Accéder au contenu principal

Référendum : Aventurisme ou Suffisance ?

Le Chef de l'Etat vient de l'annoncer, le référendum constitutionnel se tiendra en juillet prochain.

L'opinion va donc se focaliser sur le référendum, "oubliant" du même coup la question de Maore. Un référendum qui en rappelle un autre, celui de Sambi en 2009, lorsque la France départementalisait l'île comorienne dans l'indifférence générale. Quel est l'objectif aujourd'hui ? Que veut-on couvrir ? Les prochains jours nous le révéleront. Et pourtant on s'était surpris à espérer que sous l'impulsion du Chef de l'Etat, les relations extérieures résistaient aux pressions françaises et faisaient preuve d'une intelligence diplomatique peu familière dans notre pays. On s'était surpris à croire à une union pouvoir – opposition pour transformer l'essai. Elle ne sera plus de mise. Une opportunité risque de se transformer en catastrophe nationale ?

Toucher à la tournante en se fondant sur des assises décriées apparait comme une pure provocation, un saut dans l'inconnu. Les démons du séparatisme risquent de ressurgir avec violence. Comment ne pas se souvenir de l'expérience désastreuse d'août 1997. Un petit groupe de nostalgique du colonialisme français, surfant sur un mouvement populaire de protestation contre le pouvoir central, avait réussi à s'emparer d'une île. S'en suivit une scission de plus de dix ans, le pays menacé d'implosion.

Le venin du séparatisme est vivace et les quatre îles sont sérieusement gangrenées. Sous-estimer ce phénomène peut être lourd de conséquences. Il faut y ajouter une opposition prête à tout pour s'opposer à Azali. L'initiative parait donc aventureuse.

Le président Azali semble pourtant sûr de son fait. Il a affirmé avec détermination qu'il ne tolérera pas des troubles de quelque ordre que ce soit. Il est certainement renforcé par la facilité avec laquelle il impose ses réformes, sans respect des normes juridiques (dissolution de la commission contre la corruption pourtant créée par une loi de l'Assemblée, quasi suppression de la Cour Constitutionnelle, etc.). Assurance fondée sur une bonne appréciation de la situation ou suffisance d'un Chef surestimant ses forces ?

Le pays se trouve dès lors déboussolé.

Du côté du pouvoir, on perçoit clairement une volonté farouche de se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Malgré les réalisations (route, électricité, …) qui le distingue du précédent, le régime en place ne porte pas l'avenir du pays. L'émergence en 2030 n'est qu'un slogan, une illusion d'époque. Comme la Révolution l'a été dans les années 1970.

Quant à l'opposition, elle apparaît comme une union circonstancielle, opportuniste, très fragile, de ceux qui ne sont pas au pouvoir. Aucune crédibilité au regard de son passé et de l'absence de plateforme politique fondant son unification. Elle se contente de critiques sommaires contre le pouvoir. Elle est incapable de mobiliser largement les citoyens.

Aucune force politique susceptible de porter les aspirations du peuple et défendre avec esprit de suite les intérêts du pays ne pointe à l'horizon. La société dite civile, une invention du système qui détourne la jeunesse du combat politique, permet des agitations qui donnent bonne conscience. Le terrain du changement c'est celui de la politique.

Le risque qu'un troisième larron surgisse pour tirer les marrons du feu d'une société en crise ne peut pas être écarté.

En tout cas c'est le peuple qui paiera les pots cassés comme d'habitude.

Idriss (30/04/2018)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

3ème séminaire gouvernemental : encore une messe d’autosatisfaction

Qui pourrait contester l’opportunité de tenir un séminaire gouvernemental pour évaluer le PCE (Plan Comores Emergent) à travers ses PTA (Plan de travail Annuel) dont l’objectif affiché est de servir « l’intérêt supérieur de la Nation et la volonté commune de bâtir des Comores prospères et paisibles » (Discours du président Azali cité dans Alwatwan du 13/05/2025). La pertinence de la démarche est malheureusement anéantie par des thèses du style « … des transformations structurelles et tangibles ont déjà été engendrées au bénéfice de notre peuple » (propos de la Commissaire au plan rapportés » par la Gazette des Comores du 14/05/2025). Inévitablement la montagne accouchera d’une souris. Comme à son habitude, le pouvoir se congratule dans des messes budgétivores niant complètement une réalité abominable qui pourtant saute aux yeux de tous. Car on n’a pas besoin d’indicateurs sophistiqués pour appréhender la ruine du pays. Oui des nouvelles routes ont été goudronnées mais cela compense-t-i...

𝐔𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

L’école constitue le socle d’une société Il me semble utile de souligner avec force l’importance de l’école même si l’on peut considérer cela comme des banalités que l’on rabâche à tout bout de champs. Il s’agit d’œuvrer pour une large prise de conscience de la population comorienne.   L’école occupe une place centrale dans la construction du futur d’une société. Elle ne se limite pas à la simple transmission de savoirs : elle façonne les citoyens de demain, leur transmet des valeurs, des compétences et des outils essentiels pour s’insérer dans la vie sociale, économique et culturelle. Une éducation de qualité est l’un des leviers les plus puissants pour lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, promouvoir l’égalité hommes-femmes, renforcer la cohésion sociale et assurer la stabilité politique. Elle favorise aussi la compréhension des enjeux politiques et sociaux, encourage la participation citoyenne et contribue à la réduction des inégalités. En somme, l’école est le socl...