La crise est profonde.
Elle est économique, l’aggravation des conditions de vie de
la population en témoigne sans conteste.
Elle est sociale, le tissu social est comme frappé par une
maladie incurable qu’une corruption débridée rend insupportable.
Elle est politique, la fracture du microcosme politique n’a
jamais été aussi profonde et l’absence d’issue aussi désespérante !
Faut-il pour autant baisser les bras, sombrer dans le profond
comoro-pessimisme ambiant et opter pour des stratégies de survie individuelle. Non
bien sûr. « VEDZA DUDJA GAVO MWAMBA » soutient la morale populaire
comorienne. Il faut donc chercher la voie du salut de la nation ?
On se tourne alors vers les acteurs politiques de premier
plan, ceux qui pèsent sur le cours des événements. Que peut-on en attendre ?
En premier le pouvoir. Les forfanteries de la CRC et du
pouvoir cachent mal les tourments d’Azali et de son premier cercle. Les
présidentielles de 2024 s’annoncent mal. Difficile de rééditer la mascarade de
2019. Il faut absolument ravaler la façade pour obtenir le visa de la France
vers le pouvoir. Mais voilà les tentatives « d’ouverture » du clan
Azali ne passent pas. Le président manie avec ruse la manipulation, intrigue
sans réserve. Et puis tout le monde devine le projet d’Azali : demeurer au
pouvoir ad vitam aeternam. De ce côté-ci, l’on ne peut attendre que le pire !
Et l’opposition alors ! Minée par les égos
surdimensionnés de ses multiples chefaillons, elle fait du sur place. On ne
cerne pas bien les contours des partis et rassemblements. Elle étale ses
divisions au grand jour. La visite de Mougni Baraka à Azali en témoigne
éloquemment. Et que dire du spectacle insipide produit par le Conseil National
de Transition dont on ne voit plus très bien l’utilité. CNT, gouvernement en
exil ! Qui dirige qui et quoi ? Ne faudrait-il pas éviter d’être
ridicule ?
De son côté Orange, qui ne se situe formellement ni dans
l’opposition ni dans le pouvoir, fourbit ses armes en sourdine. Son président
Kiki voudrait devenir la carte maitresse de la France au détriment d’Azali.
Mais Kiki ne semble pas avoir la carrure d’un Chef d’Etat. Il a encore du
chemin à parcourir. Et puis son image de chef de milice lui colle à la peau. Azali
semble donc avoir l’avantage mais rien n’est vraiment joué. De plus rien ne dit
que la France ne nous sortira pas un autre larron de son chapeau maléfique.
En tout cas, aucune force comorienne ne semble en capacité d’empêcher
la France impériale de placer un de ses hommes à la tête du pays.
Les forces patriotiques en effet, les seules à pouvoir s’opposer
résolument à la France, ne peuvent pas encore représenter une
alternative. Une forte inertie pèse sur la population malgré un large et fort
mécontentement accentué par les pénuries et la hausse des prix. Elle tire ses
sources des déceptions induites par les leaders politiques de tout bord, de l’absence
d’un courant politique capable de porter les aspirations du pays. Les
Organisations qui ont émergé ou qui émergent, Naribarikishe Ye Komori (NYK), Suluhu,
Ukombozi, ne pèsent pas encore assez sur la scène politique. Ces forces
seront-elles capables de s’unir autour d’un programme vraiment commun, de se
rassembler alors au sein d’une organisation unique. Il faut l’espérer et y
travailler avec résolution. Porteurs de l’avenir, elles n’incarnent pas encore
le présent.
Devons-nous donc renoncer et attendre des lendemains dont on
ne voit pas l’aube ! Certainement pas. Les forces qui veulent en finir
avec le pouvoir Azali devraient se focaliser sur les présidentielles de 2024,
batailler sérieusement et fermement pour les gagner. Pour y parvenir deux
préalables sont déterminants :
1-Elaborer un programme de transition. Il ne s’agit pas de
conquérir un pouvoir mais de le construire. L’enjeu est de doter le pays d’institutions
comoriennes épousant les réalités du pays. Un an ou deux maximums, pour bâtir
les fondations d’une vraie république comorienne
2-Se placer derrière un candidat unique. De préférence, un
Mdzuwani qui réponde aux critères de la présente constitution.
On pourrait constituer un noyau pour initier le processus si,
comme on peut le craindre, l’Opposition s’avère incapable de lancer la
dynamique avant la fin de l’année 2022.
Idriss (15/09/2022)
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