Accéder au contenu principal

LE PRESIDENT AZALI ET LA LOI

Incontestablement le président Azali a du mal avec les lois. Il a tendance à les utiliser à sa convenance. Les exemples sont nombreux.

Au début de son mandat, il a soutenu devant la presse qu'il n'a pas respecté les lois sur la passation des marchés parce qu'il y avait urgence à sortir le pays de l'obscurité et relancer l'économie nationale ! Il aurait pu faire modifier la loi et inclure cette notion d'urgence, non. Il a préféré marcher sur la loi. D'ailleurs la suite en matière de marché est loin d'être transparente !

Il nomme ses soutiens politiques aux postes de directeur général des sociétés d'Etat sans tenir compte des dispositions de la loi qui voudrait que ce soit les Conseils d'Administration qui les sélectionnent.

Il a dissout par décret la Commission anti-corruption pourtant installée par une loi et il n'a tenu aucun compte de la position de la Cour Constitutionnelle qui avait invalidé son décret. Son Directeur de Cabinet s'était alors attaqué violemment à la Cour Constitutionnelle suscitant un tollé général.

Il a décidé que le pays se trouve dans une situation extrême pour s'octroyer des pouvoirs spéciaux et il organise des élections durant cette période, qui plus est un référendum constitutionnel.

Il convoque le corps électoral pour un référendum constitutionnel sans spécifier le contenu des modifications.

Des dirigeants de l'opposition sont interdits de voyage à l'extérieur du pays pour des motifs futiles. Les députés de l'opposition sont interpellés, passant souvent plusieurs heures dans les locaux des forces de l'ordre sans tenir compte de leur situation d'élus de la nation.

Bien évidemment le président s'inscrit dans une sorte de tradition mais tout de même, il y a des limites à tout. En tout cas rien ne peut justifier pareille attitude. Faut-il dès lors s'étonner si le non-respect des lois se généralise. Même à la représentation nationale, on assiste à des situations ubuesques. Comment comprendre ou accepter que les Conseils des Iles ne puissent pas élire trois des leurs sans offrir un pitoyable spectacle : ces échauffourées indécentes à chaque première session annuelle de l'Assemblée de l'Union ! Imaginez les forces de l'ordre dans l'hémicycle pour installer un président de l'assemblée !

C'est cette absence de respect des lois qui appauvrit le débat politique, assèche la pensée politique comorienne. Le terrain politique est devenu le champ des partisans et des suivistes, une sorte de foire pour larrons. Le pays est à l'heure des arrivistes sans honte qui naviguent pourvu qu'ils remplissent leurs panses.

Sans respect des lois, la société s'apparente à une jungle et le pays peut basculer, à l'instar d'autres pays africains, dans une violence anarchique. Et le référendum envisagé risque de précipiter les choses. Déjà hier à Moroni, on a assisté à des affrontements entre la gendarmerie et des jeunes manifestants excédés, quasiment une scène de guerre civile !

Est-il insensé d'émettre le vœu que le Chef de l'Etat travaille à remettre un peu d'ordre dans la maison Comores ? Entre autres remettre la Cour Constitutionnelle sur les rails avant le référendum?

Il est en tout cas inadmissible que les personnalités qui devaient désigner des Conseillers ne l'aient pas fait. C'est inexplicable ! C'est une faute grave qui mérite d'être sanctionnée. Ces dirigeants de premier plan qui ont l'insigne honneur de nommer des Conseillers à la Cour Constitutionnelle ne sont pas au-dessus des lois. Ils devraient être poursuivis devant les juridictions appropriées sous un chef d'inculpation proche de la haute trahison.

Organiser un référendum dans un contexte où certains juristes favorables au régime caractérisent l'état du pays en dictature institutionnelle c'est du jamais vu ici et ailleurs. Les "assises nationales" tant décriées ne peuvent rien légitimer

Idriss (09/05/2018)

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

MAORE : OFFENSIVES ANTI COMORIENNES DE LA FRANCE

Après le désastre provoqué par le cyclone Chido, tout le monde attendait de la France, la puissance occupante un plan de reconstruction de Maore. Que nenni. Trois mois après le désastre, le gouvernement français gesticule, fait du bruit sans parvenir à rétablir la situation des plus démunis. L’approvisionnement en nourriture, eau, électricité ne couvre pas tous les besoins, tant s’en faut. Au lieu de chercher des solutions provisoires pour loger les sans-abris, les autorités françaises ont interdit la vente de tôles utilisées pour la construction d’habitat de fortune sans pour autant proposer des alternatives comme les logements provisoires sous des tentes comme cela est d’usage après les catastrophes naturelles. Non, la France traite les Maorais en mendiants dans le cadre de son assistanat et tente de les enfumer en indexant les « clandestins », bouc émissaire de prédilection. Une tactique payante en vogue depuis toujours. Mais le gouvernement français est allé encore p...

3ème séminaire gouvernemental : encore une messe d’autosatisfaction

Qui pourrait contester l’opportunité de tenir un séminaire gouvernemental pour évaluer le PCE (Plan Comores Emergent) à travers ses PTA (Plan de travail Annuel) dont l’objectif affiché est de servir « l’intérêt supérieur de la Nation et la volonté commune de bâtir des Comores prospères et paisibles » (Discours du président Azali cité dans Alwatwan du 13/05/2025). La pertinence de la démarche est malheureusement anéantie par des thèses du style « … des transformations structurelles et tangibles ont déjà été engendrées au bénéfice de notre peuple » (propos de la Commissaire au plan rapportés » par la Gazette des Comores du 14/05/2025). Inévitablement la montagne accouchera d’une souris. Comme à son habitude, le pouvoir se congratule dans des messes budgétivores niant complètement une réalité abominable qui pourtant saute aux yeux de tous. Car on n’a pas besoin d’indicateurs sophistiqués pour appréhender la ruine du pays. Oui des nouvelles routes ont été goudronnées mais cela compense-t-i...

𝐔𝐧𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

L’école constitue le socle d’une société Il me semble utile de souligner avec force l’importance de l’école même si l’on peut considérer cela comme des banalités que l’on rabâche à tout bout de champs. Il s’agit d’œuvrer pour une large prise de conscience de la population comorienne.   L’école occupe une place centrale dans la construction du futur d’une société. Elle ne se limite pas à la simple transmission de savoirs : elle façonne les citoyens de demain, leur transmet des valeurs, des compétences et des outils essentiels pour s’insérer dans la vie sociale, économique et culturelle. Une éducation de qualité est l’un des leviers les plus puissants pour lutter contre la pauvreté, améliorer la santé, promouvoir l’égalité hommes-femmes, renforcer la cohésion sociale et assurer la stabilité politique. Elle favorise aussi la compréhension des enjeux politiques et sociaux, encourage la participation citoyenne et contribue à la réduction des inégalités. En somme, l’école est le socl...