L’école constitue le socle d’une société
Il me semble utile de souligner avec force l’importance de
l’école même si l’on peut considérer cela comme des banalités que l’on rabâche
à tout bout de champs. Il s’agit d’œuvrer pour une large prise de conscience de
la population comorienne.
L’école occupe une place centrale dans la construction du
futur d’une société. Elle ne se limite pas à la simple transmission de
savoirs : elle façonne les citoyens de demain, leur transmet des valeurs, des
compétences et des outils essentiels pour s’insérer dans la vie sociale,
économique et culturelle. Une éducation de qualité est l’un des leviers les
plus puissants pour lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, promouvoir
l’égalité hommes-femmes, renforcer la cohésion sociale et assurer la stabilité
politique. Elle favorise aussi la compréhension des enjeux politiques et
sociaux, encourage la participation citoyenne et contribue à la réduction des
inégalités. En somme, l’école est le socle du développement et de la résilience
d’une société, un investissement stratégique pour l’avenir collectif
La problématique principale
L’éminent anthropologue comorien Damir Ben Ali l’a
synthétisé admirablement : l’école comorienne fabrique des étrangers. Sur
le sillage de l’école coloniale française, l’école comorienne produit une
espèce ambiguë, ni réellement comorien, ni français !
Des indices tangibles le démontrent clairement. On
n’enseigne pas la géographie, l’histoire des Comores. On ignore le contexte
culturel, social et économique local pour imposer un modèle éducatif étranger.
Les conséquences sont lourdes :
·
Déconnexion entre l’école et la réalité nationale.
Un apprentissage abstrait, peut entrainer un désintérêt, une perte de
motivation et un décrochage scolaire.
·
Marginalisation de la langue, des savoirs et des
valeurs nationaux. Mise en péril de l’identité nationale et culturelle. Imaginer
des enfants comoriens vivants aux Comores, de parents comoriens ne sachant pas
parler le Comorien !? Grotesque et pourtant vrai. Des parents en tirent même
une certaine fierté. Les élèves sont déracinés, voire infériorisés par rapport
à d’autres cultures jugées « nobles »
·
Difficultés d’insertion professionnelle : Former
les enfants selon des référentiels étrangers peut les rendre inaptes à répondre
aux besoins spécifiques du marché du travail local, limitant leur employabilité
et freinant le développement économique du pays
·
Tensions sociales et sentiment d’exclusion :
L’écart entre l’école et la société peut accentuer les inégalités, générer de
la frustration et alimenter des tensions sociales. Les systèmes éducatifs qui
ne tiennent pas compte des réalités locales peinent à promouvoir l’inclusion et
l’égalité des chances
·
Ignorance de nos valeurs, de ce qui fait nation.
On produit des élites rapaces sans foi ni loi, capable de se vendre au plus
offrant.
Pour une révolution scolaire
Il faut repenser totalement le système éducatif comorien,
son organisation. Il faudra en poser les orientations et les bases durant toute
la période des vacances scolaires 2025.
Ignorant du domaine, je voudrais souligner quelques
questions qui me paraissent essentielles.
·
Quelle langue d’enseignement ? Choisir un
de nos quatre parlers ou opter pour le Swahili ?
·
Quelles étapes du parcours de l’enfant comorien
en termes de période (âge) et d’acquisition ? La question aussi des programmes.
·
Quelle
place pour l’enseignement technique et lequel ?
·
Comment insérer l’apprentissage du coran dans
l’enseignement ? Quelle conception d’une laïcité à la comorienne
·
Quel plan pour rénover les établissements
scolaires qui sont actuellement complètement délabrés ?
·
Quelle place pour enseignement privé digne de ce
nom ?
On pourrait continuer la liste et il le faut mais il est
essentiel que le pouvoir se mobilise et fasse preuve de volontarisme pour
changer l’état lamentable de l’école comorienne
Idriss 25/06/2025
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article publié dans Alwatwan du 26/06/2025
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