Dans sa promulgation de sa "loi d'Etat" issue du Congrès, le Président Sambi prolonge son mandat en décrétant que "le Président de l'Union, les Vices Présidents, ainsi que les Gouverneurs des Iles continuent à exercer leurs fonctions respectives jusqu'à la tenue des élections susvisées" (Albalad n°218 du 24-03-10).
Sambi décide donc lui-même de prolonger son mandat présidentiel de mai 2006 à novembre 2011. Car, et il faut bien en prendre compte, aucun texte n'a jusqu'ici évoqué explicitement la durée du mandat de Sambi. La nouvelle Constitution a prolongé le mandat présidentiel d'un an sans préciser que cette loi serait rétroactive. De son coté le "Congrès" a fixé la date des élections harmonisées à novembre 2011 sans se prononcer sur le mandat de Sambi. La prolongation du mandat de Sambi était jusqu'au décret du 16 mars, une aspiration de certains, voire une politique "souterraine" qui satisfaisait les durs du régime et que redoutaient les autres.
Mais la situation a changé. Le Président Sambi, sans s'appuyer sur aucun texte, sans aucun effet oratoire, prolonge donc son mandat de 17 mois ? Tout le monde suspectait la chose mais tout de même, il y a des frontières à ne pas franchir de façon aussi cavalière. Il y a un minimum de formes à respecter, "loi d'Etat" est bien maigre pour faire passer l'amère pilule.
En tout cas la situation s'envenime. Une répression brutale s'abat sur une population de Mwali qui semble décidée à ne pas céder, une population qui s'estime bafouée et dont il serait déraisonnable de sous estimer la volonté de relever coûte que coûte le défi. Les libertés fondamentales sont entamées dans les autres îles. Comment peut-on empêcher des citoyens non condamnés par la justice, de circuler librement dans le pays ? Circonstances aggravantes puisqu'il s'agit de responsables politiques. S'achemine-t-on vers une opposition muselée, vers l'étouffement de toute voix contraire au pouvoir de Sambi ?
Les perspectives s'assombrissent. Le pouvoir qui mise sur la force ne semble pas avoir tiré les leçons de certaines expériences africaines dramatiques. L'appui sur les forces armées pour mater la population est une voie de garage. Loin d'aider à sortir des crises, les milices et les contre milices ont conduit certains pays frères à la catastrophe. Notre pays est loin d'être à l'abri d'affrontements fratricides ? Notre pays est loin d'être guéri du séparatisme. Un rien peut mettre le feu à la poudre et le pire sera alors à craindre.
Reste la Cour Constitutionnelle qui est loin d'inspirer confiance. Va-t-elle courber l'échine et obéir à Beït-Salam ou va-t-elle oser dire le droit et éviter au pays un saut dans l'inconnu ? En tout état de cause, ses membres doivent prendre conscience de leur rendez-vous avec l'Histoire et prendre la mesure de leurs immenses responsabilités face au pays et au peuple. Ils pourraient un jour être jugés pour crime imprescriptible contre la nation comorienne.
Idriss 25/03/2010
Sambi décide donc lui-même de prolonger son mandat présidentiel de mai 2006 à novembre 2011. Car, et il faut bien en prendre compte, aucun texte n'a jusqu'ici évoqué explicitement la durée du mandat de Sambi. La nouvelle Constitution a prolongé le mandat présidentiel d'un an sans préciser que cette loi serait rétroactive. De son coté le "Congrès" a fixé la date des élections harmonisées à novembre 2011 sans se prononcer sur le mandat de Sambi. La prolongation du mandat de Sambi était jusqu'au décret du 16 mars, une aspiration de certains, voire une politique "souterraine" qui satisfaisait les durs du régime et que redoutaient les autres.
Mais la situation a changé. Le Président Sambi, sans s'appuyer sur aucun texte, sans aucun effet oratoire, prolonge donc son mandat de 17 mois ? Tout le monde suspectait la chose mais tout de même, il y a des frontières à ne pas franchir de façon aussi cavalière. Il y a un minimum de formes à respecter, "loi d'Etat" est bien maigre pour faire passer l'amère pilule.
En tout cas la situation s'envenime. Une répression brutale s'abat sur une population de Mwali qui semble décidée à ne pas céder, une population qui s'estime bafouée et dont il serait déraisonnable de sous estimer la volonté de relever coûte que coûte le défi. Les libertés fondamentales sont entamées dans les autres îles. Comment peut-on empêcher des citoyens non condamnés par la justice, de circuler librement dans le pays ? Circonstances aggravantes puisqu'il s'agit de responsables politiques. S'achemine-t-on vers une opposition muselée, vers l'étouffement de toute voix contraire au pouvoir de Sambi ?
Les perspectives s'assombrissent. Le pouvoir qui mise sur la force ne semble pas avoir tiré les leçons de certaines expériences africaines dramatiques. L'appui sur les forces armées pour mater la population est une voie de garage. Loin d'aider à sortir des crises, les milices et les contre milices ont conduit certains pays frères à la catastrophe. Notre pays est loin d'être à l'abri d'affrontements fratricides ? Notre pays est loin d'être guéri du séparatisme. Un rien peut mettre le feu à la poudre et le pire sera alors à craindre.
Reste la Cour Constitutionnelle qui est loin d'inspirer confiance. Va-t-elle courber l'échine et obéir à Beït-Salam ou va-t-elle oser dire le droit et éviter au pays un saut dans l'inconnu ? En tout état de cause, ses membres doivent prendre conscience de leur rendez-vous avec l'Histoire et prendre la mesure de leurs immenses responsabilités face au pays et au peuple. Ils pourraient un jour être jugés pour crime imprescriptible contre la nation comorienne.
Idriss 25/03/2010
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