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LA LETTRE DE SAMBI A AZALI PEUT-ELLE ÊTRE LETTRE MORTE ?

Lettre émouvante s’il en fallait. Lettre solide dans son argumentaire. Lettre qui devrait soulever l’indignation de tous ceux qui croient en la justice, au respect des lois.

Lettre semi-ouverte puisqu’elle a été rendue publique via les réseaux sociaux. Car Sambi lui même l’affirme : faute de procès et dans le doute de ce qui peut lui arriver, il voulait se défendre publiquement, contre l’opprobre jeté sur sa personnalité, contre l’injustice qu’il subit. Personne ne pourra plus dire qu’il ne savait pas.

Je crois que la revendication de la liberté pour Sambi dépasse les clivages politiques, soulève des questions essentielles sur le respect de la liberté individuelle dans le pays. Son cas n’est pas isolé. Comment oublier Salami détenu depuis plus d’un an sans procès. Saleh aussi, remis dans les geôles pour avoir osé parler de ses conditions de détention.

Je ne suis pas juriste mais je m’appuie sur ce qui est affirmé par les professionnels du droit. Ils soutiennent que personne ne peut être détenu au-delà de huit mois (une éternité pour ceux qui ont une idée de la détention) sans une décision de justice. Quelqu’un aurait souligné une singularité pour les personnes soupçonnées de pillage des deniers publics : il faudrait une caution égale au montant du préjudice. Si en deux ans, la justice ne parvient pas à juger un prévenu, ce n’est pas au détenu de subir les conséquences de cet immobilisme. N’en déplaise au Ministre Msaïdié qui à la revendication de libération oppose la rapidité de la tenue du procès. Après plus de huit mois, une telle argumentation ne tient plus. Au delà de deux ans, c’est un déni de justice. Les accusés doivent être libérés, peut-être placés sous contrôle judiciaire, mais libérés, en attente dehors de leur procès.

Je ne me hasarderai pas à émettre des jugements sur l’appareil judiciaire du pays, mais on me concédera la possibilité de m’interroger sur ceux qui doivent dire le droit et le faire appliquer. On me concédera le droit de demander à comprendre. Le Procureur de la République, familier des médias et des réseaux sociaux pourrait nous expliquer ce qui arrive à un ancien Président de la République pour calmer les angoisses de nombre de citoyens comoriens. Nous avons le droit de savoir :

- Pourquoi Sambi est maintenu en prison après les huit mois légaux. Quel est l’acte juridique qui fonde ce fait

- Pourquoi, malgré une décision de justice, Sambi n’a pas pu se faire soigner depuis janvier 2020

- Où en est le processus d’organisation du procès de Sambi et de tous ceux qui sont impliqués dans le scandale de la citoyenneté économique

La justice est, je crois, rendue au nom du peuple. Le moins que l’on puisse dire est que l’opinion publique, ou une grande partie d’elle, ne comprend pas, désapprouve le traitement réservé à cet ancien président de la République.

Il fut une période où nos présidents se faisait assassiner (Ali Soilihi, Ahmed Abdallah, Taki) ou se faisait déporter (Papa Djo) par les mercenaires. Allons nous assister à des règlements de compte entre ancien et nouveau président ? Quel sera l’impact sur la paix et la stabilité du pays ? Quel avenir prépare-t-on au pays ?

Ne pas donner une suite quelconque à la lettre de Sambi ne pourra que susciter encore plus d’inquiétude et envenimer une situation déjà tendue

Idriss (04/06/2020)

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