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RÉSISTER, OSER RÉSISTER

Les conditions de vie des larges de masse empirent au fil des jours. On a beau chanter l’émergence, s’extasier devant les immenses réalisations du pouvoir, rien n’y fait. La réalité est là, dure comme du béton armé.

La réalité ce sont ces régions entières privées d’électricité des semaines durant. Ce sont ces coupures intempestives d’électricité dans les principales villes du pays. Ce sont ces files interminables devant les stations, en quête de pétrole lampant, la principale source d’énergie des simples gens. Ce sont ces « gueux », bidons sur la tête, qui déferlent les matins sur les routes à la recherche d’une goutte d’eau potable.

Des faits incontestables. Une réalité devenue banale, habituelle. Malheureusement il y a du nouveau qui a « émergé ».

La réalité ce sont aussi ces pénuries, y compris de biens de consommation de base. La farine manque avec les conséquences qu’on imagine aisément sur la production de pain, la bouée de sauvetage de ceux, nombreux, qui ne mangent qu’une fois par jour. Lait, viande, poulet dont les « mabawas », etc. disparaissent peu à peu des marchés. Le matériel de construction aussi. La flambée des prix s’en suit tout naturellement. Ce sont, tout aussi naturellement, les plus démunis qui en pâtissent le plus. Pour le pouvoir la faute revient aux transporteurs de marchandises qui alimentent le pays. C’est le covid en Inde qui nous étouffe !? Une fuite en avant dérisoire et honteux pour des responsables d’un pays.

Problème : pourquoi cette absence de réaction de la population ? Bien évidement certains, dans les réseaux sociaux théorisent la « lâcheté des Comoriens » comme s’ils n’en faisaient pas partie. Les vrais raisons il faut les chercher ailleurs. Dans les organisation de défense de la société. Cela va du syndicat Confédération des Travailleurs Comoriens (CTC) aux organisations patronales en passant par les organisations de consommateurs. Les partis politiques ont démissionné depuis longtemps des luttes sociales pour ne se consacrer que sur le politicien. Seul le Front Démocratique faisait exception. Malheureusement on entend plus sa voix depuis le début du siècle. Swauti ya Umati s’est éteint et aucune organisation n’a pris cette place.

Il est possible néanmoins de résister malgré la chape de plomb de ce régime autocratique. Des luttes sociales ont été menées ces derniers temps et ont fait trembler le pouvoir. On se rappelle de la lutte autour de l’électricité, des prix exorbitants des télécommunications. Il y a quelques mois les femmes ont manifesté à Moroni même si la mobilisation était faible.

Le problème est ailleurs. Si de temps à autre l’OPACO et le MODEC élèvent leur voix, surtout pour exiger la baisse des taxes, une meilleure gestion des stocks, une rotation plus régulière des bateaux qui desservent les Comores, Azali et les siens ont réussi à paralyser les autres organisations et les médias dit libres. Quant aux réseaux sociaux, dans la plupart des cas ils servent de défouloirs mais ne sont pas encore capables d’initier des luttes aux Comores.

Que devient la direction de la CTC qui limite ses sorties au seul 1er mai, des célébrations formelles et sans âme. Où en est la Fédération des Consommateurs qui s’était vaillamment hissé à la tête du mouvement social comorien ces dernières années.

Ne serait-il pas possible de rassembler tout le monde autour de revendications pragmatiques précises qui permettraient de desserrer l’étau qui serre les gorges des simples gens ?

Car il ne faut rien attendre de « l’émergence en 2030 » dont on nous rabat les oreilles depuis 2016. La dépendance du pays envers l’extérieur, surtout en matière de nourriture, croît et doit interpeller tout un chacun. La crise du COVID doit nous ouvrir les yeux sur les dangers qui pèsent sur nos têtes. Le pouvoir se réclame parfois de Mongozi mais il ne se réfère jamais à sa pratique. Ali Soilihi avait engagé en 1977-78 un mouvement de limitation de la dépendance du pays face à l’extérieur. Il faudrait y revenir et voir comment l’adapter au contexte actuel. L’idée par exemple de remplacer la farine de blé par de la farine de maïs avait commencé à montrer ses fruits. A l’extérieur du pays, la boulangerie et la pâtisserie à base de maïs remportent un certain succès.

En un mot comme en mille, le pays doit résister. Une personne seule isolée ne peut rien. Il faut que les organisations sociales se réveillent, mobilisent et posent des revendications. Tout le monde sera derrière elles et des portes s’ouvriront !

Idriss (26/06/2021)


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