La question n’est jamais
définitivement résolue. On doit plutôt parler de tendance. Depuis
la dissolution abusive de la Cour Constitutionnelle en 2017, la
tendance principale dans le pays est à la dictature. Plusieurs faits
tangibles l’attestent : le déroulement des présidentielles
de 2018 restera dans les mémoires du pays comme une pratique
autocratique grossière, une tâche indélébile dans l’histoire
politique et institutionnelle du pays.
Allons-nous
assister à une autre calamité autocratique autour du cas Ahmed
Abdallah Sambi ? Comment un simple fonctionnaire, quelque
soit son rang, a-t-il pu faire incarcérer un citoyen, qui plus est
un ancien président du pays ? La « justification »
juridique qui a suivi ne peut être considérée que comme un
scandale !
Pourquoi
après l’expiration « légale » de la période de
détention provisoire (huit mois, Semble-t-il), un citoyen, qui plus
est un ancien Chef de l’État, peut être maintenue en détention,
une détention devenue clairement arbitraire aux yeux de tous ?
Et
voilà qu’intervient un fait aggravant : la santé de Sambi.
Chacun sait que dans notre pays, la maladie sert de prétexte léger
pour fuir le calvaire de la prison et nombre de cols blancs, voyous
notoires, en ont usé et abusé avec des complicités quasi
officielles. Dans le cas de Sambi, la situation semble plus complexe.
Même le Gouvernement, par la voix de son porte parole, reconnaît la
réalité de l’état de santé dégradé de l’ancien raïs.
L’opinion est émue. Le rassemblement d’une partie de la
notabilité de Ngazidja (voir la vidéo qui circule sur les réseaux
sociaux) l’atteste sans contestation possible. Le minimum serait
que le Conseil de l’ordre des médecins désigne un groupe
indépendant de docteurs pour aller examiner Sambi et publier un
rapport sur son état de santé.
En
tout cas sa liberté s’impose après plus d’un an de détention
sans jugement. La procédure peut et doit se poursuivre sans
privation de liberté pour les suspects. Le pays exige la libération
immédiate de Sambi.
Respecter
les hautes autorités du pays. C’est une exigence salutaire qui
ne signifie pas l’impunité. Au contraire, car le respect doit être
fondé sur la probité, l’honnêteté, le service au pays. Tous les
Comoriens doivent du respect aux présidents et anciens présidents
du pays. Même à ceux qui sont arrivés au pouvoir par coup d’État.
C’est du respect envers notre pays. Quand Ahmed Abdallah a été
assassiné par Bob Denard et ses mercenaires, les patriotes de ce
pays se sont soulevés pour dénoncer le crime contre notre pays. Or
ce sont ces patriotes qui avaient le plus subis du régime porté par
les mercenaires, les années de camp militaire en témoignent
éloquemment. C’est ce respect qui exige que l’on renonce aux
insultes (GOZIBI, MBABA LOUKHMAN, etc.) au président Azali proférés
dans les manifestations à l’étranger.
Le
président Azali Assoumani n’est-il pas entrain de créer un
précédent de tous les dangers ? On se rappelle des « wuwu »
(sorte de huées propres aux usages des traditions comoriennes)
scandés par une foule au terme d’Azali I, une attitude qui avait
scandalisée bien de personnes. Veut-on pousser vers des extrémités
plus lourdes ?
Respecter
les procédures. La privation de liberté doit être l’exception
et non la règle. S’impose alors le respect des procédures fixées
par la loi. Il est intolérable que le Docteur Salami, ancien
gouverneur de Ndzuwani croupisse en prison depuis plus d’un an sans
jugement. Il est inacceptable qu’Idi Boina soit maintenu en prison
pour vraissemblablement, une affaire déjà jugée sans que son nom
soit cité, sans condamnation par contumace. Il est révoltant que
des jeunes (les membres de HURY) qui s’éveillent à l’engagement
politique citoyen subissent une répression disproportionnée qui
brise leur vie dans le seul but de faire disparaître leur mouvement.
A
l’occasion de fête d’Aïd El Adha, le président Azali a gracié
des personnes. Dieu en soit loué. Le président souligne souvent que
la paix est la principale richesse de notre pays. Est-il possible de
maintenir cette paix sociale en maintenant en prison sans jugement,
pendant des longues périodes, des citoyens que la majorité du pays
considère comme des prisonniers d’opinion ?
Libérer Sambi, Salami, Idi Boina, Saleh, Chamsoudine et les autres constituera un important acte d’apaisement digne d’un président magnanime qui écoute la voix profonde de son peuple.
Libérer Sambi, Salami, Idi Boina, Saleh, Chamsoudine et les autres constituera un important acte d’apaisement digne d’un président magnanime qui écoute la voix profonde de son peuple.
Idriss
(13/08/2019)
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