Une de ces grandes messes dont le pouvoir Azali a le secret.
L’objectif est toujours le même : s’autocongratuler, méthode Coué classique
et, peut-être surtout, mystifier la population.
Rapprocher la situation du pays en 1975 à celle de 2025, conférait
une « fierté nationale », une glorification du chemin parcouru.
Penser donc, à peine une dizaine de médecins en 1975 et
plusieurs centaines aujourd’hui. Un progrès indéniable mais pour quels
résultats. La sanction ne se trouve-t-elle pas dans les multiples voyages sanitaires
des citoyens, en commençant par les gouvernants eux-mêmes.
100% de scolarisation, une prouesse mais sabotée par la
politique éducative, programme formant des étrangers (voir la Thèse de l’éminent
anthropologue comorien Damir Ben Ali (http://www.damirbenali.com),
par les établissements publics délabrés, par la place et le rôle du privé dans
le système éducatif.
Tout y est passé pour illustrer des grandes avancées :
électricité, eau, infrastructures, transport, etc. Des chiffres mirobolants qui
laissaient pantois. A les écouter, on croirait que les Comoriens vivent dans l’aisance,
que le taux de pauvreté au lieu de voisiner les 40%, serait carrément nul
Clou de l’événement, c’est certainement la politique
monétaire comorien chantée par le Gouverneur de la BCC. La BCC ne serait plus
sous la férule de la Banque de France. La preuve, le nombre de français au
Conseil d’administration de la BCC est réduit. Les décisions dépendent-elles du
nombre ou de la banque qui assure la parité du KMF avec l’Euro ?
Le KMF appartient au système CFA. L’Etat français a organisé
trois entités, l’UMOA (Union Monétaire Ouest Africain), la CEMAC (Communauté
Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale) et les Comores, isolées dans l’Océan
Indien. Donc un réseau de trois banques centrales sans liens les unes avec les
autres mais hiérarchiquement soumises au Trésor Français et à la Banque
Centrale de la France, voire à la Banque Centrale de l’Union Européenne.
Il est certain que la souveraineté monétaire pour un aussi
petit pays au système financier étroit et peu profond est complexe. Mais tout
de même on espérait des experts des analyses un peu plus sérieuses.
En particulier sur le crédit, le maillon essentiel pour
dynamiser l’économie du pays, heureusement mis en relief par un panéliste et puis
par une cheffe d’entreprise dans les vidéos présentées à l’occasion. Question
évacuée à saute-mouton : la faute aux créances douteuses. S’il n’y a pas
de banque d’investissement, si les taux des crédits des banques commerciales
sont si élevés, s’il n’existe pas d’outils pour booster les entreprises
comoriennes, etc. c’est la faute aux entreprises qui n’honorent pas leurs
dettes. On nous prend pour des demeurés. Le Gouverneur de la BCC a tout de même
tenté de faire passer la pilule en évoquant une politique de crédit-bail et l’ouverture
d’un marché des titres ?
Innovations de la BCC : des débats animés par des
pénalistes bien choisis pour amuser la galerie. Des expert(e)s qui sont venus
lire des textes préparés à l’avance répondre à des questions du public soumises
par WhatsApp ?
Une célébration du cinquantenaire qui devrait faire réagir.
En tout cas le bilan des 50ans, incontestablement, reste à faire pour fonder
une vision féconde de l’avenir du pays.
Idriss (18/12-2025)
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