On pourrait penser à la mascarade électorale en cours, à cette
agitation insensée autour des candidats, etc. Il n’en est rien, même si chacun
comprend que cela ne peut pas, ne pas avoir de liens avec la direction du pays.
Non, non et non. Ces élections ne changeront rien d’essentiel aux destinées du
pays, encore moins à notre jeunesse.
Nous pensons nous, à la grève illimitée déclenchée depuis le 17
novembre par les enseignants du primaire et du secondaire du secteur public.
Tout le monde sait que le pays n’a plus d’enseignement public.
Tout le monde est alerté à chaque fin d’année par les résultats
catastrophiques aux examens.
Des établissements scolaires en ruine qui voient leurs nombres
d’élèves fondre jusqu’à conduire à la suppression de divisions.
Un enseignement qui singe bêtement le système français et qui
éduque de moins en moins. Pensez-donc, des diplômés de l’Université des Comores
incapables d’écrire et de parler dans leur langue d’enseignement. Des étudiants
incapables de défendre leur propre quotidien (cantine, logement, déplacement,
etc.). Une université d’enseignants chercheurs qui ne produit pas d’œuvres
scientifiques, philosophiques, littéraires ou autres depuis de dix ans d’existence.
Un pays sans école, un pays sans avenir, un pays qui sacrifie ses
enfants. Tout le monde en est conscient mais le pessimisme, la passivité l’emporte.
On croit à des stratégies individuelles, à un système D illusoire.
Les enseignants.
Sacrifiés aux aussi. Un métier dévalorisé. Y restent ceux qui ne
savent plus quoi faire d’autre ou des dévoués, des personnes dont c’est la
vocation. Et il y en a, des héros inconnus, des héros obscurs qui s’obstinent.
Leur principal problème porte sur un quotidien tendu. Comment
tenir débout le ventre vide ? Comment s’habiller dignement, se rendre à
ses cours, assurer le minimum à sa famille, etc. ?
Alors on jongle avec le privé. Alors les revendications portent
principalement sur les salaires.
Il existe pourtant des travaux conséquents sur l’éducation
nationale comorienne mais ils n’intéressent personne, en tout cas pas le
ministère de l’éducation et encore moins Azali et son clan.
Les élèves.
L’histoire de notre pays est marquée par les luttes de la
jeunesse, en premier lieu des élèves, lycéens et étudiants. Février Mars 1968
la fameuse grève lycéenne du Lycée Said Mohamed Cheikh partie de l’Histoire du
pays. L’Association des Stagiaires et Etudiants des Comores, ASEC, une
évocation chargée de sens et d’enseignements. Comment oublier OMSOMO WANYUMENI
et son impact sur la culture comorienne ?
La jeunesse d’aujourd’hui accuse un lourd handicap. Elle n’arrive
même pas à se mobiliser largement pour défendre sa vie, son avenir. Bien sûr
qu’on peut l’expliquer mais comment ne pas y déceler un rapport avec l’éducation
qu’elle reçoit.
Les parents.
L’enseignement se meurt et les parents semblent perdus. Plusieurs
facteurs soulignent leurs responsabilités dans la désorganisation du système
éducatif
· Le
non-respect de la carte scolaire. Chaque région, voire chaque village veut son
école publique, son collège et son lycée. Une aubaine pour les politiciens véreux
au pouvoir qui jouent sur les séparatismes pour corrompre, gagner de l’électorat,
etc. On se retrouve donc avec plusieurs collèges et plusieurs lycées
inopérants : pas assez d’élèves ni d’enseignants de qualité
· Face
à la déconfiture du public, certains villages se dotent d’établissements privés
propres. Mais autant il est plus ou moins facile de construire des bâtiments,
autant il n’est pas possible de doter en permanence l’établissement des moyens
de fonctionner : enseignants, fournitures, etc. Les villages ne peuvent
pas assurer localement les tâches de l’éducation nationale.
Les politiques
En avons-nous ? Question cruciale. Autant on ne peut pas compter
les politiciens, autant on a du mal à identifier des hommes politiques d’envergure
soucieux des intérêts nationaux et sociaux.
Ce sont les politiciens, les premiers et les principaux
responsables de la catastrophe nationale en lieu et place de l’éducation
nationale. Irresponsabilité, corruption et incurie se conjuguent au sommet de l’Etat.
En cette veille de présidentielles qui parle d’éducation ? Une
dizaine de candidats, aucun programme proposé au pays. Cela viendra en son
temps, nous assure-t-on ? Un aveu !
Le ridicule ne tuant pas, on assiste, médusé, à la propagande du
CRC, le parti d’Azali, sur les groupes électrogènes nouvellement acquis et qui sortiraient
le pays du noir ! Une indigence de leur Plan Comores Emergeant dont on
nous rabat les oreilles depuis près de huit ans.
L’organisation patriotique UKOMBOZI, malgré son peu d’envergure et
de moyens, a engagé un combat sur le secteur de l’enseignement.
Elle avait proposé la tenue d’un séminaire des professionnelles de
l’éducation sans interférence étrangère. Il faut une systématisation d’une
orientation de l’éducation que l’on doit donner aux enfants aux différents
étapes de leur croissance. En vain.
Elle avait initié un groupe de réflexion SHAO SHA MSOMO, sans
suite.
Elle consacre désormais sa chaine youtube* à collecter des opinions
autorisées sur l’éducation nationale, une base qui pourra servir le moment venu.
Elle émet le vœu qu’à l’occasion de la grève illimitée en cours,
les organisations syndicales, en premier la Fédération de l’éducation nationale
et la Confédération des Travailleurs Comoriens, prennent des initiatives d’envergure,
mobiliser le pays tout entier et soulever un large mouvement de protestation. Les
luttes autour de l’éducation ne concernent pas les seuls professionnels de l’enseignement.
C’est tout le monde qui doit se lever !
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