Il s’agit bien sûr de l’équipe
nationale de foot. Du match Comores – Cameroun.
Quelle ferveur ! Quelle
communion ! Inimaginable au pays des séparatismes agressifs,
des affrontements régionaux et des guéguerres entre villages et/ou
quartiers ! Et pourtant le fait est là. Tout le monde s’affiche
en vert, arborant drapeau et divers feuillages en vert (les manguiers
de Mitsamihuli ont été dévastés!). Zappé l’origine insulaire.
Même la « française » Maore se retrouve dans le camp
national et ses enfants brillent dans l’équipe nationale. A chaque
déplacement des « cœlacanthes » on observe des
mouvements spontanés de foule, des pics d’enthousiasme.
Eh oui, la nation comorienne est
une réalité tangible qui résiste à la balkanisation et aux divers
séparatismes depuis plus de 40 ans. Eh oui l’unité nationale est
possible et elle fait « bouger des montagnes ». Pensez
donc. Les minuscules Comores qui tiennent
tête (voire malmènent)
au géant Cameroun avec ses innombrables participations à des phases
finales de Coupe d’Afrique des Nations (CAF) et de Coupe du Monde.
Pourquoi cela est-il possible en
foot et inimaginable ailleurs ?
Aux politiques qui se succèdent à
la tête du pays depuis 1975 de répondre.
Pourquoi les dirigeants nationaux
du foot comorien avec à leur tête Turqui Salim ont réussi à créer
quelque chose (l’équipe nationale de foot) qui incarne la nation,
recueille l’adhésion de tous, suscite de la fierté nationale
alors que les politiques ne sont jamais parvenus à rien réaliser de
la sorte. Au contraire, loin de la fierté ils induisent une sorte de
honte nationale, un dégoût de la politique qui sape les élans
patriotiques dans la jeunesse comorienne.
Nos chefs d’État doivent se
rendre compte que lorsqu’on parle foot, tous les Comoriens font
bloc alors que quand on parle pays, la plupart se demandent si nous
avons un pays, certains s’énervent et se répandent en insanités
du genre un pays de m…, oui.
Turqui Salim porté spontanément
en triomphe au stade serait-il un prophète ? Loin de là. Son
management est même controversé par des gens qui devraient faire
preuve de plus de circonspection ! Au delà de sa propre
personne, de son désir légitime de diriger la Fédération
Comorienne de Foot, Turqui Salim avait une ambition nationale. C’est
peut-être la clé du succès du pays dans le foot, un succès qui le
fait rentrer dans l’Histoire, au moins du sport comorien.
On pourrait nous opposer la
banalité des explosions des identités nationales lors du dernier
mondial de 2018 en Russie ! Ce serait passer à coté d’un
facteur essentiel. Toutes les nations ont besoin de se retrouver dans
certaines occasions, de vivre leur communauté de destin sans pour
autant tomber dans un nationalisme étroit et guerrier. La plupart
des nations communient à l’occasion des grands succès sportifs,
se serrent les coudes derrière des causes nationales.
Nous, nous n’avons que le foot.
Même la question de l’île comorienne de Mayotte n’arrive pas à
s’imposer comme une cause nationale au dessus de toutes les autres
contradictions, les calculs partisans priment toujours.
Alors l’essentiel n’est ce pas
l’existence des « cœlacanthes », le bonheur partagé
durant ces quelques jours et cerise sur le gâteau ce nul après
avoir frôlé la victoire ! L’espoir incarné par la jeunesse
du pays !
Idriss 08/09/2018
Commentaires
I don't know who you are but definitely you are going to a famous blogger if you are not
already ;) Cheers!