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La gent intellectuelle et la crise

Que la crise qui mine les Comores depuis des dizaines d'années s'étende et s'approfondisse, voilà une vérité triviale perçue par tout un chacun à des degrés divers. Il me semble qu'une réaction est entrain de prendre forme au sein de la partie la plus consciente (ou la plus attachée au pays ou la moins impliquée dans la corruption ambiante, …) de l'intelligentsia comorien. A l'inusable "Habari za udunga" de Magaza dans "la Gazette des Comores", aux nombreux articles de fonds de "l'Archipel" devenus une partie fondamentale du paysage médiatique comorien, des faits qui peuvent sembler anodins mais qui témoignent d'une lame de fond qui traverse le pays méritent de retenir l'attention.
En premier lieu l'important article d'Ahmed Ali Amir "Quand la politique tue l'économie" (dans "la gazette des Comores ", édition du ______). Le journaliste démonte avec pertinence certains des mécanismes, à la fois cause et conséquence de la crise, dans les pratiques des politiciens comoriens qui se succèdent aux affaires.
Puis l'article choc "Le temps des prédateurs" d'Allaoui Said Abasse, paru dans "l'Archipel", édition du 03/08/07. L'ancien Directeur Général de MAMWE, haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères dénonce les successeurs des "dino" et stigmatise avec force les pratiques de ces vieux-nouveaux venus dans la politique qui obnubilés par l'enrichissement facile, navigant à vue d'une rive à l'autre, défendant une cause et son contraire, dépourvus de tout sentiment national voire humaniste, se comportent en vrais prédateurs de la société comorienne.
Enfin la nouvelle œuvre de l'écrivain SAST : les berceuses assassines, un recueil de nouvelles qui éclaire nombre des pratiques les plus laids, les plus avilissants qui sapent les fondements de la société comorienne, un recueil qui manifestement vaut le détour.
Même la Télévision Nationale des Comores s'en est mêlée en consacrant une émission de BANGWE (animée par Ali Moindjié) sur la place et le rôle des partis politiques. On y stigmatisa à la fois les pratiques des partis politiques et les candidatures sans parti aux diverses élections.
Pour un vieux militant politique comme moi, la question qui surgit alors : les "îles de la lune" seraient-elles entrain de couver quelque chose ? Des intellectuels comoriens seraient-ils entrain de mesurer le poids de leurs lourdes responsabilités face à la situation catastrophique que traverse notre pays ?
Jusqu'ici la plupart des intellectuels se préoccupaient de leur destin individuel, et se battaient pour plonger dans le marais de l'opportunisme. C'est à qui gagnera le maximum d'argent dans les délais les plus courts. L'élan patriotique et révolutionnaire des années 70 du XX° siècle qui régnait dans les milieux estudiantins comoriens semblent appartenir à un passé fort lointain.
La question est donc : assisterions-nous au redressement espéré de la situation, à l'émergence des nouveaux intellectuels qui porteront encore plus haut le drapeau de l'indépendance, de l'unité nationale et du progrès économique et social ?Le sursaut nécessaire des forces de progrès comoriens viendra-t-il enfin pour créer et nourrir l'espoir ?
L'espoir collectif, concept magique, nécessairement à la base de tout combat progressiste. L'espoir dont on voudrait priver les forces populaires comoriennes.
Car force est de constater que ces derniers temps, tout semble aller dans le sens de faire perdre espoir aux comoriens. Ceux d'en bas considèrent, non sans raisons, qu'il n'y a rien à faire, tous ces politiciens sont des voleurs, une fois parvenus au pouvoir ils ne pensent qu'à leurs poches. Tandis que ceux d'en haut ne pensent qu'à s'enrichir, à préserver leurs privilèges. Pour cela ils misent non sur la nation mais sur des particularismes insulaires, régionaux voire locaux et/ou se vendent à des puissances étrangères qui ont des positions ou des visées sur notre pays.
Notre vœu est que ces signaux deviennent une lumière éclairant la voie d'un redressement vigoureux du pays.
Il ne faut pas oublier que l'Histoire du pays est nourricière d'espoir pour ceux et celles qui en ont besoin. Après l'échec des Masimu, Mtsala et autres Patiara, certains avaient cru que le colonialisme l'avait emporté à jamais. Eh bien non, le MOLINACO a surgi au bout des quelques dizaines d'années d'obscurantisme colonial, l'indépendance fut au bout du compte. Les fruits de l'indépendance usurpés, le pays sombra dans le mercenariat, MOLINACO et PASOCO disparurent, moins de dix ans s'écoulèrent pour voir émerger une force patriotique autrement plus puissante : le FD. Le temps des prédateurs venus, le FD titube: va-t-il connaître le même sort que le PASOCO ou parviendra-t-il à se sauver des eaux boueuses qui éclaboussent tant de monde ? En tout état de cause, les échecs des forces de progrès ne durent pas trop longtemps. Les ressources insoupçonnées du pays ont toujours fécondées des nouvelles.
Aux nouveaux intellectuels patriotes, il faut garder espoir et créer le nouveau militantisme pour préserver l'intégrité territoriale du pays, imposer des relations d'Etat à Etat à la France et ouvrir la voie au progrès économique et social.
Idriss 09/08/07

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