En ce 50ème anniversaire de l’indépendance des Comores, il importe de bien comprendre le processus qui a conduit notre pays à cette indépendance formelle, une indépendance qui a produit des progrès considérables, sans comparaison avec la vie des Comoriens de l’époque coloniale pure et dure. Une indépendance qui néanmoins ne nous a pas apporté les fruits que notre peuple était en droit d’attendre.
Une indépendance bidon lorsqu’on constate qu’au bout de 50
ans,
·
Notre pays n’a pas réussi à recouvrer et
préserver son intégrité territoriale ni à consolider son unité nationale
(question de Maore, montée du séparatisme insulaire)
·
Les conditions d’existence des Comoriens, dans
leur grande majorité, sont inacceptables, difficultés de se nourrir
correctement, dépendances en tout de l’extérieur, conditions extrêmes en termes
d’eau, d’électricité, d’enseignement, de santé, de justice, etc.
Pour renverser cette situation, il est nécessaire d’analyse
de près les forces en présence, de cerner les enjeux et l’issue de leurs
affrontements.
Le colonialisme français
Premier acteur à considérer. Instruit par son expérience
coloniale, les dirigeants français avaient compris qu’ils devaient s’adapter à
la force du mouvement anticolonial. Cette stratégie a été systématisée par
Pierre Messmer dans ses mémoires en ces termes « la France accordera
l’indépendance à ceux qui la réclamaient le moins, après avoir éliminé
politiquement et militairement ceux qui la réclamaient avec le plus
d’intransigeance » (fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Messmer).
Cette stratégie fut appliquée avec succès partout lors des
indépendances des colonies françaises d’Afrique des années 60. La France assume
l’assassinat de centaines de morts de patriotes africains.
C’est cette stratégie qui fut mise en œuvre dans notre pays.
Les accords de juin 1973 en témoigne éloquemment. Ceux qui se sont battus pour
l’indépendance ont été écarté au profit d’Ahmed Abdallah.
Les patriotes comoriens
Comment expliquer leur échec face à la stratégie française.
En premier lieu l’absence de vision politique. Le slogan
« MKOLO NALAWE » (Colons dehors) ne suffisait pas pour tracer une
orientation. Le socialisme du Parti Socialiste des Comores (PASOCO)resta un
mystère pour les Comoriens.
Intervient aussi les divergences entre le PASOCO et le
Mouvement de libération nationale des Comores qui fut à l’origine du mouvement
indépendantiste comorien et qui avait joué un grand rôle dans la création du
PASOCO. La création du PEC-MOLINACO consacra une scission qui allait encore
affaiblir les rangs des anti colonialistes.
Par contre le colonialisme français forgea l’outil qu’il
allait utiliser pour écarter les patriotes, le parti UDZIMA qui scella une
unité entre une grosse partie de l’élite française de l’époque le parti dirigé
par Mouzaoir Abdallah et le parti d’Ahmed Abdallah qui détenait le pouvoir avec
l’agrément du gouvernement français.
La stratégie française était désormais à point et conduisit
aux accords du 15 juin.
De l’eau dans le gaz colonialiste
Mais cette stratégie ne réussit pas complètement car l’unité
politique du pays derrière Ahmed Abdallah a fait défaut. Le Front National Uni,
union des partis d’opposition, s’était élevé avec force contre les dispositions
de l’accord qui prévoyait l’érection d’Ahmed Abdallah comme le futur Chef de
l’Etat.
Autre faille de l’entreprise colonialiste français, Ahmed
Abdallah s’opposa fermement à la balkanisation du pays et finit par proclamer
l’indépendance unilatérale des Comores dans ses frontières historiques. Un acte
courageux salué par tous les Comoriens
Le schéma fut donc bouleversé mais la France colonialiste ne
s’avoua pas vaincu. A force de putsch, août 1975 contre Ahmed Abdallah, mai
1978 contre Ali Soilihi, la France réussit à rétablir la situation à son seul
profit : Maore fut séparé, occupé et maintenu sous domination coloniale
pendant que les autres îles sombraient dans le néocolonialisme.
Résultat l’indépendance des Comores reste uniquement
formelle comme dans nombre des ex colonies françaises d’Afrique.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, elle ne s’arrête jamais.
Un autre vent se lève en Afrique celui du combat pour la souveraineté, il est
porté actuellement par la Confédération ALLIANCE DES ETATS DU SAHEL (AES),
Burkina Faso, Mali, Niger.
Les Comores ne manqueront pas de suivre cette voie de la
libération de toute l’Afrique.
Idriss (05/07/2025)
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