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Campagne d’expulsions organisées dans l’impunité

"Une réaction pertinente d'un réunionnais face aux exactions que subissent des Comoriens à Mayotte"

La climat social s’est encore aggravé à Mayotte. Durant le week-end, des groupes ont organisé des expulsions de personnes jugées en situation irrégulière. Des maisons ont été incendiées. 800 fonctionnaires auraient demandé leur mutation pour fuir au plus vite une situation invivable. La croissance démographique inévitable va encore accentuer ce phénomène. La Réunion est le département le plus proche de Mayotte, ce qui signifie que cette crise aura un impact sur notre île.

Le week-end dernier, Mayotte a de nouveau connu des scènes de violences. Elles ont été causées par des groupes qui ont organisé l’expulsion de leurs maisons de personnes jugées en situation irrégulière au regard des lois françaises sur l’immigration. C’est un nouvel épisode dans la crise déclenchée par la France en 1974, suite au refus du gouvernement de reconnaître le résultat du référendum d’autodétermination qu’il avait pourtant organisé lui-même dans le Territoire d’outre-mer des Comores. En choisissant de séparer Mayotte des autres îles de l’archipel devenues indépendantes conformément au vote, ce gouvernement est responsable d’un problème qui n’a fait qu’empirer à la suite de l’obligation faite aux habitants des autres îles de l’archipel des Comores d’être en possession d’un visa pour se rendre à Mayotte. Depuis 1992, date de mise en œuvre de cette politique restrictive, les morts s’accumulent entre Anjouan et Mayotte. Des milliers d’enfants sont livrés à eux-mêmes à cause de l’expulsion de leurs parents vers Anjouan.

Les immigrants boucs émissaires de l’échec de l’intégration

Depuis 5 ans, Mayotte a le statut de département. La grève générale qui a secoué le pays pendant plusieurs semaines cette année a montré combien l’espérance de l’égalité a été déçue. Le chômage explose, et les revenus de la protection sociale sont nettement inférieurs à ce que prévoit l’égalité.

Dans cette crise, certains cherchent des boucs émissaires. Les habitants venus des Comores voisines sont les cibles de la vindicte populaire.

Le week-end dernier, la violence s’est déchaînée contre ces personnes, accusées d’être les responsables de l’insécurité qui s’est développée. La CIMADE affirment que 1.000 personnes ont été chassées de chez elles. Une partie a été évacuée vers Mamoudzou où elle dort à même le sol sur la place de la République. L’offensive était pourtant prévue de longue date. Plusieurs semaines avant ces exactions, un tract d’un collectif de « citoyens » annonçait pour dimanche une « manifestation » et des « actions d’expulsion pacifiques contre l’immigration clandestine ». D’après les auteurs de ce tract, les personnes immigrées sont responsables d’ « une économie meurtrie », d’un « système de santé débordé », de « services publics à l’agonie », des « écoles surchargées », des « échecs scolaires », de la « délinquance juvénile et du chômage de masse ». Tout cela devait se conclure par « un grand voulé » pour fêter tout cela.

Effets inévitables à La Réunion

En réponse à ce déchaînement, un autre collectif affirme que « derrière cette attaque du plus faible se cache une rancœur à l’égard de l’Etat français qui réglemente le quotidien, s’approprie les espaces, fixe les règles du jeu et invalide les identités. Ayons l’honnêteté de dénoncer le vrai responsable de ce vaste désordre : la colonisation française ».

La situation semble proche de l’explosion. Un climat de guerre civile est en train de s’installer. Cela aurait amené 800 fonctionnaires a demandé leur mutation pour quitter Mayotte au plus vite, selon un chiffre cité par Mayotte Première.

Cette crise politique s’est transformée en une crise sociale attisée par la démographie. Mayotte compte officiellement environ 250.000 habitants aujourd’hui, elle en aura près de 500.000 en 2050, et sa population frôlera 800.000 personnes en 2100, et cela sur un territoire 6 fois plus petit que La Réunion. Dans ces conditions, il est illusoire de croire que LA Réunion ne sera pas concernée par les développements de la crise à Mayotte. Pour les Mahorais, La Réunion est le département le plus proche. En venant dans notre île, ils ont la certitude d’avoir droit à l’égalité sociale qui leur est refusée dans leur île, tout en ayant la possibilité de vivre dans un pays où le climat social est beaucoup plus apaisé.

Manuel Marchal
18 mai 2016

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