Le pouvoir Azali
triomphe, se congratule, ne trouve pas assez de qualificatif dithyrambique pour
avoir « honoré sa promesse » (Alwatwan numéro 4431 du 24/05/2022). On
y apprend que pour « faire face à la crise des denrées alimentaires … Si
les armateurs rechignent à venir ici, nous devrions trouver le moyen d’aller récupérer
nos marchandises surtout si elles se trouvent non loin de chez-nous ». C’est
« chose faite » avec le porte conteneur !
Pour peu que l’on s’intéresse
aux enjeux stratégiques et économiques, on mesure la fatuité du pouvoir Azali.
La stratégie française
vise à faire du port de Longoni à Maore, le hub du pays, voire de la région. L’objectif
saute aux yeux : valoriser le maintien de Maore sous sa férule et se
donner un autre outil de « punition » donc de chantage sur le pouvoir
comorien. Car la France pourra à loisir bloquer « nos marchandises »
à Longoni jusqu’à ce qu’on obtempère à ses desideratas. Rappelons-nous le
chantage au visa de la France parce que Sambi voulait imposer des papiers d’identité
en bonne et due forme pour les personnes circulantes entre les îles. Une exigence
élémentaire en ces temps de terrorisme, mais comme elle pouvait gêner les
expulsions manu militari de Mayotte, la France a contraint le gouvernement
comorien à reculer. On voit aujourd’hui la diplomatie de la punition s’étaler
au grand jour.
Bien sûr, le port de Longoni
appartient aux Comores et l’on ne peut que s’en féliciter. Disposer de deux
ports internationaux de qualité (Ndzuwani et Maore) et deux ports de
transbordement (Mwali et Ngazidja) constitueront des atouts économiques
conséquents. Mais aujourd’hui, l’Etat comorien devrait se battre pour ne pas
dépendre, en quoi que ce soit d’infrastructures maorais, en l’occurrence le
port de Longoni.
Malheureusement par
inconscience et/ou veulerie face à la France, Azali s’inscrit dans une
stratégie de capitulation. Azali va entrer dans l’Histoire du pays comme le président
qui a ouvert la voie de la départementalisation de Maore et qui aura validé subrepticement
l’annexion de l’île comorienne.
Les 800 millions du porte
conteneur auraient pu et dû servir à remettre en état le port de Ndzuwani, le promouvoir
et professionnaliser sa gestion. Car un pouvoir responsable ne peut pas se satisfaire
du boycott du port de Ndzuwani par les armateurs avec une explication
simpliste « rechignement ».
Enfin comment comprendre
et admettre que face à la crise qui tenaille le monde suite aux affrontements
entre l’Occident et la Russie en Ukraine, un gouvernement puisse baser sa
stratégie de lutte contre la crise alimentaire sur l’importation. Ailleurs les
dirigeants cherchent des moyens de limiter leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Quand allons nous voir
une stratégie concrète dans le secteur de l’agriculture, de promotion de
petites unités agro-industrielles ? Devons-nous mourir de faim si les
transports maritimes s’arrêtent comme lors de la première phase du Covid ou en
cas de guerre dans notre région ?
Décidément la voie de l’émergence
d’Azali s’avère être de « l’immergence » !
Idriss (27/05/2022)
Commentaires