Le virage a été pris en 2018 avec
la dissolution insolente de la Cour Constitutionnelle. Depuis les
choses vont de mal en pire. Le président Azali croît avoir les
coudées franches pour agir à sa guise sans aucune considération
des lois du pays. Le pouvoir mise sur des arguties juridiques
appuyées par des professionnels du droit ; sur des subtils
subterfuges divers et variés servis par des politiciens chevronnés.
Mais cela n’arrive pas, loin de là, à emporter l’adhésion du
peuple. A cela il convient d’ajouter cette forte impression d’une
machine judiciaire et policière qui écrase tout sur son chemin pour
percevoir les sentiments profonds des simples citoyens.
« Le
credo » du pouvoir est de brandir des obstacles réels ou créés
pour piétiner les lois.
La
Cour Constitutionnelle est paralysée, elle est incomplète durant
des nombreux mois, cette Cour ne brille pas pour son indépendance au
regard des rapports entre les nommés et les nommants, alors le
président la dissout sans
aucune considération des principes posés par la Constitution.
Le président la
remplace par … une autre Cour dont les membres sont tous nommés par le
seul président ! Un gros tour de passe -passe qui reste en
travers de la gorge et qui accentue le sentiment d’accaparement du
pays par un clan.
Aujourd’hui
on nous explique que les dispositions constitutionnelles ou
organiques devant régir les législatives font défaut. Cela
s’impose à tous : comment envisager un redécoupage des
circonscriptions électorales d’ici le début de l’année 2020,
comment faire voter la diaspora ? Mais là aussi,
l’incompréhension est totale. Car enfin la nouvelle Constitution
de 2018 induisait ces questions fondamentales. Pourquoi avoir attendu
la dernière minute pour les « découvrir ». D’autant
que des propositions de loi portant sur le découpage des
circonscriptions et sur la loi électorale étaient faites.
L’habilitation apparaît donc comme une grosse ficelle destinée à
donner carte blanche au président pour décider de tout dans ses
ordonnances.
Les
législatives vont donc se dérouler dans le sillage des
présidentielles. Des textes imposés par le pouvoir ; Une
organisation par des institutions largement contestées voire même
rejetées. Et au final une Assemblée dépourvue de véritable
légitimité ; une
assemblée qui sera probablement dominé par la majorité
présidentielle.
Le
président Azali ne cesse d’appeler le pays à se rallier à son
projet « d’émergence », il parle de paix, de
stabilité, de progrès. Il affirme à tout vent que ce pays est à
nous tous et qu’il faut nous rassembler pour le construire !
Des vérités fondamentales
non respectées dans la pratique.
D’où des interrogations.
Sincérité ou manœuvre politicien ? Sent-il le pouls du pays ?
Ne mesure-t-il pas que le pays se fracture profondément. Depuis
1975, le pays a connu des pouvoirs illégitimes, issus de putsch
réalisé par des mercenaires. Le pays a subi dans sa chair et son
esprit bien d’horreurs politiques. Mais jamais un pouvoir n’a
inspiré autant de haine comme on peut le constater dans
l’émigration. N’est-il pas temps d’ouvrir les yeux, de ne pas
se laisser aller au vertige du pouvoir ? L’adhésion
du grand nombre, de la majorité dite silencieuse, présuppose un
minimum de respect des textes fondamentaux qui régissent le pays.
Certains
dictateurs ont pu édifier économiquement leur pays et améliorer
sensiblement les conditions de vie de leurs citoyens. Mais jamais ils
ne sont parvenus à la paix et à la stabilité. Leur règne a pu
durer des dizaines d’années mais ils ont la plupart du temps mal
fini. Le cas de Ben Ali en Tunisie devrait aider à rectifier le
tir.
Cependant
le pire se trouve, incontestablement,
dans cette absence de
perspective démocratique et
patriotique offerte au pays.
Comme si la dégénérescence
du FD à la fin des années 1990 a paralysé les patriotes comoriens
des années antérieures et détourné la jeunesse du pays de la voie
de la révolution ; comme
si la pensée politique comorienne s’est ossifiée ; comme si
les valeurs fondamentales spécifiques à l’Homme ont été
emportées par des cyclones tropicales.
Idriss
(05/09/2019)
Commentaires
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