Ces derniers temps la rengaine anti immigré a pris corps dans le pays. Si certains démagogues qui voulaient apparaître comme des nationalistes stigmatisaient les étrangers, ils restaient néanmoins marginaux. Mais depuis que l’on a appris qu’en Tanzanie voisine, certains métiers sont réservés aux nationaux, le phénomène a pris une dimension inconnue jusqu’ici.
Le gouvernement a sauté sur la planche pour tenter de détourner l’attention, instrumentalisant l’immigration, bouc émissaire de prédilection comme on le voit dans de plus en plus de pays. En période de crise et d'insécurité, l'étranger devient la cible facile d'accusations et de mesures politiques répressives, détournant l'attention des vrais problèmes structurels, comme le chômage, la pauvreté ou l'insuffisance de services publics. D’où le déploiement actuel de la police, la généralisation des contrôles qui donnent lieu à des abus. Des personnes en règle qui sont conduites aux Commissariats comme des voleurs, y passent des journées, avec parfois des tentatives d’extorsion d’argent.
Comment un pays qui vit en grande partie des Comoriens émigrés peut sombrer dans une telle extrémité ? Comme si nous étions indifférents aux mauvais traitements que nos compatriotes subissent dans les pays étrangers où ils vivent !
Le gouvernement cible l’informel, faisant semblant d’ignorer que la plupart des Comoriens vivent de débrouillardise. Que c’est le « mkarakara » qui porte l’économie du pays, qui permet aux gens de manger une fois par jour. Si la situation économique est désastreuse cela relève de cette gouvernance qui repose sur la corruption et le clientélisme. Comment les affaires peuvent-ils prospérer sans électricité ?
Réserver des métiers aux seuls nationaux est une fausse solution qui peut leurrer ceux qui vivent dans la précarité. Bien évidement on aimerait que des investisseurs étrangers s’intéressent à notre pays Comment investir dans un pays sans stabilité énergétique, sans télécommunications fiables, sans système sanitaire rassurant, sans main-d’œuvre hautement formée. Que fait le gouvernement pour cela ? N’est-ce pas un facteur positif si des petits investisseurs voire des personnes dynamiques et ambitieuses, nationaux comme étrangers peuvent lancer des micros et des petites entreprises ?
Par ailleurs empêcher des étrangers professionnels dans leur métier de travail va encore plomber les rares entreprises qui cherchent à maintenir la tête hors de l’eau.
Certes l’Etat doit faire respecter la loi tout en laissant l’informel grandir tout en aidant à la création d’entreprises formelles.
Au moment où indignés par les politiques racistes et anti immigrés qui ravagent les Occidentaux, deux phénomènes s’affrontent en Afrique : suivre l’exemple occidental et pourchasser les frères et sœurs des autres pays ou supprimer toutes les barrières entre les pays africains, faire en sorte qu’un africain se sente chez lui dans n’importe que l pays africains. Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Burkina Faso, Mali et Niger) donnent l’exemple.
Quelle va être la voie suivie par les petites îles Comores ?
07/09-/2025
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