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Du discours du président comorien à la 75ème AG de l’ONU

Un discours intégralement publié dans le journal de l’État comorien Alwatwani et que chacun peut examiner en toute tranquillité. Bien sûr la presse nationale du 25/09/2020 lui consacre ses unes. Pour Awatwan, « l’allocution (est) un appel à une plus grande solidarité entre les nations ». La Gazette des Comores titre « Covid-19 et la question de Mayotte au cœur du discours du président Azali ». Pour Alfajr par contre « Azali exprime sa satisfaction sur la gestion domestique de la covid-19 ». Pour ma part J’attendais un « discours formel sans consistance » avec un chapitre sur Maore maigrichon » (cf https://blogidriss.blogspot.com/2020/09/mayotte-et-la-75eme-ag-de-lonu.html).

L’examen quantitatif du discours donne les résultats approximatifs suivants : 10 % de salamalecs, 25 % pour la pandémie, 15 % sur Maore et le reste des généralités sur l’ONU, sur diverses questions relatives aux droits des pays et des citoyens.

Il fallait bien évidement s’appesantir sur la Covid-19, partager notre expérience dans la gestion nationale de la pandémie, saluer la solidarité internationale et remercier ceux qui nous ont soutenu. Mais il convenait aussi de penser à l’avenir, donc soulever les problèmes mondiaux surgis dans la gestion de la pandémie. Un "sauve-qui-peut" national .  L’OMS instrumentalisé, objet de manipulations politiciennes qui ont tendu à la décrédibiliser et à enlever toute boussole au monde sanitaire.

La Covid-19 est venu s’ajouter au dérèglement climatique pour éveiller la conscience des Terriens. La planète est une, elle se trouve menacer. Les grands de ce monde jouent avec nos destins. Leurs égoïsmes nationaux et de classe mettent en péril la vie sur terre.

Il était judicieux d’affirmer le soutien de principe à certaines causes, comme la palestinienne, comme la réforme du système des Nations Unies. Il n’est plus possible d’accepter que l’immense Afrique ne soit toujours pas représentée dans les membres permanents du Conseil de Sécurité. Il est inacceptable que les superpuissances agissent à leur guise quitte à piétiner les résolutions des AG de l’ONU.

Pour un Comorien, le chapitre sur Mayotte est absolument le principal. Et là la déception est totale. Elle était attendue mais elle illustre le degré avancé de la capitulation de fait du pouvoir Azali.

Après une affirmation molle, à destination « domestique », du principe de la comorianité de Mayotte reconnue par l’ONU, Azali souligne la parfaite entente entre lui et Macron illustré par les derniers accords de juillet 2019, (voir)  il miserait donc sur la bonne volonté des autorités françaises. En clair, la situation est parfaitement maîtrisée et une issue satisfaisante pour les deux parties se profile. 

Une platitude inimaginable pour ceux qui ont entendu les présidents français dont Macron affirmer haut et fort que Mayotte est française et qu’aucun autre pays ne pouvait le contester ; pour ceux qui voient le chantage français autour des expulsions, etc.

Comment un Comorien « digne de ce nom ... (participant à ce ) combat légitimé par cette auguste Assemblée » (in le discours d’Azali) pouvait intervenir à un AG de l’ONU sans sensibiliser l’opinion mondiale sur les dizaines de milliers de morts du visa Balladur ! N’était-ce pas le lieu pour faire pression sur la France pour un règlement provisoire de la question des déplacements inter îles de l’Archipel des Comores afin d’éviter l’hécatombe qui confine au génocide ?

La seule façon pour les Comores d’exercer une forte pression sur la France et amener cette dernière à la table des négociations sur la question de Mayotte, c’est l’ONU. Tant que la question était débattue aux AG de l’ONU et donnait lieu à des résolutions dénonçant la France, l’annexion de Mayotte était bloquée. La donneuse de leçons de démocratie et des droits humains ne pouvait pas prendre d’initiative. La dernière résolution date de 1994 et ce n’est pas pour rien que le visa Balladur fut imposé en 1995. D’où l’importance stratégique du retour à l’ordre du jour définitif des AG de l’ONU de la question de l’île comorienne de Mayotte. Et ce combat là est abandonné depuis belle lurette. La question est tombée dans l’oubliette des ordres du jour provisoires.

Il va donc de soi que tout Comorien « digne de ce nom » ne peut que considérer que le discours du président Azali à la 75° AG de l'ONU est indécent, qu’il ne représente pas notre pays mais au mieux les points de vue d'un groupe au pouvoir, un groupe capitulard, soumis aux intérêts de la France coloniale.

Idriss(25/09/2020) 

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