La
première vague des procès devant la Cour de Sûreté de l’État
s’est achevée hier. Les condamnations sont excessivement lourdes.
Quatre travaux forcés à perpétuité, plusieurs vingt ans de
réclusion, etc. Une condamnée est tombée dans les paumes à
l’écoute de la sentence ! Incompréhension mêlée
d’indignation voire révoltant. Le sentiment que justice n’a pas
été rendue est général. Une forte impression d’une justice aux
ordres qui frapperait impitoyablement ? Une opinion désemparée,
la peur qui s’insinue !
Il
faut dire que le « débat juridique » entre les
« spécialistes » comoriens du droit ne fut pas apaisée.
Il suffisait de se prévaloir d’un diplôme de droit pour prétendre
détenir la « vérité ». Des hommes de droit
manifestement proches du pouvoir pavanaient dans les médias
publics sans que l’on puisse entendre un autre son de cloche. A cet
égard force est de souligner combien l’attitude de l’ORTC
envenime la situation dans tous les domaines de la vie sociale,
économique et politique. Difficile donc pour le commun des mortels
de se forger une opinion sensée. La subjectivité l’emporte et
alimente les rumeurs les plus folles.
Il
faut dire aussi que des personnalités de premier plan de la justice
comorienne ont eu recours à des arguments juridiques qui ont du mal
à passer. Comme cette explication relative à la légalité de la
Cour de Sûreté de l’État : dans la Constitution en vigueur, elle ne figure pas dans la liste
des cours habilités à rendre la justice parce
qu’elle est exceptionnelle ! Comme si l’exceptionnel ne devrait pas être envisagée par la Constitution ? On s’est aussi référé à une
Constitution de 1981, difficile à comprendre après les nombreux
changements de Constitution intervenus depuis.
Il
faut dire que depuis la mise au placard de la Cour Constitutionnelle
le sentiment que « les lois n’empêcheront pas le pouvoir
d’agir à sa guise » (on se rappelle la prise de position du
Ministre de l’Intérieur) s’enracine dans la population qui voit
dans les arrestations, les emprisonnements, les procès, des
manœuvres pour assurer la réélection du Président Azali aux
prochaines présidentielles.
Des
élections qui pourraient mettre le feu aux poudres ou qui pourraient
augurer une nouvelle République avec un « Président –
Fondateur », une monarchie à l’africaine.
Impuissant,
ne sachant pas où donner de la tête, s’imposent les paroles de
cette vielle chanson qui dénonçait le pouvoir féodal de Cheikh :
« MDADZE GO VAHUO NAYI # TSILI SHAMDUDU #TSUNDUDWE TSUDJWA
NAMBE DOVI »
Idriss
(18/12/2018)
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