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UKOMBOZI TOUCHE UN POINT SENSIBLE : LA QUESTION DES PROGRAMMES

Ukombozi est un petit groupe créé fin février 2021, (voir ukombozi.net). Mais il gêne. C’est qu’il met le doigt sur un point essentiel, jusqu’ici minimisé par les organisations politiques du pays : la question des programmes. Mais comme il est difficile de s’attaquer directement à Ukombozi, on me cible. Mais cela va au-delà du combat politique. On déverse une haine inimaginable contre moi, jusqu’à me rendre responsable des crimes d’Azali. Même ma famille est couverte d’opprobre. Lors de l’émission de DAULA YA HAKI consacré à Ukombozi, j’étais vraiment embarrassé entre répondre aux attaques personnelles, ce qui aurait détourné l’émission de ce qui m’apparaissait essentiel mais je ne pouvais pas non plus les ignorer. Je n’étais donc pas à l’aise du tout ni pour me défendre ni pour promouvoir les idées de base de Ukombozi.

Je riposte car les attaques continuent. Il va de soi que je ne vais pas me rabaisser en répondant à ceux qui se croient en position de juger les positions des uns et des autres. Par contre je vais commencer par fournir des éléments sur les attaques concrètes contre moi pour permettre aux gens honnêtes de se faire une opinion sur la base de faits et non sur des échafaudages dont il est difficile de discerner les vrais motivations.

1- Je n’ai pas la nationalité française ! Pour autant je ne jette pas la pierre aux compatriotes qui l’ont adoptée pour trouver des issues à leur situation. Je ne leur dénie pas leur droit de défendre leur pays. Pire je crois qu’il faut avoir l’esprit malade pour tomber dans ce travers, surtout quand on se réclame de DAULA YA HAKI dont nombre de participants détiennent la nationalité française.

2- En mars 1985, les membres du FD ont été libérés par vagues. Il y a ceux qui l’ont été en décembre 1985, une petite poignée. Suivi par les libérations de mai 1986, pratiquement tout le monde. Restés alors Moustoifa Cheikh, Abdou Mhoumadi, Mohamed Abdou Soimadou et moi. J’ai quitté les geôles en août 1987 en même temps que Soimadou suivi d’Abdou quelques mois après. Moustoifa est sorti de prison en 1989, suite au renversement d’Ahmed Abdallah

3- Mon fils n’a pas eu de marché avec l’aéroport de Hahaya. Il a décoré un restaurant privé qui s’est implanté dans l’aire de l’aéroport. Une affaire totalement privée

4- A mon retour au pays en 1983, j’ai travaillé quelques mois à l’entreprise nationale de l’électricité et de l’eau qui s’appelait à l’époque EEDC. Je fus viré comme un mal propre en quelques minutes suite à une intervention du Directeur de Cabinet de la Présidence. J’ai décidé alors que je ne travaillerai plus pour l’État comorien. Il faut être d’une stupidité crasse pour considérer que tous les entrepreneurs comoriens sont à mettre au pilori, pour faire croire que tout patriote doit travailler dans l’appareil d’État.

5- Comores Informatique (CI) a remporté en 2006 le marché relatif à la réalisation d’un système d’information automatisant la compensation bancaire, à la suite d’un appel d’offre international. C’est vérifiable. Le succès de ce projet est incontestable. Depuis 2006, toutes les institutions financières du pays utilisent tous les jours un logiciel de CI. Ce succès aurait du propulser CI. Eh bien il n’en est rien. Au contraire des campagnes dénigrent CI pour expliquer sa mise à l’écart. CI a survécu jusqu’ici en collaborant avec des sociétés étrangères qui réalisaient des projets aux Comores.

6- Les attaques contre le jardin de la Paix sont générales et ne traduisent que l’esprit tordu d’un homme animé par la seule haine.

7- Quant à mes positions sur le régime Azali, mon blog est clair. Il faut être malhonnête pour me mettre sur le même plan que Boléro, pour prétendre que je suis un conseiller d’Azali, pour me rendre responsable des crimes du régime.

S’agissant des présidentielles de 2016, j’ai pris publiquement position au 2ème tour pour Azali. Je m’en suis expliqué largement sur mon blog. Je résume. Mamadou incarne la mauvaise gouvernance du pays. Il a pratiquement participé à tous les gouvernements depuis l’indépendance, souvent en tant que ministre des finances. Il se glorifie d’être le pantin du FMI et de la Banque Mondiale, les principaux responsables de la situation lamentable de notre pays et de tant d’autres en Afrique. Je dois dire que j’en voulais terriblement au pouvoir Ikililou-Mamadou-Msaidié qui avait refusé de considérer notre proposition d’assises qui se seraient alors déroulé dans un contexte plus apaisé, sans enjeu pour ceux qui quittaient le pouvoir.

Mais il y a pire encore. La fin de ce pouvoir marquait la fin du premier cycle de la Tournante. Les accords de 2001 préconisaient un bilan, particulièrement si la Tournante ne pouvait pas tourner vers Maore. Eh bien le tandem Ikililou-Mamadou-Msaïdié ignora le combat du Comité Maore et des organisations patriotiques de l’émigration pour respecter le tour de Maore. il refusa obstinément tout bilan, toute concertation. Il agit, contrairement à la Constitution, comme si le pays était composé de trois îles. Il entama un nouveau cycle de cette Tournante désastreuse. D’où mon mot d’ordre « tout sauf Mamadou ».

