La réalité dépasse le rêve ! Qui l’eut cru. En quelques quinze ans de travail acharné, un petit pays de moins d’un million d’habitant et de moins de trois mille km2, un pays pauvre des pauvres, se hisse au sommet du football de son continent.
De la qualification des Comores à la phase finale de la CAN 2022, nous éprouvons un bonheur incommensurable. Nous en retirons aussi de la fierté, de la dignité dont nous avons tant besoin dans ce pessimisme ambiant qui démoralise, qui paralyse.
Il nous faut alors analyser cette victoire qui nous dit tout haut que tout est possible si on ose, si on fait preuve de persévérance malgré une dure adversité, si on arrive à s’orienter dans la complexité du monde d’aujourd’hui. Qu’est ce que j’en retiens ?
1-
La confiance dans les compétences nationales est un excellent
investissement. Les dirigeants du foot comorien ont misé sur Amir
Abdou, un coach professionnel comorien inconnu jusque là. Mais
lui possède un avantage conséquent : il connaît le pays,
l’environnement. Il pourra s’enraciner dans une réalité
concrète qu’il perçoit profondément. Un
pari qui a payé même s’il a fallu attendre plus de dix ans.
Amir
Abdou a travaillé, pas seulement pour l’argent (Le
salaire du coach français des éperviers est au delà de dix fois
celui du coach comorien),
pas seulement pour sa réussite professionnelle, il s’est engagé
corps et âme pour son pays. Plus le processus d’édification d’une
équipe nationale avançait, plus il était fier, plus il
s’engageait. Il nous a porté aux nues ces derniers temps et il est
devenu un coach célèbre que des grandes équipes se disputent.
2- La personne qu’il faut à chaque place. Amir Abdou est parvenu à se soustraire de toutes les pressions politiciennes, insulaires, etc. Il a choisi le meilleur comorien à chaque poste. On est à des années lumière des pratiques qui ont cours dans les jeux internationaux de l’Océan Indien. Les résultats sont là. Autant on éprouve de la honte face aux performances des Comoriens aux JIOI autant on est aux anges sur la CAN.
3-
Les jeunes comoriens aiment leur pays et sont prêts à le servir. Si
les conditions sont réunies, ils seront présents. Quelle que soit
leur île d’origine, la plupart des jeunes footballeurs comoriens
ont répondu aux sollicitations d’Amir Abdou quand ils ont pris
connaissance du projet et du sérieux de la démarche mise en œuvre.
Une dynamique vertueuse nourrie par les victoires des cœlacanthes.
Une mention spéciale aux jeunes Maorais des cœlacanthes. Pour
la plupart sinon pour tous, ils ne se sont pas engagés en politique.
Ils ne se positionnent pas sur le conflit entre les Comores et la
France. Passionnés de foot, ils se sont engagés tout naturellement
dans l’équipe des Comores. Non sélectionnables dans l’équipe
de la France, ils se sont tournés spontanément vers l’équipe
susceptible de les accueillir et de donner à leur carrière une
forte impulsion.
Des liens entre habitants de l’archipel des
Comores sans interférences d’États avec toutes leurs arrières
pensées. Il en a toujours été ainsi. L’unité de l’Archipel
s’est historiquement construit spontanément. Elle a été
formalisée par le colonialisme français pour en faciliter la
gestion. Ce formalisme a été rompu par le néo colonialisme
français qui voulait se maintenir directement à Maore. Jusqu’ici,
nous ne sommes pas parvenus à créer notre propre État.
Après près de 50 ans de séparation, malgré la haine cultivée par certains Maorais, Maore est resté profondément comorien. La vie de tous les jours dans les villes et villages maorais en témoigne éloquemment. Nous pouvons et nous devons développer les relations entre nos quatre îles sans les États, entre population. Le foot montre le chemin. Les cœlacanthes mais aussi les vétérans d’Ajao qui échangent souvent avec des vétérans de Maore.
Puisse cette victoire grandiose qui remplit nos cœurs donner de l’âme aux patriotes comoriens. Rejoignons ukombozi.net pour frayer des nouveaux chemins menant au renouveau d’un patriotisme social et international.
Idriss (26/03/2021)
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