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Quelques questions autour du séminaire du gouvernement

Les 16 et 17 septembre 2013, le Gouvernement a organisé un séminaire sur la fonction publique, question récurrente qui entrave le fonctionnement de l’Etat comorien. L’événement a suscité bien des commentaires. Il y a ceux qui considèrent qu’il s’agit du nième séminaire : on amuse la galerie, on engraisse les experts internationaux. En tout cas rien de bon n’en sortira. De toute façon les décideurs des différents échelons continueront leurs recrutements clientélistes qui ferment la porte à tout fonctionnement cohérent, rigoureux et donc à toute efficacité de la FOP. Bien évidement il y a beaucoup de vrais dans cette appréciation, mais il me semble que l’on devrait pousser l’analyse. Nous ne pouvons pas nous contenter de l’échec. Tant que la voie n’a pas été trouvée, il faut continuer à la rechercher. C’est pour cela qu’il faudrait se pencher sur d’autres aspects qui pourrait inter réagir avec le tout.

La place et le rôle de l’expertise internationale

Il y a une tendance à « idéaliser » les experts internationaux qui, pour la plupart, se posent en donneurs de leçons. Par ailleurs, on ne peut pas ne pas souligner que ces experts surfent sur notre « sous-développement ». Il y a un fossé entre tirer parti de l’expérience de l’Humanité dans un domaine et copier ce qui s’est fait ailleurs. Souvent cela prend corps dans des programmes universels (Programme d’Ajustements Structurels, Programme de lutte contre la Pauvreté, …) des institutions internationales, ces spécialistes de l’aide au développement. Ces programmes bien connus de tous, applicables dans tous les pays africains. On multiplie les sigles (PPTE, etc.) pour faire scientifique, objectif. Cela frise le ridicule quand les rapports des experts qui œuvrent dans le cadre de ces programmes, sont quasiment identiques d’un pays à l’autre, seuls changent les noms des pays et les chiffres. Cette façon de faire ne donne pas les résultats espérés, un euphémisme pour masquer le désastre que cela a engendré. La Palice voudrait donc que l’on change. Notre pays dispose d’experts nationaux de grande qualité, dans le pays même et dans l’émigration. On ne peut pas régler les problèmes d’un pays sans en connaître les singularités, leur culture, leurs points forts et leurs points faibles, tout ce qui le distingue des autres. Les experts internationaux ne pourront jamais l’appréhender, (d’autant qu’ils ne disposent jamais d’assez de temps pour étudier les cas particuliers), eux peuvent apporter ce qui est commun au monde et pour nous en sortir nous devons combiner les deux, le point de départ, le point clé étant nos spécificités.

L’intérêt accordé aux Technologies de l’Information et de la Communication

Après l’ère de la parole puis celle du texte, le monde est passé à l’ère du numérique. Tout le monde s’accorde là-dessus et souligne l’importance d’une utilisation judicieuse des TIC. Mettre les TIC au service du développement du pays, tel est l’axe à saisir. Et pourtant il n’en est rien dans les faits. Dans le fameux séminaire placé sous la « direction technique de la Banque Mondiale. Celle-ci a dépêché quatre experts : Anne-Lucie Lefebvre, spécialiste principale en administration publique ; Kristi Samuel, expert en leadership et médiation ; Benjamina Randrianrivelo, officier des opérations et Andy Rakotomavo, expert en approche par les compétences. ». Donc aucun spécialiste en système d’information (SI). Alors qu’au final, c’est le SI qui va obliger le fonctionnaire à travailler autrement, à être cohérent et rigoureux. C’est le SI qui va permettre d’apprécier l’efficacité de chaque fonctionnaire, de débusquer les fantômes, les non affectés. Nous avons informatisé la paie avec GISE. C’est formidable, mais le SI dont on parle, n’est pas le produit de logiciels isolés les uns des autres.

Dans le document programme du pays, le fameux DSRP, la référence en matière de stratégie de développement les TIC ne constituent ni un axe stratégique, ni un programme prioritaire ; ils ne sont jamais examinés frontalement en tant que secteur spécifique ou secteur transversal. Dans ce document de 251 pages, les mots NUMERIQUE, LOGICIEL, sont absents ; INTERNET une fois ; TIC une fois ; WEB deux fois ; INFORMATIQUE sept fois mais il ne s’agit que de matériels et de salle. En somme la force motrice principale du développement est oubliée. Les opportunités qu’offrent les TIC sont zappées. La nouvelle économie fondée sur le savoir est ignorée.

On comprend pourquoi le pays s’embourbe de plus en plus. A un moment donné, un expert avait parlé d’un extranet gouvernemental, il a bouché un coin à ses interlocuteurs et on en resté là. Aucune administration du pays, dans l’Union comme dans les îles ne s’est dotée d’un système d’information utilisant les TIC. On ne se pose même pas cette question. Au mieux on informatise des fonctions comme la paie, le processus douanier, etc.

Je finis par une anecdote : un « en-haut-de-haut » du pays voulait alimenter sa carte MAMWE dans des conditions douteuses, en dehors des heures d’ouverture de la société. L’agent de garde était incapable d’obtempérer malgré menace, intimidation, la présence de la gendarmerie, etc. Cet agent a passé quelques heures à la gendarmerie mais impossible de satisfaire le désir de son Excellence. Notre « en-haut-de-en-haut dut partir bredouille et subit les critiques pour son comportement scandaleux. C’est peut-être par-là qu’il faut rechercher les moyens d’empêcher les recrutements fantaisistes et le vol à grande échelle des deniers publics. Qui dit mieux !?
Idriss (19/09/2013)

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