TURBULENCES,
MASHUHULI ET DESOLATION
Les
faits s’accumulent surtout depuis l’annonce du référendum
constitutionnel. Mise rocambolesque du Président Sambi en résidence
surveillée. Arrestations musclées des dirigeants de l’opposition
frappés de prison avec sursis. Affaires non élucidées des clous de
Mwali et de l’attaque du VP Moustadroine. Consultation référendaire
sans votants, marquée par cette violence inouïe et sans précédent.
Vague d’arrestations ciblant le parti JUWA. Arrestation de
l’écrivain SAST qui suscite bien d’interrogations au regard de
l’accusation de tentative de coup d’État. Etc. N’est-ce pas
là des indices tangibles qui indiquent que le pays traverse une zone
de graves turbulences.
Parallèlement
les « mashuhuli » vont bon train comme s’il ne se
passait rien. Insouciance ? Inconscience ? On aurait tort
de le penser. Plutôt impuissance des citoyens de base ! Dans
les places publiques et les conversations privées les débats
tournent autour de la même question : la situation du pays. Le
mécontentement grandit. Fait nouveau et significatif : à coté
des partisans du pouvoir et de ceux de l’Union de l’Opposition,
une tendance a surgi. Elle place pouvoir et opposition dans le même
panier. Azali, Sambi, Mamadou, etc. tous les mêmes. Rejet ferme de
cette classe politique pourrie qui baigne dans la corruption, le non
respect des lois et qui a mené le pays dans l’abîme. Cette
tendance n’est pas encore incarnée dans une organisation
quelconque. Mais elle commence à émerger. Sa voix perce à travers
des nouvelles personnalités comme les hommes de droit Rasfandjani,
Moudjahid ; les journalistes Ahmed Ali Amir, Faïza, etc. Les
réseaux sociaux, seul lieu d’expression populaire libre, malgré
ses excès et ses « fake news », reflète dans sa
diversité ce phénomène. On y décèle tout de même qui est qui.
Reste à trouver les moyens de s’organiser en évitant les pièges
des « think thank » du système international d’aide au
développement qui cherche à dépolitiser les citoyens via les
concepts ONG, société civile, etc. On peut parler d’une sorte
d’accumulation spontanée qui devra se concrétiser dans les
meilleurs délais.
Le
pays se trouve en tout cas à la croisée des chemins. Azali va-t-il
parvenir à asseoir son pouvoir par la force et stabiliser la
situation. Ou bien le pays va-t-il renouer avec l’instabilité
chronique. Ou bien encore, un miracle, difficile à imaginer mais
toujours envisageable, pourrait-il amener à des conciliabules qui
annulerait le référendum et ouvrir la voie à une sorte de
réconciliation nationale.
En tout état de cause, il est urgent que le pays dispose d’une force politique capable de porter ses aspirations à l’indépendance, l’unité nationale, la liberté et le progrès économique et social.
Idriss
(11/08/2018)
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