Trop
trop fort ! Le Président Azali est décidément trop trop fort.
Son invitation aux partis pour leur annoncer une décision connue de
tous est un chef d’œuvre. Il réussit ainsi à rassembler, sans
frais, les dirigeants de tous les partis politiques Samedi 22/12/2018
à Béït-Salam et à immortaliser l’événement. Une photo de
famille où on imagine chaque « leader » se battant pour
être au premier rang faute de ne pas pouvoir être à coté de M.
Azali. Une démonstration tangible de la pertinence de la campagne
médiatique du pouvoir pour convaincre la Communauté Internationale:
il n’y a pas de crise aux Comores, il n’y a donc pas lieu d’une
sécurisation internationale des présidentielles comme ce fut le cas
en 2006. Il y aura comme d’habitude des observateurs
internationaux, cela suffira largement pour attester de la
transparence des élections. Eh oui, à examiner cette photo et les
échos de la rencontre, tout se passe en famille au pays, dans la
paix et la concorde.
L’Opposition
Unie – Amani est tombée dans le panneau à pieds joints. Répondre
ou non à l’invitation du Président ? Un drame « cornélien »
dont on ne semble pas avoir cerné tous les enjeux ! On a
peut-être espéré ? La perspective présidentielle et ses
coups bas ! En tout cas tout le monde a accouru, il fallait être
là, être vu ! « On ne refuse pas d’écouter »
soutient la palisse ! Devant le fait accompli, les plus
audacieux ont cru pouvoir demander au Président de solliciter une
intervention de la SADC pour sécuriser les élections ! Un vœu
aux confins d’une chimère.
Disparue
comme de la buée les proclamations sur la « dictature
d’Azali » et ses mauvais coups contre l’opposition. La
crise politique et sociale, volatilisée. L’Union de l’Opposition
qui ne jure que par la Communauté Internationale parviendra-t-elle à
redresser la barre ?
En
tout cas la fameuse rencontre au sommet se tient à un moment où le
pays est traumatisé par les lourdes peines de la Cour de Sûreté de
l’État, par la détention révoltante du Gouverneur Salami, par la
grossière procédure mise en œuvre pour emprisonner l’ancien
Président Sambi ; à un moment où le pays est choqué par ce
qu’il faut bien appeler l’assassinat d’un jeune à Ikoni.
Cette
fameuse rencontre témoigne de la rupture entre la classe politique
toute entière avec la population. Pour les simples gens, les
prochaines présidentielles ressemblent à s’y méprendre à un
simple jeu de rôle de dirigeants coupés des citoyens, des
dirigeants qui sont uniquement préoccupés par le pouvoir dans le
but de se remplir les poches. A quelques trois mois de l’échéance,
les candidats se bousculent. Il y a ceux qui se sont proclamés, ceux
qui le laissent croire et ceux qui se font attendre ! Mais
personne jusqu’ici ne propose rien. Les politiciens traditionnels
comme les jeunes loups qui veulent faire irruption sur les devants de
la scène. Aucune alternative sérieuse au pouvoir en place qui lui
avance méthodiquement vers la victoire.
Il
est vrai que le résultat de trop fort (+) par trop … (-) ferme la
porte à tout espoir ! Comme d’habitude les présidentielles
verront des affrontements de personnes avec chacun des promesses
mirifiques. Les électeurs n'auront pas à choisir entre des programmes de sortie de la
crise institutionnelle, économique et sociale qui étouffe le pays.
Bonne
Année 2019 tout de même !
Idriss
(24/12/2019)
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