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J’AI HONTE FACE AUX MORTS DU VISA BALLADUR

J’ai honte pour le pays. Ces derniers jours, plus de dix Comoriens, morts ou disparus dans le bras de mer Ndzuani/Maore. Des drames banalisés, ignorés. Des morts anonymes sans sépultures. Aucune réaction du Gouvernement. Pas de communiqué officiel, même pas de la compassion envers les familles éplorées. Des médias comoriens muets. La télévision nationale blackout complet. Pas de une à Alwatwani ni à la Gazette. Rien. Même les Organisations de la société civile se sont murées dans un silence honteux, épouvantable, indigne. Et pourtant il s’agit d’un génocide banalisé. Génocide puisque plus de 10 000 morts sur une population de mois de 1 000 000, la proportion de la population décimée dépasse le 1%.

Face à un accident sur la route Moroni/Hahaya, on a senti une émotion dans le pays. Il n’y a heureusement pas eu de morts mais des blessés dont trois graves. Pourquoi deux poids deux mesures ? Est-ce que parce qu’il faut faire face à la France ? Le pays aurait-il capitulé sur la question de l’ile comorienne de Mayotte ? Dans un discours, un Vice-Président a invité les opposants à émigrer vers Maore ? Invitation à fuir vers un territoire étranger pour se prémunir de la répression qu’il annonçait. Et aucune mise au point n’est venue contredire la bévue ! Pire, on parle encore de session du Haut Conseil Paritaire dont chacun connait les tenants et les aboutissants. De la poudre de perlimpinpin.

Le Président Azali s’était engagé à créer une structure gouvernementale dédiée à la question de Maore. Un an s’est écoulé et rien ne peut être noté. Un travail de lobbying devait être entamé pour qu’en septembre prochain, l’ONU aborde enfin la question de l’île comorienne de Mayotte en Assemblée Générale. Bien évidemment je n’en sais rien mais je nourris des doutes. Tout indique qu’à la prochaine AG de l’ONU, la question sera encore retirée de l’ordre du jour définitif, la France ne sera donc pas condamnée par la communauté internationale pour sa politique de grande puissance aux Comores.

J’ai enfin personnellement honte pour mon impuissance à contribuer à faire bouger les choses. 2005-2016, plus de 10 ans de lutte active au sein du Comité Maore ont simplement permis de déterrer la question pour la remettre sur les devants de la scène politique. Malheureusement les dirigeants successifs, quand ils ne baissent pas complètement les bras, ils se contentent de déclarations inopérantes, à usage interne. Tous ont entonné et entonnent encore la chanson insipide de la France plus grand ami des Comores, principal partenaire, etc. etc.

Les assises nationales en vue aborderont la question de Maore. Ce sera sans doute un des thèmes principaux. La question est de savoir s’il s’en suivra une proposition de sortie de crise, si le pays s’unira durablement autour d’une stratégie rigoureuse, cohérente, continue autour de cette proposition ? Voilà un des enjeux essentiels des assises. Puisse le pays en prendre conscience et agir en conséquence.

Idriss (24/08/2007)

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