Accéder au contenu principal

Des enjeux du référendum constitutionnel du 30/07/2018

Alwatwan du 17/07/2018 rapporte les paroles du Président Azali lors d'un meeting dans le Nymakele : "Le référendum est fini. Il reste des formalités " et il prédit le Oui à plus de 88%. Personne n'en doutait. Malgré tout le pouvoir cherche à lui donner un minimum de crédit. On a donc recours à une momie. Le PASOCO est ressuscité, usurpation flagrante et grossière d'une icône, tentative maladroite de créer de toute pièce des partisans sérieux au Non. On a donc raison de boycotter le référendum, d'en contester fermement la tenue et de s'en tenir à une position de principe. La victoire insensée du Oui au référendum sera de toutes les façons bananière.

Comme les assises, le référendum sera donc celui d'Azali et de ses affidés. On verra la suite. Le Président Azali qui semble éprouver des craintes a invité ses partisans à la prière. Il espère un "départ honorable" du pouvoir loin des huées qui ont marqué la fin de son premier mandat (voir Masiwa du 17/07/2018)

Un autre aspect de la campagne actuelle, c'est l'absence de débat de fond sur le texte de la nouvelle Constitution. Le pouvoir avance ses réalisations face à l'immobilisme de ses prédécesseurs tandis que l'opposition explique son boycott uniquement par le non-respect des règles et les pratiques oppressives, voire dictatoriales du pouvoir.

Or il ne s'agit pas que de cela. Il devrait surtout être question des dispositions de la nouvelle Constitution. C'est là où réside, à mon avis, le véritable enjeu du référendum Constitutionnel : éduquer les citoyens à cet exercice essentiel du choix d'une Constitution.

Un débat de fond d'autant plus nécessaire et utile qu'il apparaît aux yeux de nombre d'observateurs avertis que cette nouvelle Constitution est la plus mauvaise parmi celles déjà imposées au pays.

A ma connaissance, seuls l'excellent Ransfandjani et le prestigieux blog ComoresDroit ont tenté d'engager le débat mais il a vite tourné court faute d'intervenants et de médias ouverts. S'il est illusoire de tabler sur les médias d'Etat, les privés pourraient faire un peu plus d'efforts pour susciter des opinions, des interviews, etc.

Les droits fondamentaux du pays et des citoyens sont frontalement attaqués par cette Constitution sans un minimum de dénonciation de principe, ne serait que sur des questions comme l'identité du comorien, l'apparition d'une citoyenneté ilienne (une nouveauté très nuisible alimentant le séparatisme); comme la liberté de croyance; comme l'érection du Président en monarque absolu, plus de contrepouvoir même formel, droit d'ordonner des lois non soumises au Parlement. Les dispositions absolument inacceptables de cette Constitution sont nombreuses et devraient être mises à nues, dénoncées à la suite d'analyse minutieuse à caractère scientifique.

N'y aurait-il pas d'hommes ou femmes de droit dans ce pays décidés à s'engager pour défendre le droit du pays et du citoyen ? Je ne le pense pas du tout. Je les prie de nous éclairer !

Idriss (17/07/2018)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

3ème séminaire gouvernemental : encore une messe d’autosatisfaction

Qui pourrait contester l’opportunité de tenir un séminaire gouvernemental pour évaluer le PCE (Plan Comores Emergent) à travers ses PTA (Plan de travail Annuel) dont l’objectif affiché est de servir « l’intérêt supérieur de la Nation et la volonté commune de bâtir des Comores prospères et paisibles » (Discours du président Azali cité dans Alwatwan du 13/05/2025). La pertinence de la démarche est malheureusement anéantie par des thèses du style « … des transformations structurelles et tangibles ont déjà été engendrées au bénéfice de notre peuple » (propos de la Commissaire au plan rapportés » par la Gazette des Comores du 14/05/2025). Inévitablement la montagne accouchera d’une souris. Comme à son habitude, le pouvoir se congratule dans des messes budgétivores niant complètement une réalité abominable qui pourtant saute aux yeux de tous. Car on n’a pas besoin d’indicateurs sophistiqués pour appréhender la ruine du pays. Oui des nouvelles routes ont été goudronnées mais cela compense-t-i...

𝐔𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

L’école constitue le socle d’une société Il me semble utile de souligner avec force l’importance de l’école même si l’on peut considérer cela comme des banalités que l’on rabâche à tout bout de champs. Il s’agit d’œuvrer pour une large prise de conscience de la population comorienne.   L’école occupe une place centrale dans la construction du futur d’une société. Elle ne se limite pas à la simple transmission de savoirs : elle façonne les citoyens de demain, leur transmet des valeurs, des compétences et des outils essentiels pour s’insérer dans la vie sociale, économique et culturelle. Une éducation de qualité est l’un des leviers les plus puissants pour lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, promouvoir l’égalité hommes-femmes, renforcer la cohésion sociale et assurer la stabilité politique. Elle favorise aussi la compréhension des enjeux politiques et sociaux, encourage la participation citoyenne et contribue à la réduction des inégalités. En somme, l’école est le socl...