puisqu’ils le font eux-mêmes, alors qu’ici les jeunes et les salariés se mobilisent contre une loi travail métropolitaine qui est au fond aussi une transformation du pays en « zone franche ». C’est enfin avec les « Nuits debout » accueillir le combat des mahorais par une parole internationaliste et ce qui nous passionne tous : « l’égalité réelle ».

Jacques Chastaing, 11 avril 2016

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

Quel avenir du Monde ?

 La 79° AG de l’ONU s’est ouverte mardi 10 septembre sous le thème : « l’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous ». Les dirigeants des 193 états membres vont donc se rendre à New York pour y prononcer des discours, des heures et des heures durant lesquelles on va rivaliser de joutes oratoires lénifiantes sur les crises qui tenaillent le monde et les problèmes particuliers de chaque pays. Des formalités qui coûtent chères au regard des sommes folles englouties dans des frais onéreux en déplacements, perdiem, etc. Un poids lourd sur les budgets de pays pauvres comme les Comores. Cette 79° AG pourra-t-elle se hisser à la hauteur des défis ? Difficile de le croire ! On se contentera de généralités. On n’osera pas dénoncer et sanctionner les USA en tant que parrain du massacre des Palestiniens. On n’osera pas dénoncer ceux qui ont dépecé le Soudan et qui sont à la manœu...

79° AG DE L’ONU : L’HUMANITE DANS LA DETRESSE

  Un génocide en direct et l’ONU peine à en parler ! Et ce n’est pas le boycott par quelques délégations, du discours de Netanyahou, le premier ministre suprémaciste israélien, qui en change la donne. Les instances internationales spécialisées comme la Cour Pénale Internationale, la Cour Internationale de Justice, les organisations de défense du droit humanitaire international, sont contraintes d’utiliser des euphémismes. Ce qui ne les préserve pas de pressions insupportables, voire d’attaques haineuses inimaginables des soutiens inconditionnels du sionisme israélien. Pire encore, si d’aventure il y aurait pire encore, Israël étend son champ d’action : de Gaza et Cisjordanie, le territoire palestinien, au Liban et à la Syrie. Le déluge des bombes ne lui suffisant pas, Tsahal se lance dans une invasion terrestre au Sud Liban. Cet aventurisme guerrier se généralisera-t-il jusqu’à l’Iran ? Tout le laisse croire. Au total, les simples humains assistent impuissants ...