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Interview à ALBALAD

Interview accordé le 26/08/2010 à Saminya

Q1 : Vous avez entrepris une démarche qui consiste à demander l’institution d’une VP Maoraise dans le cadre des prochaines présidentielles. Qu’est ce qui motive cette démarche.
R : Nous ne demandons pas une nouvelle institution, non. Nous demandons que la Constitution soit respectée. Vous savez, elle place Maore au même niveau que les autres îles et elle ne contient aucune prescription susceptible d’empêcher Mayotte d’avoir son VP. Cela aurait du avoir lieu depuis 2002. Malheureusement le peu de cas que l’on fait du respect des lois a fait que personne ne s’est réellement penché sur la question et voilà. C’est un déni de justice qui porte un lourd préjudice au pays dans sa lutte pour défendre son intégrité territoriale.

Q2 : Mayotte est placée au même niveau que les autres îles mais il a fallu un amendement de la Constitution pour permettre à l’île à qui revient la Présidence d’avoir un VP. Est-ce que cela ne va pas encore nécessiter un autre amendement ?
R Bien sûr que non. Rien dans la Constitution, je vous le redis, n’oblige à un amendement puisque la VP pour Maore va de soi si on respecte scrupuleusement la Constitution. Maore n’est distinguée que par rapport aux institutions insulaires or la VP est une institution nationale. Donc il n’y a aucun problème juridique, en réalité il y a problème juridique en l’absence d’un VP originaire de Maore.

Q3 : A vous entendre la démarche de Madame Fatima Ali Said qui s’est autoproclamée Gouverneure de Maore n’est pas conforme à la loi
R : La démarche de cette dame ne s’inscrit pas dans la loi à proprement parler puisque la Constitution stipule que les institutions de l’île de Maore « seront mises en place dans un délai de six mois à compter du jour où prendra fin … ». Sa démarche que je salue et encourage est politique. Elle témoigne si besoin était qu’à Maore, il se trouve des gens qui tiennent à leur comorianité et au recouvrement de l’intégrité territoriale du pays.

Q : Est-ce que le Comité Maore a pris contact avec cette Dame
R : Non, pas directement. Elle réside en France et nous nous sommes dans le pays. Elle discute avec nos amis qui sont dans l’émigration. Nous avons un contact indirect.


Q : Par rapport à l’inscription de la question de Mayotte à l’ordre du jour de la prochaine AG de l’ONU
R : Apparemment, les choses semblent prendre un tour intéressant puisque le nouveau Ministre des Relations Extérieures s’est engagé publiquement à mener cette bataille. L’année dernière, la question était finalement inscrite à l’ordre du jour mais elle n’a pas été débattue. Vous savez l’interférence de la France pèse lourd surtout si en face il n’y a pas une véritable volonté de relever les défis du maintient par la force de Mayotte dans l’administration française.

Q : le Chef de l’Etat a fait une proposition un « état deux administrations » et du coté de la France il n’y a pas eu de réaction.
R : La question se pose d’abord à la France et je suis mal placé pour parler en son nom. Il semble qu’ un porte parole du ministère français des affaires étrangères aurait qualifié la proposition pertinente de notre Président de « loufoque ». Une nouvelle marque de l’absence de respect de la France envers notre pays. Qu’un diplomate puisse caractériser ainsi une proposition d’un Chef dEtat dépasse toutes les limites de l’acceptable et il faut être dépourvu de tout sentiment national, de toute fierté pour continuer à considérer les représentants de l’Etat français comme des amis des Comores. La France montre au monde qu’elle s’obstine, qu’elle ferme la porte à toute forme de négociation apaisée pour trouver une issue à une question épineuse qui oppose des pays que tout rapproche. Les Gouvernants français font preuve d’un extrémisme incroyable.

Commentaires

Hassani Mohamed a dit…
Bonjour,

Je pense plutôt le contraire de votre position. Certes la Constitution comorienne - avec ses amendements du 17 mai - hisse l'île de Mayotte au même rang que les autres îles mais encore une fois, il y a des dispositions qui font que Mayotte ne peut, pour le moment, pas avoir de Vice-Président. Sur ce je me base d'abord principalement sur deux articles: 39 et 7-3.

Comme vous l'avez déjà évoqué, l'article 39 dispose que "­ Les institutions de Maoré (Mayotte) seront mises en place dans un délai n’excédant pas six mois à compter du jour où prendra fin la situation qui empêche cette île de rejoindre effectivement l’Union des Comores. La présente Constitution sera révisée afin de tirer les conséquences institutionnelles du retour de Maoré (Mayotte) au sein de l’Union".

J'attire votre attention sur les expressions "PRENDRA FIN" et "EFFECTIVEMENT". Il est à noter donc selon cette disposition que les institutions insulaires de Mayotte sont soumises à ces deux conditions: que la situation prenne fin et que Mayotte rejoigne effectivement l'Union. Or que jusqu'à lors cette situation n'a pas pris fin (et encore loin) et Mayotte n'a pas non plus rejoint effectivement l'Union. Elle en fait partie physiquement mais pas effectivement au sens où le constituant l'entendait par cette disposition.

Deuxième disposition importante, l'article 7-3. Celui-ci dispose: "L’île autonome comprend des collectivités territoriales qui s'administrent librement par des organes, exécutif et délibératif élus, selon les modalités et conditions fixées par la loi de 1'Union".

Là, comme moi, vous remarquerez que cet article définit ce que c'est qu'une île autonome au sens de la constitution comorienne. Pour cette dernière, une île autonome est celle qui "...selon les modalités fixées par LA LOI DE L'UNION". Mayotte est administrées par des lois qui sont quant à elles fixées par une puissance étrangère occupante. Donc au sens de cette disposition, Mayotte n'a pas encore le statut d'île autonome. Or il est bien évident selon la Constitution que ce sont les îles autonomes, telles que définies par elle, qui ont droit à un Vice-Président (art. 13, 14, 15 et 16).

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