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Crise des délogés de Mayotte : quelle issue ?

Des Comoriens vivants dans des bidonvilles dans certains villages maorais sont violentés, expulsés de leurs habitations et spoliés de leurs maigres biens. Et les voilà errant dans les rues, contraints à passer leur mois de ramadan à la belle étoile sur la place de la République de Mamaoudzou, sans couchettes ni rien pour se nourrir. On y voit même des femmes avec des petits bébés âgés de quelques jours. Se trouvera-t-il quelqu'un sain d'esprit pour justifier telle atteinte à la dignité humaine ? Eh bien oui, un journal à Mayotte même appelle à l'expulsion manu militari des "clandestins", c’est-à-dire des Comoriens non Maorais, une sorte de nettoyage au karcher !

Comble du scandale : l'inacceptable dure depuis plus de trois semaines. Et mise à part quelques manifestations de la société civile aux Comores, en France, à la Réunion aucune protestation ne se fait entendre. Curieusement les grands défenseurs (personnalités comme organisations) des droits de l'Homme dans le monde sont aux abonnés absents. Seules des ONG présentes à Mayotte et le Collectif de Soutien aux délogés apportent un réconfort aux "naufragés" de la place de la république française.

Comment expliquer une telle situation ? Dans un livre (Mayotte en sous-France) Mahamoud Azihary décrivant sa direction générale de la Société Immobilière de Mayotte et les innombrables difficultés que lui opposa la préfecture de Mayotte et les grandes sociétés maoraises du BTP fournit une clé que je synthétise ainsi : l'irresponsabilité de l'Etat français pour tout ce qui concerne Mayotte, l'incurie des représentants de l'Etat français à Mayotte, la veulerie des bénéficiaires du système ("l'entre-soi" comme le désigne l'auteur) et l'absence de courage des élus maorais.

Cette absence indéniable de courage des politiciens comoriens. Quelle honte de constater qu'aucun parti politique ne s'est exprimé sur la crise des délogés? Quelle indignité de constater qu'aucun dirigeant politique comorien n'a pris part au rassemblement du 11 juin à la place de l'indépendance? Scandaleux que la manifestation ait été interdite? Elle avait pourtant bénéficié d'appels des médias d'Etat (ORTC comme Alwatwan)

A creuser un peu plus la question, on s'aperçoit que le paradigme des dirigeants politiques comoriens de premier plan, à Mayotte comme dans la partie dite indépendante, est de ne pas indisposer la France. C'est ce que j'ai dénoncé dans un précédent article le complexe des dirigeants comoriens face à la France

La crise des délogés semble sans issue. Le pire pourrait venir car la situation est intenable et l'atmosphère s'électrise au fil des jours. La question que l'on est en droit de se poser : qui cherche une issue. L'Etat comorien? Le dernier acte du minable pouvoir Ikililou-Mamadou-Msaidié n'a-t-il pas été de punir le seul journaliste qui a osé dénoncer les "decasages" à Mayotte? Quant au nouveau, celui d'Azali, même s'il exprime une sensibilité en recevant par exemple la mission du Collectif de soutien aux délogés, n'a-t-il pas interdit la manifestation du 11 juin dernier au lieu de la soutenir et lui donner une plus grande envergure ? Ne se trouve-t-on pas dans le style Ikililou : faire le dos rond et attendre que l'orage passe ? L'issue viendra-t-il de l'Etat français ? Que peut-on en attendre quand on se doute bien que c'est l'Etat français qui orchestre habilement en sous-main, ne voit-on pas ses forces de sécurité encadrer les malfaiteurs maorais dans leurs œuvres dévastatrices comme en 1975. N'est-ce pas lumineux de constater que la puissante France se révèle incapable de faire respecter la parole de ses ministres dans la minuscule ile de Mayotte !

"Des deux côtés mon mal est infini", le pire est que l'on ne sait pas vers qui se tourner ? Il faut une nouvelle force politique qui soit capable de porter les aspirations du pays et du peuple.

Idriss(13/06/2016)

Commentaires

Djamil a dit…
Courage .
Sachez qu' à cause de votre permanent mauvais foi et de votre coeur rouillé envers les mahorais qui vous ont compris votre Etat d' esprit et non pas voulu partager un destin commun avec votre union , le bras de mer séparant Anjouans et mayotte restera à jamais votre cimetière .
Dieu vous puni la plupart de temps à cause de votre nuisance avant même d' arriver sur les cotes mahoraise

Au lieu de vous révolter à vos gouvernements pour développer votre pays et avoir le minimum vital : eau ,électricité , santé , éducation , vous ne faite que verser vos poisons de venin sur les mahorais qui ne se battent nuits et jours à demander l' égalité , le développement harmonieux de leur territoire et la sécurité pour vivre paisiblement chez eux sans que vous les envahissez .
Rien que votre foto sur votre blog , on voit une personnalité hypocrite et rempli pleine de haine .
Djamil Ali liwafa.
Anonyme a dit…
on est tous perdu. on nous inventé Azali patriote et on nous a fait oublié son passé . Et voilà les politiques sans vision et sans conviction. Azali vient finir son projet. , il ne dira jamais quelque chose concernant la question de Mayotte que des kou kou wa kou. qui connait pas Azali ?
Monsieur idriss, le peuple comorien a confié son destin encore une fois à Azali, il le qualifie imam , s'il dit amine, nous dirons amine. s'IL dit non à la politique Française sur notre pays, nous dirons non aussi. s'il ferme sa bouche, nous fermerons nos bouches.
Moi je vous confirme qu'il n'est pas un patriote, sauf si je me trompe sur le sens de ce mot.
être vigilant c'est mieux. IL n'y avait pas un choix à faire entre Azali et Mamadou. ils sont tous les deux ordures de la France. Vous avez fait l'éloge d'Azali, vous l'avait qualifié de patriote, l'homme qu'il faut, sans tenir compte de son programme, sans regarder ce qu'il a proposé concernant la question de notre île de Mayotte, sans tenir compte de son passé. Erreur d'analyse ou un oubli? Alarmes!!
Unknown a dit…
Je vois Kamarade,si peux vous appeler ainsi, que vous avez bien cerné le pb. Eh oui, les choses se passent comme dans les années 70 quand il a fallu vider l'ile de toute présence SERELAME; Des voisins, voire même des cousins qui se transforment soudainement en ennemis. Ici les victimes sont les "méchants dangereux" qu'il faut à tout prix éloigner de l'ile. Ceux qui ne participent pas à cette "guerre"se taisent parce que, au fond d'eux m^me cela arrangent leurs affaires ou parce qu'ils sont assez lâches pour oser défendre les "envahisseurs". Cela est valable "en deçà et au delà de l'ilot de Mtsamboro.
OUI, ici les mots et certains noms n'ont pas la même signification que dans le reste du monde. Le colonisateur n'est plus le colonisateur mais plutôt le type en face. Comble de l'histoire, on trouve dans certains village, des Foundi et même un Mandela parmi les "chasseurs d'envahisseurs". Comprenez qui voudra, mais après tout pour des gens qui veulent "rester colonisés pour être libre" c'est normal.

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