De l’autre coté l’alliance Azali Sambi paraissait susceptible d’initier une dynamique nouvelle, sans précédent au sommet de l’État. Un pouvoir se basant sur 2 grandes forces politiques préfigurait un fonctionnement plus démocratique. J’ai donc soutenu Azali sans m’intégrer dans sa campagne.

Mon choix se comprend dans le contexte de l’époque pas à celui d’aujourd’hui. Personne ne pouvait deviner qu’une fois au pouvoir, Azali allait renier ses engagements et emprisonner Azali, Dr Salami ainsi que tous les cadres du parti Djuwa. Personne ne pouvait prédire qu’Azali allait peu à peu s’enfoncer dans une dynamique autocratique.

8- Je ne suis pas un « navigateur politique ». Je ne suis pas comme ceux qui un jour sont d’un coté et de l’autre le jour suivant. Mes positions sont claires. J’attaque le régime en place mais je cherche aussi des améliorations de la situation concrète du pays. Une cohérence qu’un malade ne peut pas comprendre.

Qui peut prétendre qu’il faut attendre la fin du régime Azali pour lutter contre les pénuries qui affament les simples gens, pour lutter contre l’absence de service public, pour la santé, pour l’école, etc. Ces combats-là ne peuvent remporter des résultats positifs sans une démarche judicieuse envers le pouvoir en place. On peut s’époumoner sur la nature du régime Azali, il n’en reste pas moins qu’il détient le pouvoir, il faut donc faire avec. C’est ce qui explique mes contacts avec lui sur bien de lutte concrète, pour des objectifs précis.

Je peux donc maintenant passer à la question principale.

L’absence de programmes des partis et organisations.

Aussi loin que l’on remonte dans le temps, force est de constater qu’aucune organisation politique ne s’est dotée d’un programme politique. Les regroupements ne reposaient sur aucune base programmatique.

Seul Ali Soilihi avait formulé un programme conséquent pour assurer le développement du pays. On peut en discuter mais le fait est incontestable.

S’agissant du FD aucun militant ne peut soutenir que nous avions un programme. Nous avions une vision appuyée sur des convictions idéologiques mais nous n’avions pas à proprement parler un programme qui systématisait nos vues sur le pays et les voies de son relèvement! D’ailleurs cela s’est vu lorsque des dirigeants du FD ont accédé à des postes ministériels. Ils se sont débattus sans orientation, ce qui ne leur a pas permis de donner la mesure de leurs convictions. Ils furent des ministres comme les autres, sans laisser de trace de leur passage.

Cette situation perdure puisque les nouvelles organisations suivent la même voie. Selon Ukombozi, ce phénomène participe lourdement à l’incapacité à ouvrir des voies de rédemption du pays. Voilà pourquoi son premier objectif est l’élaboration collective d’un programme susceptible de porter haut les aspirations du pays et du peuple. Voilà pourquoi Ukombozi cherche à compiler comme matériau de départ les programmes existants. Malheureusement les nouvelles organisations se sentent agressées quand on les sollicite. Ce qui aboutit là encore à des attaques personnelles.

Qui est Idriss pour demander qu’on lui adresse nos programmes. N’est ce pas d’un ridicule achevé. Tout parti popularise son programme, met ce dernier à la disposition de tous, mène un travail d’explication, etc. Car c’est la seule façon de recruter, de mobiliser derrière soi. Un programme, on l’écrit et on le diffuse. Aujourd’hui on se dote aussi d’un site pour propager son programme. Un parti devrait se réjouir si quelqu’un cherche à connaître son programme. Le couvrir d’opprobre c’est un indice tangible que l’organisation n’en a pas et que ses militants ne veulent pas le reconnaître. Ce qui est dommage de se fermer les yeux pour ne pas corriger ses erreurs.

Par ailleurs les mêmes soutiennent que c’est absurde de demander à un mouvement de la société civile de se doter d’un programme. Daula Ya Haki est juste une boussole qui cristallise les aspirations du peuple comorien, pas besoin de lui donner un contenu vivant.

Ukombozi craint qu’avec DYH, l’on refasse la même erreur que dans les années 60-70 avec le mot d’ordre UHURU. Car cela a coûté cher au pays en favorisant la récupération de l’indépendance par l’impérialisme français et ses laquais comoriens.

DYK a émergé autour de revendications précises : non reconnaissance de la constitution d’Azali, dénonciation des élections, exigence de tout annuler et tout recommencer. Tout cela est oublié ou n’est plus mis en avant. En se focalisant sur Azali et sur son règne abominable on détourne DYK de ses objectifs initiaux. Quand on met l’accent sur « Azali nalawe », on devrait poser la question de son remplacement. On rabaisse le mot d’ordre DAULA YA HAKI qui apparaît comme une arme au service d’ambitions politiques. Si on veut sortir du système « djuha ni kentsi », le mouvement DYK devrait rassembler autour de ses revendications précises. Les forces politiques se positionneront, chacun suivant ses conceptions sur ces revendications.

Sans s’appuyer sur un programme politique conséquent, on ne pourra pas frayer la voie du relèvement du pays. C’est le credo d’Ukombozi.

Idriss (02/07/202021)


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