On peut dire ce que l’on veut
mais la réfection de cette route dite RN1 est un événement majeur
qui réjouit les Comoriens. Cette route date de l’époque
coloniale. En dehors d’un tronçon Hahaya – Usivo, refait tant
bien que mal sous Papa Djo, on peut dire que cette route fut
quasiment laissée à l’abandon. Elle s’était peu à peu
dégradée jusqu’à devenir quasiment impraticable, les nids de
poule se multipliant, devenant peu à peu des trous infranchissables
sans manœuvres délicates qui mettaient les voitures à rude
épreuve. Le clan Ikililou-Mamadou-Msaidié nous gratifia du
spectacle ahurissant d’une puissante société de bâtiment de la
place, bouchant les nids de poule avec des moyens du bord. Le
chantier d’aujourd’hui doit être mis au crédit d’Azali et le
distingue de ses prédécesseurs. Mais là n’est pas l’objet. De
quelles illustrations s’agit-il ?
En premier le financement et son
sens. Un fonds d’Arabie Saoudite et coïncidence éclairante, son
ambassadeur à Moroni vient à l’occasion de la fête nationale de
son pays, de glorifier les relations entre l’Arabie Saoudite et les
Comores, sur fond de plus de vingt milliards d’aide. Un aveu :
les Comores soumis au royaume saoudien à coup de milliards. Les
Comores devenus des suivistes d’une politique internationale qui
déstabilise le monde islamique. Et comme pour enfoncer le clou,
l’ambassadeur saoudien souligna son respect de la souveraineté
comorienne. Les Comores sont-elles à acheter ? Après la
citoyenneté économique acheminons-nous vers la vassalisation du
pays ?
En second lieu l’attribution du
marché à une société étrangère. On nous rabâche les oreilles
avec l’impossibilité des sociétés comoriennes à assurer des
marchés importants du fait de leur taille, de leur surface
financière, etc. La question en réalité est de savoir comment ces
sociétés peuvent-elles se développer si leurs marchés naturels
les plus conséquents sont offerts à des sociétés étrangères ?
Comment l’État comorien envisage-t-il la croissance des sociétés
privées du pays ? Qui plus est, on apprend (Alwatwan de ce
jour) que la société chinoise est obligée de faire appel aux
savoir-faire et au matériel d’EGT! EGT, une société dynamique
qui résiste depuis plusieurs années avec plus d’une centaine de
personnes et qui est condamnée à vivre d’expédients, à vendre
ses services à une société étrangère dans le pays. Quand on
n’est pas assujetti aux dirigeants du moment, on ne peut que
survivre en sous-traitant, en devenant malgré soi le « nègre »
d’un étranger !
Autre aspect de cette question :
on reproche aussi aux Comoriens leur incompétence. Regardez la route
Moroni – Ikoni, une catastrophe. Les nids de poule sont apparus en
mois d’une année. Qui doit endosser cette responsabilité ?
N’est ce pas ceux qui attribuent les marchés sans tenir compte des
compétences, voire même des domaines ? N’est ce pas ceux qui
ne sont pas capables de constituer des vrais maîtrises d’ouvrage à
même de suivre les travaux ? On nous a parlé des dosages de
l’enrobé utilisé par l’entreprise chinoise à Mitsamihuli :
qui contrôle cela ? A-t-on entendu une maîtrise d’ouvrage
quelconque s’exprimer sur les qualités de la route, sur le risque
courus par les populations des régions traversées condamnées à
inhaler des poussières durant tant de temps ? La qualité d’un
travail dépend avant tout de la maîtrise d’ouvrage depuis la
spécification du produit commandé, le choix de la maîtrise d’œuvre
et la réception. Quand on manque de compétences, il faut faire
appel à de l’assistance à Maîtrise d’ouvrage. C’est de cela
qu’il s’agit, de la qualité des donneurs d’ordre et non de
compétence des entreprises comoriennes.
Le pouvoir actuel nous chante
l’émergence en 2030 ! une chanson à la mode en Afrique ces
derniers temps. Mais personne ne sait de quoi il s’agit. Quels sont
les objectifs fixés en terme économiques et sociales dans les
différents domaines qui nous permettront d’affirmer l’émergence
en 2030 ? Qui a dit que « le diable est dans les
détails » ? Ce diable là doit faire horriblement peur
aux dirigeants de premier plan de ce pays. Les « partenaires »
ont le beau rôle, ils peuvent toujours facilement justifier le
manque de résultats tangibles de leurs innombrables projets par
l’incurie de leurs interlocuteurs comoriens qui ne pensent que
budget, jamais sur les détails de ce qu’il faudrait réaliser
Idriss (24/09/2019)
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