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Appel d’offre : consultant individuel ou micro société

Depuis quelques temps, les appels d’offre destinés aux consultants individuels se multiplient. L’initiative a été lancée par les institutions internationales et fut suivi à grande échelle. J’avais en vain tenté de protester lorsqu’il y a plus d’un an, l’OMS cherchait un consultant individuel pour lui réaliser un site internet, j’avais échangé avec un responsable technique du projet RCIP sur ce phénomène sans résultats. Aujourd’hui je lis dans Alwatwan 3202 du 16/02/2017 deux appels d’offre pour consultant individuel sur les énergies renouvelables et l’idée de réagir m’a repris. Car l’enjeu me parait devoir retenir l’attention.

Je m’interroge sur cette orientation qui privilégie les Consultants individuels, il faudrait en cerner les tenants et les aboutissants. Il faudrait l’apprécier en privilégiant les intérêts du pays.

S’agissant de Consultant Individuel on doit constater en premier lieu qu’aucun statut n’encadre leurs activités ! Les consultants individuels sont dans la plupart des cas des hauts cadres de l’administration ou de société privée qui s’arrangent pour augmenter substantiellement leurs revenues. Dans un pays gangrené par la corruption, la voie est largement ouverte aux abus, la presse en a dénoncés quelques-uns sans suite. Les Consultants individuels n’ont aucun statut, aucune infrastructure, ni local ni employé et ne sont soumis à aucun impôt. Leurs prix défient toute concurrence et même si une micro société s’aventurait dans ce genre d’appel d’offre, elle ne serait pas concurrentielle.

Quant au Micro et Petite Société (MPE) : exclues des marchés à leur portée, elles sont condamnées à disparaître. On bouche les horizons des jeunes qui à l’issue de leurs études voudraient se lancer dans la création de MPE. Et il y en a actuellement dans les TIC et les autres services à la personne physique ou morale. La politique économique du pays ne devrait-elle pas accorder une place fondamentale au MPE, création, aide à leur croissance, etc. Les MPE paient la patente et la TPU, contribuent à diminuer la part de l’informel, structurent le marché, etc. La sortie de la pauvreté par une économie dynamique qui crée de la richesse et de l’emploi ne passe-t-elle pas nécessairement par la floraison et l’épanouissement des MPE. Quelle est la politique initiée en la matière ?

Aucun pays ne peut se développer sans la croissance de ses entreprises. Et ce sont les marchés publics qui en sont le moteur. Les Etats Unis ont décidé de réserver leurs marchés à leurs entreprises. L’Union Européennes est en train de suivre cette voie. Les bailleurs usent d’astuces (cahier de charges complexes, garanties inatteignables pour les entreprises nationales, etc.) pour réserver les marchés qu’ils financent à leurs entreprises. Cela devrait nous inspirer. Les marchés publics du pays devraient être réservés en priorité aux entreprises comoriennes. Azali II s’affirme bâtisseur : énergie et eau, routes, ports en eau profonde, hôpital, etc. La gestion des marchés publics induits devient un enjeu capital. L’on ne devrait faire appel à l’international que dans des cas très limités quand il n’est pas possible de trouver une solution comorienne ou semi-comorienne. Je pense par exemple au marché des routes, des milliards en jeu. Bien sûr qu’en l’état actuel, les entreprises comoriennes n’ont pas les capacités techniques (engins, techniciens, etc.) ni financières pour gagner ces marchés. Cependant la question est de savoir comment ces petites peuvent-elles croître pour rivaliser avec des mastodontes ? Comment faire évoluer les choses ? A mon avis si nos entreprises avaient les moyens financiers (des avances conséquentes du marché) elles pourraient acheter le matériel nécessaire, recruter y compris à l’extérieur des techniciens de haut niveau et se doter des moyens pour réussir. Bien évidemment une telle démarche doit reposer sur un assainissement de la relation maître d’ouvrage-maître d’œuvre. Une maîtrise d’ouvrage qui spécifie les résultats attendus et qui contrôle le travail de la maîtrise d’œuvre suivant les règles de l’art des domaines concernés. Nous voulons des routes bien faites, aux normes des standards internationaux mais nous voulons aussi que l’argent pour construire ces routes aillent enrichir des entreprises comoriennes et non les Colas et autres. Car c’est la meilleure façon de bâtir le présent en garantissant l’avenir.

Idriss (16/06/2016)

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