Accéder au contenu principal

DES VŒUX SIGNIFIANTS


D’un point de vue formel, tel que nous l’a servi le brillant Rasfanjani, Azali est un hors la loi, sa présidence est illégitime parce qu’elle ne repose pas sur un scrutin honnête et transparent. Il en est de même de l’Opposition. Elle serait, elle aussi, hors la loi. Qui pire est son existence même est une incongruité !

Pertinent mais inopérant. Je préfère un point de vue pratique. Et sous ce prisme force est de constater qu’Azali est le Chef de l’État et Mouigni du CNT, le chef de l’Opposition. Voilà pourquoi l’analyse des vœux de nouvel an des deux personnages s’impose à ceux qui cherchent à comprendre la situation du pays.
Commençons par Azali.
Fidèle à lui-même il met l’accent sur la paix, la concorde, le dialogue, etc. Pour lui c’est la base de tout progrès économique et sociale. Malheureusement on s’aperçoit très vite qu’il s’agit de sa démagogie habituelle. Des vœux « pieux » pour donner le change et leurrer les naïfs et ceux qui ne suivent pas de près la situation du pays. Car il n’aborde pas les questions qui fâchent, il ne trace aucune orientation pour rassembler. Au contraire il enfonce le clou. Le mouvement de contestation de la diaspora serait le fait de quelques éléments forcenés qui répandent la haine. Pour le reste le pays est en démocratie. Les législatives et les communales de 2020 devront se dérouler dans les meilleures conditions pour consolider la démocratie et le respect des lois. Il semble avoir zappé l’Opposition.
On a eu droit à ses chants mielleux sur le développement à l’horizon 2030, ses réalisations en matière d’infrastructure, sa conférence de Paris et son Plan Comores Émergents (PCE), etc.
Nouveauté cette année : l’importance accordée à la lutte contre la corruption dans son discours. Des phrases ronflantes mais rien de bien concret, aucune analyse de ce cancer qui ronge le pays et par conséquent aucune mesure annoncée.
Le clou me semble être : sa solidarité avec « les pays victimes d’occupation illégale dont la Palestine ... » et cela sans évoquer dans tout son discours la question fondamentale de l’île comorienne de Mayotte, même pas l’esquisse d’un bilan de sa nouvelle politique consacrée par les accords cadres pour répondre aux nombreuses critiques légitimes qui lui sont adressées. Aucune pensée sur les morts et disparus du bras de mer Ndzuwani – Maore.
Les vœux d’Azali à la nation témoignent de sa volonté de poursuivre sa politique du plus fort pour se maintenir au pouvoir ad vitam æternam.
Venons en à Mouigni.
On pouvait attendre au minimum un procès du pouvoir actuel. Eh non ! On se contente des dénonciations habituelles des hold-up électoraux de 2018. Mouigni stigmatise les « contrôles systématiques » des personnes pour étayer un « climat de terreur au sein de la population». Rien sur le traitement inique du Président Sambi, du Gouverneur Salami, de Idi Boina, Saleh,… Rien sur la répression à Ndzuwani. Rien sur l’assassinat de Gazon passé en perte et profit par le pouvoir ; sur les mauvais traitements des journalistes et l’inféodation des médias publics ; rien sur ce qui passe dans l’appareil judiciaire, rien sur les rumeurs de torture attribuées à Kiki.
Mouigni se ridiculise en s’acharnant sur la critique de l’ouverture du consulat comorien au Sahara. Comme si cela suffisait à dénoncer la diplomatie de la main tendue d’Azali.
Aucune analyse des élections législatives et municipales. Mouigni affirme pourtant que ce sera « fatal » pour le pays. Quelle voie pour empêcher Azali de « nommer » les députés. ? Mouigni se contente d’en appeler à la conscience des électeurs. Même pas un appel ferme et clair pour un boycott actif des scrutins.
Rien sur le fumeux Plan Comores Émergentes qui constitue pourtant le point central de la communication du pouvoir. Un PCE qui fait pourtant illusion au regard des réalisations du pouvoir en matière de routes.
S’agissant des défis que le pays devrait relever en 2020, on a du mal à le croire. Mouigni évoque superficiellement l’unité de l’opposition ; la défense des institutions (!) et le développement économique. Unité de l’opposition sans la moindre proposition. Défense des institutions : les élections. S’agissant de l’économie on a eu droit à des pistes : la fiscalité et les recrutements dans la fonction publique ! Incroyable mais vrai
Le Chef de l’opposition se contente de saluer les forces qui combattent la dictature, et en appelle à la communauté internationale. Nouveauté il semble se placer sous la direction d’Agoi. La seule perspective dessinée se rapporte en effet au rassemblement du Sénégal le 7 février prochain, rencontre annoncée par Agoi. Le président du CNT en attend « le bilan et les orientations futures de la lutte ». On est tombé bien bas !
Confirmation de la vanité du président de la CNT et de l’opposition officielle.
Résultat des courses : le pays aborde la nouvelle année dans les pires conditions. D’où mon vœu : que le pays voit cette année, émerger une nouvelle force politique capable de porter ses aspirations nationales, sociales et démocratiques.
En tout cas Bonne et heureuse année 2020 « aux en-bas-de-en-bas ». MGU NAFUNGULIE YENTSI YAHATRU YEZILONA HERI
Idriss(01/01/2020)

Commentaires

Anonyme a dit…
I really like your writing style, excellent info, regards for putting up :
D.

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

Quel avenir du Monde ?

 La 79° AG de l’ONU s’est ouverte mardi 10 septembre sous le thème : « l’unité dans la diversité, pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine partout et pour tous ». Les dirigeants des 193 états membres vont donc se rendre à New York pour y prononcer des discours, des heures et des heures durant lesquelles on va rivaliser de joutes oratoires lénifiantes sur les crises qui tenaillent le monde et les problèmes particuliers de chaque pays. Des formalités qui coûtent chères au regard des sommes folles englouties dans des frais onéreux en déplacements, perdiem, etc. Un poids lourd sur les budgets de pays pauvres comme les Comores. Cette 79° AG pourra-t-elle se hisser à la hauteur des défis ? Difficile de le croire ! On se contentera de généralités. On n’osera pas dénoncer et sanctionner les USA en tant que parrain du massacre des Palestiniens. On n’osera pas dénoncer ceux qui ont dépecé le Soudan et qui sont à la manœu...

79° AG DE L’ONU : L’HUMANITE DANS LA DETRESSE

  Un génocide en direct et l’ONU peine à en parler ! Et ce n’est pas le boycott par quelques délégations, du discours de Netanyahou, le premier ministre suprémaciste israélien, qui en change la donne. Les instances internationales spécialisées comme la Cour Pénale Internationale, la Cour Internationale de Justice, les organisations de défense du droit humanitaire international, sont contraintes d’utiliser des euphémismes. Ce qui ne les préserve pas de pressions insupportables, voire d’attaques haineuses inimaginables des soutiens inconditionnels du sionisme israélien. Pire encore, si d’aventure il y aurait pire encore, Israël étend son champ d’action : de Gaza et Cisjordanie, le territoire palestinien, au Liban et à la Syrie. Le déluge des bombes ne lui suffisant pas, Tsahal se lance dans une invasion terrestre au Sud Liban. Cet aventurisme guerrier se généralisera-t-il jusqu’à l’Iran ? Tout le laisse croire. Au total, les simples humains assistent impuissants ...