Accéder au contenu principal

Feuille de route sur Maore : rapprochement ou éloignement ?

La constance de la diplomatie française

A la veille de chaque Assemblée Générale de l’ONU, les diplomates français s’efforcent de peser sur les positions du Gouvernement comorien sur la question de l’île comorienne de Mayotte. Au début ce fut difficile mais au fil du temps, avec de la patience et de l’habileté, les Français sont parvenus à faire retirer par les Comoriens, la question de l’ile comorienne de Mayotte de l’ordre du jour effectif des AG. Elle est désormais inscrite à l’ordre du jour provisoire avec un verrouillage français pour qu’elle ne puisse pas passer à l’ordre du jour effectif. Il y eut même une tentative grossière de la faire sortir de l’ordre du jour provisoire qui a heureusement échoué. La France ne fait donc plus l’objet de condamnation de la communauté internationale comme ce fut le cas de 1975 à 1994. Elle a pu départementaliser l’île comorienne et l’intégrer dans l’Union Européenne sans la moindre condamnation de la communauté internationale, ce qui n’est pas rien ! Reste les discours des Présidents comoriens qui évoquent la question. Même si cela ne relève que du symbole, cela n’en gêne pas moins les autorités françaises. Alors elles déploient des trésors d’imagination pour offrir des « os à ronger » aux autorités comoriennes. A défaut d’un zapping il faut tempérer les propos des dirigeants comoriens Cette fois-ci, c’était la feuille de route à propos de laquelle on orchestra une campagne insidieuse. Il fallait calmer les ardeurs du Président Azali qui semblait vouloir « dépasser les bornes ». Nous avons donc eu droit à un discours à deux pas : on gonfle un ballon et on le fait exploser. Car la dénonciation vigoureuse du visa Balladur fut conclue par une note d’espoir de règlement du conflit dans un bilatéralisme insensé.

Une vraie-fausse diplomatie du secret qui a mené à un camouflet:

Feuille de route tenue secrète qui a met le feu aux poudres. Fuites incontrôlées et rumeurs folles qui embrasent les réseaux sociaux. Comme si on voulait provoquer les Comoriens. Les Maorais qui croyaient leur « francité » mise en cause et qui s’accrochent à leur visa malgré les dizaines de milliers de morts et disparus. Ceux des autres îles qui craignent une nouvelle embrouille, pire que tout : la reconnaissance de la balkanisation du pays. Un secret qui n’augurait rien de bon et qui a fini en queue de poisson. Et quel camouflet ! Car l’Etat comorien a appris comme tout un chacun la décision française annoncée au monde à la sortie d’une réunion entre les élus Maorais et l’Etat français. Aucune considération de la partie comorienne signataire de la feuille de route. Légèreté française inimaginable : comment un pays peut-il revenir sur un accord signé avec un autre pays sans aucun cérémonial !? Une « diplomatie du secret de polichinelle » qui éloigne les populations au lieu de les rapprocher ? Comment surmonter des dizaines d’années d’incompréhension voire de tension sans un large travail d’explication ? La diplomatie française est beaucoup plus fine que ne l’imagine nombre de nos dirigeants qui continuent à croire en l’amitié franco-comorienne.

L’esprit de lutte des Maorais

Une belle leçon à tous les Comoriens. Mécontents de la feuille de route, les Maorais se sont insurgés de toutes leurs forces et ont exercé une forte pression sur l’Etat français qui a donc cédé quitte à se ridiculiser dans son traitement d’un accord signé avec un autre pays, fut-il des Comores soumises. Depuis l’indépendance, les Maorais ont toujours lutté avec obstination et intelligence pour rester français. Ils ont su utiliser les contradictions françaises et comoriennes. Pendant que Marcel Henry se rapprochaient des gaullistes pour faire échec à l’exécutif français qui semblait avoir opté pour préserver l’unité des quatre iles Comores. Les Comoriens des autres îles tergiversaient et brillaient pour leur naïveté irresponsable. En 1975, les verts croyaient aux déclarations des dirigeants français sur l’unité des quatre iles comoriennes tandis que le FNU-PASOCO croyait à son alliance avec le MPM. Le danger qui menaçait l’intégrité du pays ne fut donc pas perçu et les séparatistes maorais l’emportèrent pendant que pouvoir et opposition s’affrontaient à Moroni.

Le parallèle est frappant. Aujourd’hui les Maorais ont organisé des gigantesques manifestations, leurs élus furent mis à contribution, la presse de l’île apporta sa contribution à la mobilisation générale. Pendant ce temps à Moroni, le Ministre des affaires étrangères de l’Union des Comores, se ridiculise dans des propos conciliants après la « suspension » de l’accord signé avec la France.

Dire qu’après plus de quarante ans, les Comores n’ont pas été capable de formuler une proposition tangible de règlement du conflit témoigne, s’il en était besoin, de la capitulation des dirigeants comoriens. L’orientation suggérée par le Comité Maorais en 2008 : un Etat, deux administrations, suggestion reprise par le régime Sambi, est restée générale et donc inopérante.

Puisse les assises nationales ouvrir une nouvelle voie en la matière.

Idriss (01/10/2017)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

3ème séminaire gouvernemental : encore une messe d’autosatisfaction

Qui pourrait contester l’opportunité de tenir un séminaire gouvernemental pour évaluer le PCE (Plan Comores Emergent) à travers ses PTA (Plan de travail Annuel) dont l’objectif affiché est de servir « l’intérêt supérieur de la Nation et la volonté commune de bâtir des Comores prospères et paisibles » (Discours du président Azali cité dans Alwatwan du 13/05/2025). La pertinence de la démarche est malheureusement anéantie par des thèses du style « … des transformations structurelles et tangibles ont déjà été engendrées au bénéfice de notre peuple » (propos de la Commissaire au plan rapportés » par la Gazette des Comores du 14/05/2025). Inévitablement la montagne accouchera d’une souris. Comme à son habitude, le pouvoir se congratule dans des messes budgétivores niant complètement une réalité abominable qui pourtant saute aux yeux de tous. Car on n’a pas besoin d’indicateurs sophistiqués pour appréhender la ruine du pays. Oui des nouvelles routes ont été goudronnées mais cela compense-t-i...

𝐔𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

L’école constitue le socle d’une société Il me semble utile de souligner avec force l’importance de l’école même si l’on peut considérer cela comme des banalités que l’on rabâche à tout bout de champs. Il s’agit d’œuvrer pour une large prise de conscience de la population comorienne.   L’école occupe une place centrale dans la construction du futur d’une société. Elle ne se limite pas à la simple transmission de savoirs : elle façonne les citoyens de demain, leur transmet des valeurs, des compétences et des outils essentiels pour s’insérer dans la vie sociale, économique et culturelle. Une éducation de qualité est l’un des leviers les plus puissants pour lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, promouvoir l’égalité hommes-femmes, renforcer la cohésion sociale et assurer la stabilité politique. Elle favorise aussi la compréhension des enjeux politiques et sociaux, encourage la participation citoyenne et contribue à la réduction des inégalités. En somme, l’école est le socl...