Le Président Azali veut imposer un
pouvoir absolu et transformer le pays en monarchie. D’ores et déjà
il concentre tous les pouvoirs dans ses mains sans tenir aucun compte
des lois. Il a dissout la Cour Constitutionnelle. Il a imposé une
nouvelle Constitution. Il emprisonne ses opposants sans aucun respect
des procédures, un simple soupçon suffit ! Il progresse à
marche forcée vers son objectif. La seule marche qui lui reste pour
réaliser son dessein : se faire réélire de nouveau Président,
il disposera alors de dix ans pour parvenir à son but : une
sorte de monarchie à la sauce comorienne comme
il en pullule en Afrique.
On comprend dès lors qu’il mette
toutes ses forces dans la balance pour assurer son « élection ».
L’échec cinglant de sa loi d’habilitation le conduira à
resserrer encore plus son étau sur le processus électoral. Tous les
moyens seront déployés sans la moindre retenue.
Cela a déjà commencé avec le
redéploiement des forces dans l’appareil militaire, avec les
ajustements dans certains ministères clé. Mieux ou pire, il
renforce son contrôle de la CENI avec le limogeage d’une
Commissaire, censée représenter
l’opposition. Un simple arrêté ministériel a suffi pour modifier
la composition d’un organe, aussi sensible, supposé indépendant.
La bataille autour des prochaines
présidentielles revêt donc une dimension fondamentale : l’État
comorien deviendra-t-il une sorte de monarchie dirigée par Azali ou
restera-t-il plus ou moins républicain.
Cette bataille exige une vive
réaction contre les dérives autoritaristes du pouvoir. Les députés
qui ont déposé un projet de code électoral montrent la voie. Il
faut revoir la composition de la CENI et de ses démembrements, il
faut assurer la composition des responsables des bureaux de vote,
etc. Une vigilance de tous les instants s’imposent pour éviter
toute
manœuvre sordide susceptible de fausser le scrutin. La
tension en la matière sera
incontestablement vive.
Cette bataille exige aussi
l’émergence d’un candidat de rassemblement derrière lequel une
vaste mobilisation peut s’opérer. Un candidat bien évidemment
doté d’une feuille de route précise.
Malheureusement on en est loin.
Les candidatures individuelles
prolifèrent, l’Union de l’Opposition alliée au
front Amani hésite à
parler de la question des candidatures. On craint l’implosion.
Inévitable si l’on reste dans le flou.
Certains pensent qu’il faudrait
laisser passer le premier tour et se retrouver au second ! Qui
assure alors qu’il y aura un second tour ? La dispersion
découragera les électeurs et favorisera les tripatouillages
prévisibles des résultats. Ceux qui ont prétendu que la
participation au dernier référendum s’élevait à plus de 60 %
n’auront pas beaucoup de mal à proclamer Azali élu au premier
tour. Chose plus difficile face à un mouvement populaire actif qui
sécurise les bureaux de vote, contrôle la centralisation, rend
public les résultats bureau de vote par bureau de vote, etc. Seul
un combat populaire peut sécuriser les élections !
Est ce rêver de croire qu’il est
possible de rassembler tous ceux qui veulent défendre la république,
de poser simplement les questions délicates afin d’arriver à
dégager des positions acceptables par le plus grand nombre ? La
victoire contre la monarchie passe sans aucun doute par là et chaque
jour qui passe est un jour perdu ou plutôt un jour au bénéfice du
Président Azali.
La classe politique comorienne
va-t-elle encore faillir faute de perspectives, de courage et d’avoir
tout le temps les yeux tournés vers l’extérieur !?
Idriss (12/12/2018)
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